Ramener la paix, rendre justice, construire des infrastructures… Le président congolais a déroulé son programme de changement devant des Congolais de l’extérieur qui le voient déjà briguer un second mandat.
L’opération séduction se poursuit pour Félix Tshisekedi auprès de sa diaspora en Europe. Après Bruxelles en septembre, le nouveau président congolais est à Paris. En marge du Forum pour la Paix, organisé dans la capitale par Emmanuel Macron, Félix Tshisekedi a souhaité rencontrer les Congolais de France. Le meeting se tenait aux docks d’Aubervilliers, où quelques « combattants » qui dénonçaient l’alliance contre-nature du président congolais avec Joseph Kabila, ont été tenus à distance par la police. A l’intérieur d’une salle chauffée à blanc, c’est aux cris de « Fatshi Béton », en référence aux grands travaux promis par le président congolais, que plusieurs milliers de Congolais étaient venus soutenir leur poulain.
« Rentrez ! »
Le chef de l’Etat a martelé une nouvelle fois son unique message à destination de la diaspora en Europe : « rentrez au pays ! ». Félix Tshisekedi compte en effet sur les Congolais de l’extérieur pour « redresser le pays ». « Je serai à l’aise si vous rentrez dans votre pays pour le relever » a confié le président. Son discours sur le nécessaire retour à la paix a été particulièrement applaudi : « Je ne m’arrêterai jamais tant que la paix ne sera pas revenu dans l’ensemble du pays ». Le président a salué « notre vaillante armée » qui a lancé « une grande offensive pour reconquérir les territoires occupés par les ennemis qui en veulent à nos minerais ». Là encore, la foule a exulté.
Un tribunal pour les crimes commis au Congo
Alors que de nombreux Congolais avaient reproché à Félix Tshisekedi sa volonté de ne pas « fouiner dans le passé » pour punir les crimes commis au Congo avant sa prise de fonction, le président s’est montré plus offensif à Paris. « Pour ceux qui veulent que justice soit faite… oui, justice doit être faite, mais pas n’importe comment » ajoute Tshisekedi avant d’y mettre un bémol : « Si je me lance dans une telle entreprise, est-ce que je pourrai encore servir le Congo et les Congolais ? Je ne crois pas. C’est pourquoi je vais renforcer les pouvoirs de la justice (…) dans le présent, comme dans le passé ! ». Et sur la lourde thématique de l’impunité, Félix Tshisekedi a fait un pas supplémentaire vers la création « un jour, d’un tribunal pénal pour les crimes commis au Congo »… toute la nuance semblé résidé dans le « un jour ».
Infrastructures, gratuité de l’enseignement
Le président a ensuite endossé le costume de « Fatshi Béton », le « bâtisseur », en rappelant son programme des 100 jours sur la construction de nouvelles infrastructures. Le président a annoncé la signature prochaine de la construction du port en eaux profondes de Banana. Idem pour la construction du pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville… même si le texte de l’accord est encore à l’étude. Le président a reconnu des difficultés dans la mise en place de la gratuité de l’enseignement à cause « des maigres moyens que nous avons », mais le cap sera maintenu.
« Pas de trahison »
Sur le plan politique, Félix Tshisekedi s’est une nouvelle fois justifié de son alliance avec Joseph Kabila, encore contestée au sein de sa propre formation. « Il n’y a pas eu de triche » aux élections et « pas de trahison » en s’alliant avec le FCC de l’ex-président Kabila qui est arrivé en tête des législatives. « Nous avons même très bien réussi » a expliqué Félix Tshisekedi. « CACH représente seulement 10% des députés alors que nous avons 35% des ministres au gouvernement ».
Trop de voyages présidentiels ?
Le président s’est enfin exprimé sur la polémique de ses voyages à répétition aux quatre coins de la planète. « Ces voyages ne sont pas des vacances » a rétorqué Félix Tshisekedi. « Avec mes collaborateurs, je cherche des investisseurs, je les rassure pour qu’ils créent des emplois au Congo. Nous avons déjà ramené plus d’1,5 milliard grâce à ces voyages qui n’ont même pas coûté 50 millions de dollars ». Une manière d’avouer que le nouveau président est encore à la recherche de financements et de légitimité à l’étranger.
Deuxième mandat ?
Pour clôturer son message à la diaspora, Félix Tshisekedi a promis « un Congo qui doit changer (…) un Congo nouveau ! ». Un message bien reçu par ses soutiens venus l’applaudir à Paris. « On a confiance en lui » nous confie dans la salle un Congolais de diaspora. « Mais il y a encore beaucoup à faire et il lui faudra beaucoup d’argent et de temps pour vraiment changer le Congo ». Et une petite musique s’en même installée au début du meeting : celle de la nécessité d’un deuxième mandat de Félix Tshisekedi pour justement avoir le temps de réformer et reconstruire le pays. « Second mandat ! » a scandé plusieurs fois la foule. Mais pour l’élire une nouvelle fois, tempère une congolaise installée au premier rang, il faudrait encore que la diaspora puisse avoir le droit de vote… une promesse du candidat Tshisekedi que les Congolais de l’extérieur attendent encore.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
MERCI DE VOUS OCCUPER DE MON PAYS ET DE NOUS INFORMER EN TOUTE LIOBERTE.
La diaspora congolaise en Occident soutient totalement le Président Fatshi, il est parmi les siens pour y avoir vécu pendant plus d’ une trentaine d’année (Belgique). De plus, c’est un vrai fils du pays, un autochtone, le peuple se reconnait dans lui.. A contrario, l’ancien Président « Joseph Kabila » évitait tout contact direct avec la population et fuyait la diaspora congolaise. Il faut dire que nous, les membres de la diaspora congolaise en Europe et en Amérique du Nord avions envie de vomir chaque fois que nous voyions la photo de l’ancien Président, l’imposteur « Joseph Kabila Kananbe » affichée sur le mur de nos ambassades à Paris, Londres, Bruxelles, Ottawa, Washington….Il faut vivre loin de son pays pour comprendre ce sentiment. C’est vrai aussi qu’il y a une frange importante de la diaspora qui ne supporte pas les actions du Président Fashi, notamment à cause de son deal secret avec » Joseph Kabila' » Ces gens ne comprennent pas l’omniprésence et le poids considérable de l’ancien Président et surtout l’influence négative du FCC et des politiciens rwando-burundo congolais dans la conduite des affaires de l’Etat. Ils souhaitent que le Président Fatshi dirige vraiment, qu’il fasse une rupture avec l’ancien régime Force est de constater qu’ après avoir ruiné le RDC, la famille de l’imposteur ‘Joseph Kabila » prend plaisir à narguer le peuple congolais.
TSHISEKEDI à Paris ! Est-ce la meute chaleureuse qui l’accueille ici et ailleurs au contraire des ‘Bandoki’ qu’il a dénichés suffira-t-elle à écarter le frein réel que représente sa coalition dont il minimise ici stratégiquement l’impact ? Osons espérer qu’il s’en est autrement donné les moyens pour le réussir !!!
Puis-je non pas tant commenter l’article ci-dessus mais au-delà donner mon avis sur l’adresse de Tshisekedi à la diaspora : vu du pays et de ses choix celle-ci a paru centrale dans sa visite en France.
Après la Belgique, notre Président Voyageur ne pouvait s’empêcher une visite dans l’autre pays d’Europe qui compte beaucoup pour le Congo, la France. On sait que bien avant sa visite en Belgique, il y’avait discussion, commencer par la France ou la Belgique ? Une écoute de l’histoire et une certaine continuité diplomatique ont prévalu : d’abord la Belgique et après avoir différé son arrivée question agenda, une occasion a été toute trouvée pour venir en France. Une invitation d’honneur par Macron à son Forum pour la Paix pendant lequel les deux présidents auront des têtes-à-têtes importants !
La France et la Belgique sont les deux pays d’Europe les plus proches du Congo, disais-je, historiquement, culturellement, diplomatiquement et commercialement et ce sont deux pays où l’on compte encore une nombreuse diaspora. « Félix » l’a rencontrée spécialement et officiellement à Aubervilliers à côté de Paris dans une salle comble avec une assistance toute acquise à sa cause, un peu plus qu’il n’en faut pour un PR mais plutôt pour un Chef de file partisan. C’est pour moi la première remarque négative même si elle reflète une réalité incontournable : comme partout un PR a aussi une origine et une base, juste à ne pas trop s’en servir pour qu’il n’en devienne pas un gourou, une ‘autorité morale’ comme on l’accepte bêtement chez-nous…
Mes autres remarques tiennent au contenu même de son discours, de sa véritable signification et de ses conséquences !
1° Sur la veine du premier constat d’un public très partisan, j’ai été heurté par des allusions dénégatoires du Président de ses adversaires politiques alors qu’en même temps il voulait se targuer d’être le Chef de tous les Congolais. Plus d’une fois il a attaqué quasi gratuitement ses adversaires politiques comme leur reprochant de lui en vouloir passionnellement voire tribalement. « Bandoki », c’est beaucoup trop pour des adversaires ou rivaux politiques ! Dans tous les cas, qu’importe la relativité ou la justesse de ses raisons, un tel discours risque de finir par diviser plutôt que rassembler, le contraire de l’unité indispensable qu’il nous promeut. Dommage ! Il est temps qu’il en prenne conscience surtout que son auditoire plus UDPS que Congo renforce désavantageusement cette réalité…
2° J’en profite pour m’interroger à côté : quid spécifiquement des contestataires de Tshisekedi qui n’ont pas manqué de manifester leur désapprobation dans la rue et ailleurs ? D’emblée, le moins qu’on puisse dire est qu’on approuve ou pas leurs méthodes et leur diagnostic, c’est d’abord leur droit de contester la ligne suivie par Tshisekedi et les conditions de son avènement au pouvoir, fût-il aujourd’hui le président de fait de notre pays. Ainsi si l’on a aujourd’hui moins de raisons – sauf miracle d’un soulèvement populaire inédit contre – de renier catégoriquement un PR reconnu dedans et dehors, les pro-Tshisekedi n’ont pas plus le droit que d’autres d’imposer à tous les Congolais leur ligne de conduite. Les anti-Tshisekedi ont donc le droit de s’exprimer dans la limite du respect de l’ordre comme le PR en place a le devoir de leur prouver sa légitimité par une gestion bénéfique à tout le pays : voilà sa mission, les querelles des clochers s’apaiseront si elle est remplie…
3° « Justice doit être faite, mais pas n’importe comment (…). Je pense que nous instaurerons un jour un tribunal pour les crimes commis au Congo. Et ce tribunal sera institué au Congo. » a dit Tshisekedi. Personnellement je crois que la justice et l’impunité au Congo nécessitent d’abord de trôner en principe imparable et de représenter une volonté politique intransigeante plutôt que de les conditionner à des précautions structurelles. Ces dernières, importantes soient-elles ne seront encouragées que les premiers sinon gare au Tribunal au Congo pour les crimes commis au Congo qui vite participera du chapeler de bonnes intentions…
4° « Nos voyages ont déjà ramené plus d’un milliard de dollars au Congo », dixit Tshisekedi. Je ne chercherai même pas à le vérifier tant c’est là une défense pro-domo manifeste, les comptes sont vite faits. Il est une évidence que ses voyages sont plus nombreux qu’il n’en faut et beaucoup trop coûteux. Plus généralement on a la regrettable impression que Tshisekedi minimise sa gestion dispendieuse en hôtels, avions, suites et cabinet pléthoriques qu’il gratifie des voitures coûteuses (là où un Kagame supprime les véhicules de fonction pour une gestion plus rigoureuse du budget de son pays). Un respect des prévisions budgétaires aujourd’hui explosées reste incontournable…
5° Un point autrement plus problématique : c’est cette indifférence stratégique des accrocs à sa coalition avec ‘JK’ et son FCC. Tant mieux pour lui même si ça lui permet de passer un cap mais sa base et la majorité des Congolais qui la désavouent ne parlent pas en l’air. En sortira-t-il à terme un libre exercice de sa fonction pour un Président en plus qui entend apporter un changement de gouvernance ? Pas de crise, nous dit notre Président, on veut le croire mais désolé, la réalité devant nous est autre, les désaccords de la base et de la population ont la chance de bousculer utilement un de ces jours le haut qui ne veut l’accepter stratégiquement. Pas avec une guerre politicienne socialement meurtrière qui déstabiliserait le pays, espérons-le.
6° Personnellement je ne trouve pas nécessaire de m’étaler sur les mérites de son adresse et de sa visite car au final si l’assurance dont Tshisekedi a fait particulièrement montre sied à un Président, nous ne pouvons d’abord que lui souhaiter qu’elle la transmette dans ses réalisations effectives. Ses nombreuses et ambitieuses promesses ainsi que les débuts de leurs réalisations qu’il vante de bonne guerre sont les bienvenues mais le vrai succès de son mandat ne sera accompli que dans le temps. Quel est le pourcentage de celles qui à mi-mandat et mieux à fin-mandat sera effectivement comptabilisé ? Si notre PR nécessite d’avoir à ses côtés quelques thuriféraires inconditionnels il aura besoin de plus d’esprits critiques qui lui font remarquer certains manques car personne n’ignore la difficulté de la tâche qui nécessite bien des précautions. il ne serait donc pas suspect d’affirmer d’ores et déjà au vu de ce qu’on le voit faire jusqu’ici que Tshisekedi se devrait d’abattre plus de travail pour ses dossiers, faire preuve davantage d’intelligence et d’audace pour réaliser ses bons vœux de changement : au-delà des dispositifs qui lui permettraient de s’émanciper de son encombrant partenaire, il n’a pas d’autre choix que de se montrer plus diligent pour de nombreuses réformes dont le pays a besoin. Et osons espérer que la France qu’il visite aujourd’hui et toute la CI lui apporteront l’aide nécessaire à la gestion de ce cher, vaste et compliqué pays dans le respect de sa souveraineté loin de l’isolement irréaliste qui a été le nôtre depuis quelques années. Voilà !