Onze personnes sommairement exécutées le 13 octobre pour venger la mort de deux agents de l’Unité de protection des institutions.
Les ONG de défense des droits de l’Homme et les observateurs du Tribunal Russel pour le Burundi ont documenté le massacre de nombreux civils le 13 octobre dans le quartier Ngagara de Bujumbura. Le carnage a été commis par la police en représailles d’une attaque d’agents de l’API.
Rapporteur du Tribunal Russel pour le Burundi, Me Bernard Maingain dispose d’un réseau important de témoins et informateurs qui transmettent des rapports sur les assassinats politiques en cours au Burundi. Nous publions ci-dessous le dernier rapport de ce réseau.
L’après-midi du 13/10/2015 a été meurtrier au quartier 3 de la zone Ngagara dans la commune urbaine de Ntahangwa au nord de la capitale Bujumbura. Tout a commencé vers 15h30 quand trois agents de l’API (l’unité spéciale de protection des Institutions) ont été attaqués. Selon des sources sur place, ces agents, en tenue civile, se promenaient au niveau de l’école primaire du quartier, quand un groupe de personnes non identifiées les a arrêtés, ligotés et exécuté deux d’entre eux à la grenade, le troisième étant parvenu à s’échapper. Quelques instants après, un groupe important de policiers est arrivé et toute la rue « l’allée Buye », a été assiégée. Les policiers ont alors intimé l’ordre à tous les habitants de sortir de leurs maisons et de s’agenouiller dans la rue. « Les policiers ont alors tiré une balle dans la tête sur toute personne sortie », a témoigné un habitant.
Onze personnes au total (9 hommes et 2 femmes) dont quatre domestiques parmi lesquels un homme venait du « Quartier 5 » ont été froidement exécutés. Parmi les victimes, toute la famille du cameraman de la Radio-Télévision Nationale du Burundi (RTNB), Christophe Nkezabahizi. Il a été assassiné devant son portail. Sa femme Alice Niyonzima, leur fille Nikura Kamikimana, Trésor Irakoze, un jeune adolescent sous leur tutelle et Mr. Evariste, une parenté de la famille, agent de l’Office Internationale de l’Immigration (OIM). Des maisons ont été saccagées comme nous l’avons constaté aux nos 52 ; 48 ; 73 à la recherche des « assaillants ». Certains des occupants n’ont eu la vie sauve qu’en versant une rançon aux policiers. Pour l’instant, les cadavres ont été admis dans deux morgues, celle du Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge et celle de l’Hôpital Prince Régent Charles. Ils y ont été emmenés par le véhicule de l’administrateur communal.
Me Bernard Maingain précise : « Ce dossier est joint aux autres que nous suivons et il sera communiqué aux autorités. Les témoins de ces assassinats existent, et pourront témoigner dès que leur protection sera assurée. Dans l’intervalle, nous demandons au Procureur général du Burundi de collaborer avec les avocats des familles des victimes dont le soussigné afin que la justice soit rendue en ce dossier. Nous remettrons aussi ce dossier à la Cour pénale internationale. »