A l’approche de la présidentielle prévue le 23 décembre, majorité et opposition se mettent en ordre de bataille. Mais le paysage politique s’est profondément modifié avec l’exclusion de deux figures clé de l’opposition, alors que le camp présidentiel accélère sa mobilisation.
A l’approche de la présidentielle prévue le 23 décembre, majorité et opposition se mettent en ordre de bataille. Mais le paysage politique s’est profondément modifié avec l’exclusion de deux figures clés de l’opposition, alors que le camp présidentiel accélère la mobilisation.
C’est un véritable chamboule-tout politique qu’est en train de vivre la République démocratique du Congo (RDC) depuis quelques mois. La disqualification de certains poids lourds de l’opposition a créé d’importants bouleversements dans l’échiquier congolais. Un tsunami politique qu’un sondage de l’institut BERCI et du Groupe d’étude sur la Congo (CEG) vient de mettre en lumière à moins de 50 jours du scrutin. Dans une étude réalisée entre le 29 septembre et le 15 octobre 2018 auprès de 1179 personnes réparties dans les 26 provinces du pays, les chiffres sont cruels pour le pouvoir en place à Kinshasa.
Tshisekedi propulsé sur le devant de la scène
La première leçon à retenir est la constante côte de confiance des Congolais envers les candidats de l’opposition. Les cinq personnalités politiques qui décrochent une bonne opinion auprès de la population sont dans l’ordre : Moïse Katumbi (80%), Jean-Pierre Bemba (77%), Félix Tshisekedi (76%), Eve Bazaïba (75%) et Vital Kamerhe (72%). En miroir, 78% ont une mauvaise opinion du président Joseph Kabila, qui ne se représente pas à sa succession.
Le hic, c’est que les deux poids lourds de l’opposition ne participeront pas à la présidentielle de décembre. Moïse Katumbi, en exil forcée en Europe, n’a pas été autorisé à rentrer en RDC pour déposer sa candidature, et Jean-Pierre Bemba a vu sa candidature écartée pour la Cour constitutionnelle. Par jeu de chaises musicales très logique, les intentions de vote se sont reportées vers les opposants encore qualifiés pour le scrutin, Félix Tshisekedi en tête. Petit Poucet de la compétition et sans expérience politique majeure, le fils de l’opposant historique Etienne Tshisekedi, se retrouve propulsé sur le devant de la scène.
Ramazani Shadary recalé
Dans les intentions de vote du sondage, Félix Tshisekedi fait une percée très remarquée et vire en tête avec 36% des suffrages. Vital Kamerhe (UNC), lui aussi qualifié, occupe la seconde place, avec 17% des intentions de vote. Le candidat du pouvoir et « dauphin » du président Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, occupe une timide troisième place et ne serait donc pas élu. Martin Fayulu (Ecidé) et Freddy Matungulu (Congo na Biso) bénéficient également de l’éviction de Katumbi et Bemba, en remportant 8% et 5% des intentions de vote.
La répartition des voix dans les provinces congolaises met en relief une nouvelle « redistribution des rapports de force politique » après l’invalidation des deux leaders de l’opposition. Félix Tshisekedi, désormais opposant numéro un par défaut, profite de l’absence de Bemba pour rafler la mise en Equateur, la province natale du patron du MLC, mais aussi à Kinshasa. Il s’impose également au Katanga, le fief de Moïse Katumbi. A l’Est du pays, l’autre opposant encore en course à la présidentielle, Vital Kamerhe, « consolide sa position auprès des électeurs du Nord Kivu, du Sud Kivu et de la Province Orientale ». Le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, vire en tête dans une seule province, la sienne, le Maniema.
Un fossé entre opposition et majorité
Si à Kinshasa, beaucoup doutent de la crédibilité de cette étude, dans un pays continent où toutes les infrastructures manquent et où l’institut de sondage associé, le BERCI, a longtemps été proche d’Olivier Kamitatu, le bras droit de Moïse Katumbi, le principal enseignement des chiffres avancés réside dans l’écart qu’il y aurait entre les voix de la majorité et celles de l’opposition. Et le fossé est abyssal. 20 points d’écart séparent Félix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani Shadary, et 37 points si le patron de l’UDPS formait un ticket avec Vital Kamerhe ! Le sondage pose donc l’union de l’opposition comme une réelle nécessité si elle souhaite remporter le scrutin.
Mais la route est encore longue et semée d’embûches pour désigner un candidat unique de l’opposition. Le nom de l’heureux élu devrait être connu avant le 15 novembre, selon un communiqué commun de l’opposition. Mais le sondage du GEC et du BERCI sème le trouble… et la discorde. Le sondage estime à 44% que c’est Félix Tshisekedi qui devrait être le candidat unique de l’opposition. Mais du côté de Jean-Pierre Bemba, Freddy Matungulu et bien sûr, Vital Kamerhe, ce chiffre fait bien évidemment tousser. Selon eux, le candidat doit « avoir un cursus et de l’expérience ». Et sur ce terrain, Vital Kamerhe et Freddy Matungulu ont une longueur d’avance sur Félix Tshisekedi, toujours embourbé dans une polémique sur un possible faux diplôme.
Le FCC redoute une union massive de l’opposition
Une chose est sûre. Ce sondage tombe à point pour Félix Tshisekedi, soutenu en sous-main par Moïse Katumbi. Avec son avance de 20 points sur le candidat du pouvoir, le patron de l’UDPS se sent pousser des ailes, quitte à vouloir se présenter, avec ou sans l’étiquette du candidat commun de l’opposition. Ce sondage sonne donc comme un ultime coup de pression aux sept leaders de l’opposition qui doivent décider prochainement du nom du candidat unique. Beaucoup prône un « front commun » derrière un ticket Tshisekedi-Kamerhe, mais le MLC de Bemba ne s’y retrouve et Kamerhe ne s’est pas encore résigné à rejoindre Félix Tshisekedi.
De son côté, la majorité présidentielle accélère. Meeting géant au stade Tata Raphaël, désignation de l’équipe de campagne, grande tournée dans les provinces du candidat-« dauphin »… Mais dans le camp présidentiel, on s’inquiète de l’écart de voix possible entre majorité et opposition. Un observateur politique ironise : « si Ramazani veut gagner, il faudra que la fraude et le bourrage d’urne soient massifs ! ».
Comme pour se rassurer, les cadres du Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme pro-Kabila qui porte la candidature Ramazani, ne croient pas aux chiffres d’un sondage « commandité et financé » pour l’opposition. Ce que redoute le FCC, c’est un front commun massif derrière un seul candidat avec le ralliement de la totalité des autres leaders. De l’étendu de cette union de l’opposition dépendra de la stratégie du camp présidentiel pour conserver le pouvoir. Si les opposants avancent en ordre dispersé : le pouvoir ira aux élections, quitte à force un peu les résultats de son poulain. Si l’union est massive, le pouvoir sortira une autre carte dans sa manche : repousser une nouvelle fois le scrutin. Le scénario est déjà prêt.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
CeS intentions me sembleNT avoir ete faitES de maniere assez formelle, mais caricaturale.
Tous leS congolais connaissent les paternes de votes dans ce pays. Il est sociologique , si pas tribal tout court. 3 provinces attirent mon attention sur l’analyse des intentions possibles de votes. L’avance de Felix au Katanga denote bien des intentions dans les villes minieres seulement et pas du katanga massif rural de. les Balubakat et les Hemba.. Le Lualaba de meme, n’etant prete a sacrifier son autonomie tant revee en votant Felix. donc un gain certain pour Ramazani qui la lui garantie….
L’equateur est une particularite ou Felix n’a aucune emprise sans le soutuien de leaders traditionel du coin, notament les Bemba, Dondo ou Makila. Ce qui n’est pas le cas.
Au Sud Kivu, Kamerhe n’a le soutient que des bashi, car les Warega ,fulero, Babemba ne le connaissent pas. Ces tributs vont s’aligner sur leut Oncle Ramazani. Cela est aussi vrai sur les tetela et Songe dans le Kasai acquis pour Ramazani. Ces intentions de votes sont tres prematures a mon opinion et ne repondent pas aux paternes traditionels des alliances tradt entre tributs……. Felix ne peut garner les votes substantielles seulement dans les Kasai et Kinshansa…En bon entendeur Salut