Depuis la nuit de dimanche à lundi, les rebelles sont entrés dans la capitale du Nord-Kivu sans en prendre le total contrôle. Les raisons de cet échec de l’armée congolaise et des forces régionales et internationales sont multiples et laissent une longueur d’avance au M23 et au Rwanda dans les négociations futures.

Comment en est-on arrivé là ? Depuis plusieurs mois, la ville de Goma était encerclée au Nord et à l’Ouest par les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda. Finalement, les prises de villes et Minova et Sake ont fini par valider l’idée que la chute de la capitale du Nord-Kivu était bien un objectif de la rébellion. Pourtant, il y a encore une année, les communiqués du M23 laissaient entendre que la prise de la ville ne faisait pas partie de son plan. Mais à mesure que le M23 progressait sans grande résistance de l’armée congolaise, la rébellion a visiblement revu à la hausse ses objectifs militaires et politiques, et les raisons d’une telle percée militaire jusqu’à la capitale provinciale sont nombreuses.
Les raisons d’un échec
Militairement, il y a d’abord les défaillances structurelles et endémiques des Forces armées de République démocratique du Congo (RDC), connues depuis des décennies : problèmes de formation, de commandement, de stratégie, de corruption et de clochardisation des troupes. Il y a ensuite le soutien robuste de l’armée rwandaise en hommes, en munitions, en logistiques et en armes sophistiquées. 3.000 à 4.000 soldats rwandais se trouveraient sur le sol congolais, selon l’ONU. Il y également l’apathie généralisée de la communauté internationale : occidentaux, ONU, pays africains. Enfin, il y a l’échec des deux processus de paix en cours, à Nairobi et Luanda, qui ont laissé logiquement la place aux armes.
Situation militaire encore confuse
A Goma, la situation n’est pas encore stabilisée et encore très confuse. Les rebelles du M23 sont bien entrés en ville, mais ils ne la contrôlent pas. Les FARDC et les milices Wazalendo sont également présentes, même si certains soldats ont décidé de déposer les armes à la Monusco ou de traverser la frontière, vers le Rwanda voisin. L’armée congolaise a également repris le contrôle de la radio-télévision nationale (RTNC). L’électricité et l’eau ont été coupées dans certains quartiers. La population redoute un black-out dans les prochaines heures. Des milliers de déplacés se sont réfugiés dans les multiples camps installés dans les faubourgs de Goma. Ils seraient désormais un million, vivants dans des conditions humanitaires et sécuritaires catastrophiques.
Un coût diplomatique limité pour le M23 et le Rwanda
Si le M23 finit par contrôler la ville, il lui sera difficile de la tenir sans se désengager de ses autres positions. La rébellion, du Nord au Sud de la province, n’a jamais tenu un territoire aussi vaste. En 2012, c’est la pression internationale et la création d’une brigade d’intervention de l’ONU qui avaient réussi à défaire ce même M23, qui s’était emparé de Goma une petite dizaine de jours. Aujourd’hui, l’administration américaine Biden, très en pointe pour condamner le Rwanda, a changé de main. Paul Kagame et le M23 font le pari que Donald Trump sera moins à cheval sur l’intégrité territoriale du Congo et laissera faire. Plus rien ne semble donc vouloir arrêter le rouleau compresseur de la rébellion qui pourrait étendre son emprise vers Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, après la chute de Minova.
Un retournement d’alliance de certains groupes armés
Dans le Nord, en Ituri, on s’inquiète d’une possible poussée rebelle vers le Butembo, Beni, Bunia… D’autres groupes armés, comme le groupe Zaïre ont déjà fait allégeance au M23. A Kinshasa, une source sécuritaire s’inquiète d’un possible retournement d’alliance de certaines milices Wazalendo, qui, sentant le vent tourner, pourraient se rallier au M23. La mort sur le front du gouverneur militaire Peter Cirimwami est également un coup dur pour l’armée congolaise. D’autant que ce haut gradé était le principal intermédiaire entre les FARDC et les groupes armés Wazalendo et FDLR. Sa mort pourrait affaiblir la coordination entre les FARDC et ses supplétifs.
Permettre à Kinshasa de sortir la tête haute
Le seul espoir réside dans les différentes initiatives diplomatiques en cours. Les Européens et l’ONU s’activent pour relancer les processus de Luanda et de Nairobi. Un sommet de l’East African Community (EAC) est convoqué par le président kényan. William Ruto promet une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Outre la méfiance de Kinshasa envers l’EAC, il semble que cette initiative soit trop précoce pour Félix Tshisekedi, alors que les rebelles sont entrés à Goma. Il paraît difficile de rencontrer Paul Kagame dans ce contexte très défavorable. Seul le processus de Luanda permettrait à Kinshasa de sortir la tête haute. Enfin, la relance du processus de Nairobi permettrait de remettre le M23 dans la boucle. Car signer un accord avec Kagame ne veut pas dire que le M23 suivra. Mais pour l’instant, toutes ces initiatives sont dans l’impasse.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Le M23 bradi ici et don allié Rwanda sont les fruits de la traitrise des grandes puissances qui tiennent coûte que coûte à la balkanisation du pays.
Ces minerais de sang bien connus par ces grandes puissances sont bel et bien exportés par le Rwanda sachant bien que ce petit pays ne dispose pas de ces ressources.
La communauté internationale nous distrait.
La RDC pour la légitime défense doit aller en guerre contre le Rwanda et là on verra les vrais commanditaires.
Le profil psychologique de Kagame est connu. Il est convaincu que la force est le moyen le plus efficace pour résoudre les conflits.
Son parcours, sa formation, son mode de gouvernance – témoigne d’une constante : il ne croit ni au dialogue ni au respect des engagements signés.
Dans cette logique, il semble que Kagame se trouvait dans une impasse avec l’accord récent sur le cessez-le-feu.
Selon moi, il y a deux hypothèses, selon ce que j analyse de la politique de Kagame.
La première hypothèse est qu il souhaite reproduire le schéma initié avec Kabila. Ce schéma consiste à intégrer ses hommes dans les forces armées, les services de sécurité et de défense, ainsi que dans l’appareil administratif congolais.
L’objectif ici est de contrôler indirectement la politique intérieure de la RDC par le biais de réseaux implantés dans les structures politico-administratives et sécuritaires. C est le « leading from behind d Obama ».
Cette politique lui permettrait de maintenir une mainmise stratégique sur le pays sans une intervention militaire ouverte, en s’assurant que ses intérêts restent protégés.
La deuxième hypothèse, au cas où la première n aboutit pas, reste selon moi une stratégie d’annexion de certaines parties du territoire congolais. Cette stratégie, comme l a souligné le president dans son discours sur l Etat de la nation, s’inscrit dans une logique de nettoyage ethnique des populations locales, suivie d’un repeuplement par des populations rwandophones.
Elargir l’influence territoriale du Rwanda, renforcer sa position régionale et redéfinir les frontières au détriment de la RDC.
Face à ces deux hypothèses, il est donc clair que Kagame ne peut se permettre un retrait de ses troupes ni un désengagement réel. Il considère la RDC comme un enjeu stratégique où il a trop investi pour reculer sans perdre la face.
Sur le terrain politique, il n y a rien qui a véritablement changé.
Cependant on peut s interroger sur le calendrier d intensification de la campagne militaire de la coalition AFC/M23/Rwanda en violation de l accord de cessez-le-feu.
Le Rwanda veut exercer une pression maximale sur le régime de Felix afin de le contraindre à négocier avec le M23 cad avec lui et aux conditions de Kagame.
Ce dernier a été trop loin pour reculer. Il a trop investi et pire, il a construit tout un système de gouvernance depuis 30 ans sur les défaillances congolaises.
S il perd son duel contre Felix, tout son système menace de s écrouler comme un château de carte.
A mon sens, Kagame comprend bien que le Rwanda est incapable de soutenir une guerre d usure. C est énormément de moyen qu il déploie. Tant humain que financier.
C est pourquoi lorsque l on observe le mouvement de leurs troupes, ces derniers mois, leurs objectifs visent essentiellement à s accaparer des zones minières pour financer leurs campagnes.
Dans le cas d un prolongement du conflit, la Rdc, selon moi à l avantage du nombre et de l espace.
Kagame veut rapidement en finir en portant un coup décisif.
Son rêve est que Félix plie le genoux et négocie comme il y a 15 ans, on l a fait avec le CNDP, ou il y a 20 ans avec le RCD.
Il était manifeste que Kagame souffrait d un progessif isolement diplomatique. Bien que l UA n ait pas été au niveau depuis le début de ce conflit, il n y avait plus guerre de monde pour défendre les thèses du Rwanda.
On comprend donc bien que c est une tentative désespérée de contourner les critiques régionales en diversifiant ses appuis diplomatiques.
Il a encore p-e qques alliés qui le soutiennent timidement mais ce geste va renforcer l hostilité des États de la région car non seulement il remet en question l’existence des mécanismes africains déjà en place mais surtout il conteste la capacité des Africains à s occuper de leurs propres problèmes.
Après avoir humilié, il y a qques semaines Lourenco, il continue de saboter les processus en cours en cherchant à redéfinir les termes du dialogue.
Par ailleurs, il n’est pas anodin que Kagame sollicite Erdogan comme médiateur, compte tenu du parallèle entre les comportements des deux dirigeants dans leurs régions respectives.
Erdogan est un allié idéologique ou stratégique pour Kagame. Les deux partagent une posture similaire face aux critiques internationales.
Erdogan, aussi est accusé de porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un pays voisin sous prétexte de « sécurité nationale », notamment dans le nord de la Syrie sous couvert de lutter contre les groupes kurdes qu’il considère comme terroristes.
Kagame envoit aussi un message à l’Occident, en particulier aux États-Unis car Erdogan a souvent défié l’Occident dans sa politique étrangère et est un partenaire capable de résister à ces pressions internationales.
Il est clair, dans ces conditions, qu il veut diversifier ses alliances et éviter un isolement diplomatique en travaillant à légitimer et à normaliser son comportement qui, bien que contesté par la communauté internationale est pratiqué par un pays membre de l’OTAN au vu et au su de tous.
Kagame ne cherche pas la paix dans l honneur. Son objectif est p-e la paix mais cela passe par la soumission de la Rdc.
S agissant de la réunion des chefs d Etat de l EAC, le président congolais a flairé le piège de cette coalition qui ont sans doute un accord dans l accord avec le Rwanda.
Pour ma part je n y avais jamais vraiment cru. Mais là c est flagrant : Le panafricanisme est une chimère et un mensonge.
Au fond, Felix a compris qu un dialogue aboutissant à un accord avec le M23 signifie tout simplement la fin de sa présidence.
Ce sera la co-gestion avec le Rwanda, il ne pourra plus bouger ni gouverner le pays.
A mon sens, la Rdc doit oublier la diplomatie de la pleurniche. La solution n est que militaire.
Les États ne réagissent pas en fonction du droit international, mais en raison du poids géopolitiques ou géostrategiques des États mêlés à un conflit. Le conflit Israelo-palestinien nous l enseigne très bien.
Kagame nous a attaqué en connaissant parfaitement les risques de sanction.
Mais il a qd même fait. Il est de ce fait évident, qu aucun Etat ne veut se brouiller avec le Rwanda, pour les beaux yeux du président.
Tous ces États sont bien conscient de la responsabilité du Rwanda dans la déstabilisation de la Rdc, mais le Rwanda exerce une telle influence en Afrique que personne n’ose lever un sourcil contre Kagame.
En tout cas, il a dû informer ses maîtres et alliés.
P-e que certains ont du timidement s y opposer, mais le fait est qu il sait que l enjeu est trop important pour lui pour que les effets d hypothétique sanctions ne l aient fait reculer.
Pour le reste que l on oublie pas le rôle fantomatique de l Union africaine et de tous les hypocrites africains appelant au panafricanisme, à la souveraineté des nations qd ce sont les français ou des occidentaux mais rien qd ce sont des Africains qui le font sur d autres africains.
J en viens pour ma part à considérer que l option de la négociation n est plus à l ordre du jour pour l envahisseur. En tout cas pas avec Felix Tshisekedi.
Il y a qques semaines le président rwandais a affirmé devant la communauté diplomatique que Félix Tshisekedi n avait été élu ni la première fois ni la seconde.
C est inédit et cela s est passé sans qu on s y arrête véritablement.
Cependant avec du recul ce furent des paroles lourdes de sens surtout au vu du développement de la situation et du raid massif sur Goma.
Y a t il une stratégie de changement de régime qui se prépare ? Sur le modèle du précédent Laurent Désiré Kabila. Cad on dépose l actuel président et on négocie avec le suivant pour revenir à un accord qui se rapproche du format 1+4 de Sun City.
Kagame a identifié Felix comme un danger pour son système. Il sait bien qu il est peu probable que Felix accepte et encore moins qu il respecte à terme un quelconque accord avec lui.
Kagame veut s en débarrasser et imposer une nouvelle médiation avec de nouveaux dirigeants.
Il est d ailleurs clair que les velléités de changement de la Constitution du régime congolais soient repoussées au calendes grecques.
La Constitution interdit sa révision pdt l Etat de siège.
Or Goma est assiegée. Elle ne l était pas précédemment, mais là après la mort de son gouverneur militaire et la prise de contrôle de la ville par l ennemi, il serait incompréhensible de levée cette mesure.
P-e que pour Kagame, cet aspect aussi a été intégré dans sa stratégie…