Sous la pression politique et judiciaire, le très pro-Kabila président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba, jette l’éponge et laisse la voie libre à renversement des rapports de force à la chambre haute.
Les bastions contrôlés par les partisans de l’ancien président Joseph Kabila tombent les uns après les autres en République démocratique du Congo (RDC). La majorité à l’Assemblée nationale a récemment basculé en faveur du président Félix Tshisekedi, le Premier ministre pro-Kabila, Sylvestre Ilunga a démissionné, et c’est maintenant au tour du Sénat d’être bousculé par les partisans de l’actuel chef de l’Etat, en pleine opération de reconquête du pouvoir. Le dernier épisode en date s’est déroulé à la chambre haute du pays, tenue par un proche de Joseph Kabila, Alexis Thambwe Mwamba, qui a succombé en moins d’une semaine aux pressions politiques et judiciaires, avant d’annoncer sa démission ce vendredi.
Un cacique sur la touche
« Considérant d’une part que la confiance n’existe plus entre un groupe de sénateurs et moi-même, et d’autre part, l’installation d’un Bureau d’âge désormais opérationnel, je vous remets ma démission en tant que Président du Sénat » a écrit Alexis Thambwe Mwamba dans une lettre adressée au bureau provisoire qui devait examiner une motion de censure contre lui, signée par 64 sénateurs sur 109. La dernière digue de la Kabilie a donc lâché cette semaine avec la démission d’un cacique du pouvoir, plusieurs fois ministres sous Joseph Kabila avant de prendre les rênes d’un Sénat, jusque-là contrôlé par le FCC, la plateforme politique de l’ancien président congolais.
Pression judiciaire
Après Jeannine Madunda, ex-présidente de l’Assemblée nationale et Sylvestre Ilunga, ex-Premier ministre, c’est le troisième pilier de la Kabilie qui s’effondre avec la démission d’Alexis Thambwe Mwamba. Le président de la chambre haute a succombé à un projet de pétition visant à la destituer ce vendredi, mais il a surtout trébuché sous la pression judiciaire. Le procureur général de la Cour de cassation vient en effet d’ouvrir une enquête sur des soupçons de détournement de fonds visant le patron du Sénat. Alexis Thambwe Mwamba est accusé d’avoir retiré pour le compte de l’institution, « trois chèques de 2 millions d’euros, 1 million de dollars et 1 million de franc congolais ». Des sommes remisent directement au président du Sénat, toujours selon le procureur.
54 millions de dollars à justifier
Devant les caméras, Alexis Thambwe a expliqué que les fonds avaient été consignés « parce qu’ils étaient sortis très tard de la banque », et d’expliquer que, le lendemain, ils ont été ramenés au Sénat. « J’ai donné des pièces justificatives » s’est-il défendu. Mais le vent mauvais continue de souffler. L’Inspection générale des finances (IGF) s’en mêle et demande au président du Sénat de justifier 54 millions de dollars attribués à la chambre haute entre janvier 2019 et décembre 2020. L’IGF mène son enquête sur le dossier depuis la mi-janvier, mais la promesse du président du Sénat de laisser libre accès aux comptes du Sénat est restée lettre morte. Conséquence, ce vendredi, avant l’ouverture de la plénière convoquée en urgence, les membres du bureau Thambwe ont tous démissionné les uns après les autres, entraînant celle du président du Sénat.
« Parti-Etat, Kabila light… »
Cette démission acte, comme à l’Assemblée nationale, le renversement des rapports de force au Sénat, faisant basculer la majorité FCC vers « l’Union sacrée » du président Tshisekedi, un rassemblement au large spectre censé soutenir sa politique. Cet énième coup de force institutionnel, bousculant la Constitution et les règlements intérieurs, redonne des marges de manoeuvres considérables à Félix Tshisekedi, jusque-là cadenassé par son partenaire du FCC. En écartant, le président du Sénat et en plaçant ses nouveaux alliés à la présidence de l’Assemblée nationale et sans doute à la Primature, le chef de l’Etat va se retrouver en quelques mois avec les pleins pouvoirs. Au risque de se retrouver au centre des critiques : « dérive dictatoriale, parti-Etat, Kabila light… », les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier un pouvoir sans partage, exactement ce que reprochait à Joseph Kabila l’UDPS de Tshisekedi lorsqu’il était dans l’opposition.
Eviter les pièges de ses nouveaux alliés
Reste maintenant à savoir ce que le président de la République va faire de cette nouvelle majorité à l’Assemblée nationale et sans doute prochainement au Sénat ? Les chantiers prioritaires ne manquent pas : santé, éducation, sécurité, lutte contre la corruption, réforme de la Commission électorale… Le début du mandat de Félix Tshisekedi n’a pas été marqué par de fortes réalisations et autant dire que tout reste encore à faire. Pour cela, la majorité parlementaire n’y suffira sans doute pas. Les moyens financiers, qui manquent toujours cruellement, seront indispensables pour transformer le pays, et la crise sanitaire doublée d’une crise économique ne risquent pas de remplir davantage les caisses d’Etat. Le président devra aussi éviter les pièges de ses nouveaux ralliés en provenance du FCC, dont la loyauté n’est pas assurée sur le long terme. Et il devra enfin toujours composer avec les Assemblées provinciales, toujours contrôlées par le FCC de Joseph Kabila.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Comment les services secrets occidentaux manipulent un president qui n’a de legitimite que celle qui lui confere un ambassadeur, sans programme . Non ces derapages ne vont pas allez loin le peuple oberve puis la revolte suivra comme les pillages des annees 90 ,le prelude à la fin du regne de mobutu.
Enfin, le souhait de la majorité de la population congolaise est enfin exaucée avec le déboulement du système » Kabila » Espérons qu’avec toutes les commandes en main, le vrai fils du pays aura les moyens de faire bouger les choses. Bon vent Président Fatshi, la diaspora congolaise en Amérique du Nord vous soutient ainsi que le peuple congolais en général. Nous souhaitons avec votre leadership, la naissance d’une nouvelle classe politique, on sait que vous aimez votre pays. Tout le monde constate que la destruction du pays par » Joseph Kanambe Kabila » est plus marquée et profonde que l’on pensait. Un travail titanesque vous attend, surtout le changement de la mentalité de la population, L’amour du travail, le courage, la justice et le respect des biens publics, un leitmotiv…parmi tant d’autres