Le célèbre médecin congolais vient de faire un pas supplémentaire vers un possible un engagement politique. A Paris, Denis Mukwege s’est déclaré disponible pour diriger une nouvelle transition. Un parcours qui sera semé d’embûches.
Denis Mukwege coche toutes les cases : issu de la société civile, intègre, multi récompensé pour son action en faveur des droits de l’homme, reconnu internationalement, jamais de compromis avec le pouvoir… le gynécologue qui « répare les femmes » violées au Congo se positionne désormais en recours possible en cas de nouvelle transition politique en République démocratique du Congo (RDC). A l’offensive dans les médias et face à la diaspora congolaise à Paris début septembre, Denis Mukwege s’est déclaré « disponible » pour servir son pays, plongé en pleine crise politique. Habilement, le médecin de l’hôpital de Panzi a bien pris soin de préciser qu’il « n’était pas un politicien » mais qu’il pouvait être « un homme d’Etat » pour ne pas froisser les caciques de l’opposition, tous dans les starking blocks de la présidentielle. Mais pour le prix Sakharov 2014 des droits de l’homme, il y a une condition indispensable à toute nouvelle transition : le départ de l’actuel chef de l’Etat. « J’appelle à ce que le peuple congolais se mobilise pour obliger ceux qui confisquent le pouvoir d’organiser des élections » a dénoncé Denis Mukwege. Joseph Kabila est en effet arrivé fin mandat en décembre 2016 et a négocié une première transition jusqu’à l’organisation d’élections fixées fin 2017. Mais depuis plusieurs mois la Commission électorale (CENI) a déjà prévenu que le scrutin ne pourrait pas se tenir dans les délais, ouvrant la voie à une période d’incertitude en RDC.
Eviter les pièges
Dans ce contexte de crise politique aiguë, l’hypothèse d’une nouvelle transition est donc de plus en plus d’actualité. Si le docteur Mukwege possède toutes les qualités pour assurer cette mission, la route est parsemée d’embûches et son aura internationale n’y suffira sans doute pas. Il faudra tout d’abord obtenir le soutien de l’opposition congolaise. Une opposition fractionnée, divisée et qui se décompose à chaque débauchage par le pouvoir. Si l’hypothèse Mukwege commence à faire son chemin, l’arrivée du médecin dans l’arène politique n’avait pas suscité l’enthousiasme des politiciens congolais, craignant l’arrivée d’un possible concurrent pour la future présidentielle. Mais depuis la dernière sortie médiatique du gynécologue de Panzi, certains opposants ont affiché clairement leur soutien à Denis Mukwege. Martin Fayulu (Ecidé) et candidat à la Présidence de la République, a récemment déclaré au site Actualité.cd en parlant du célèbre docteur : « quand vous avez Messi dans votre équipe, vous ne le mettez pas sur le banc. J’ai été le premier à le proposer à la présidence pour une éventuelle transition. »
Mais le plus difficile pour le médecin, avant d’arriver à la tête d’une future transition, sera bien évidemment de réussir à faire partir le président Joseph Kabila. L’actuel chef de l’Etat semble en effet bien décidé à rester vissé sur son fauteuil. Après avoir négocié une première rallonge d’une année, faute d’avoir pu organiser les élections dans les temps, le président cherche un nouveau compromis pour prolonger son dernier mandat. Un troisième dialogue avec la frange de l’opposition qui a rejoint le gouvernement est actuellement à l’étude. D’autres artifices pour maintenir Joseph Kabila au pouvoir sont également sur le feu : un projet de référendum pour permettre au président de se représenter et la mise en place du vote électronique qui retarderait de nouveau le processus électoral.
Résister aux intimidations
Il sera donc hautement compliqué pour le docteur Mukwege de se frayer un chemin entre faux amis de l’opposition et vrais ennemis de la majorité. D’autant que le célèbre médecin côtoient désormais les grands de ce monde et s’est attiré les bonnes grâces de la communauté internationale. A Paris, Denis Mukwege a pu rencontrer le président Emmanuel Macron, le très influent Jacques Attali, la maire de Paris ou la patronne de l’Organisation internationale de la Francophonie, Michaëlle Jean. Enfin, si le docteur Mukwege décide de s’engager en politique, il devra affronter la forte répression qui s’abat sur les opposants au président Kabila. Poursuites, judiciaires, intimidations, arrestations arbitraires… L’ancien gouverneur et candidat à la présidentielle Moïse Katumbi, harcelé par la justice, est actuellement en exil en Europe depuis plusieurs mois au risque de se retrouver en prison dès sa descente d’avion. L’autre leader de l’opposition, Félix Tshisekedi n’a pas pu tenir de meeting à son arrivée à Kinshasa et a été raccompagné manu militait par la police à son domicile.
Denis Mukwege sera-t-il résister aux pressions du pouvoir qui ne tarderont pas à s’exercer ? A n’en pas douter, oui ! Il l’a déjà prouvé par le passé. En 2012, Denis Mukwege a échappé à une tentative d’assassinat et craint depuis pour sa sécurité. Il est d’ailleurs protégé par les casques bleus de la Monusco, mais n’a jamais laisser tomber, ni son hôpital, ni son combat pour les droits de l’homme. Et à entendre son discours déterminé devant la diaspora à Paris, le docteur Mukwege semble prêt à se lancer dans la bataille politique… car même s’il se défend d’être un politicien, c’est bien dans ce registre qu’il devra désormais se battre.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Tous derrière notre Denis MUKWEGE
Oui! C’est bien mais qu’il vienne aussi nous convaincre nous, les congolais de la Rdc c’est à dire de Kinshasa et à l’intérieur du pays comme il a fait avec la diaspora
Plus qu’un autre ce Dr. peut séduire les Kongolais-Zairois en perte de réfèrence dans sa société politique. Certes que ce médecin incarne cetaines valeurs, qui manque à la société. Trop peu, à cet intant de l’histoire de notre pays ne peut suicitér l’espoir dans les esprits de peuples du Kongo-Zaire comme le Dr. Mukwege mais, il faut encore qu’il tienne fort face aux adversaires de tout bord. Y parvenir, c’est se construire un « entourage », de femmes et hommes, de préférence nouveaux!