Plusieurs membres de la famille de Paul Joseph Mukungubila, instigateur des attaques du 30 décembre à Kinshasa selon les autorités, se sont réfugiés en Zambie. L’asile politique vient de leur être refusé.
Le 30 décembre 2013, la République démocratique du Congo (RDC) était secouée par une série d’attaques, à Kinshasa, mais aussi à Kindu. Les assaillants s’en prennent à l’aéroport, la télévision nationale et le quartier général de l’armée. Plus de 100 personnes sont tuées dans la journée. Les attaques sont revendiquées par des adeptes du pasteur katangais Paul Joseph Mukungubila, à la tête d’un mouvement politico-religieux basé à Lubumbashi. Au même moment, dans la capitale du Katanga, les partisans du pasteur se sont retranchés dans l’une de ses résidences dans le quartier du Golf. L’assaut des forces de sécurité congolaises fait 43 morts dans les rangs des fidèles du « prophète ». Un rapport d’ONG locales, soutenu en France par l »ACAT (1), dénonce « l’usage excessif et disproportionné de la force létale, en utilisant notamment des armes de guerre » et fait état de « 214 personnes tuées par balles« . Toujours d’après ce rapport plusieurs centaines de sympathisants du pasteur Mukungubila auraient été fait prisonniers à Lubumbashi et Kolwezi.
La fuite en Zambie
Au Katanga, la famille de Paul Joseph Mukungubila, sept de ses femmes, avec leurs soeurs et leurs enfants, fuient Lubumbashi et se réfugient en Zambie voisine, début janvier 2014, au plus fort de la répression policière. Mais après quelques jours de cavale, les proches du pasteur sont arrêtés par les autorités zambiennes le 14 janvier. Les onze personnes du groupe sont alors placées en détention à la prison centrale de Lusaka. Avec l’aide du HCR, le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, ils demandent l’asile politique à la Zambie. Par deux fois, les autorités zambiennes refusent de leur accorder le statut de réfugiés.
« Chasse à l’homme au Katanga »
Sur place à Lusaka, un membre de la Ligue des Droits de l’Homme en France (LDH) et proche du mouvement de Mukungubila, essaie de sensibiliser le gouvernement zambien sur les risques d’une expulsion et d’un retour en RDC pour la famille du pasteur. Selon Rossi Ampion, contacté par Afrikarabia, « il y a actuellement une vraie chasse à l’homme au Katanga pour traquer les membres de notre mouvement de Mukungubila. Ils sont systématiquement arrêtés par la police et des récompenses sont mêmes proposées. Mais la plupart se cachent encore« . Rossi Ampion ne comprend pas l’attitude des autorités zambiennes. « On nous dit que l’on manque d’informations sur ce que ces personnes ont vécu à Lubumbashi pendant les événements. Mais nous avons des témoignages et des images qui prouvent leur présence sur les lieux de l’attaque. Le pasteur a également confirmé qu’il s’agissait bien de membres de sa famille« .
Un pasteur anti-Kabila
Pour comprendre le refus de la Zambie, « il faut chercher du côté politique » croit savoir Rossi Ampion. Les relations politiques sont en effet excellentes entre la Zambie et la République démocratique du Congo. Le président Michael Sata est l’un des meilleurs alliés de Joseph Kabila dans la région. Et le pasteur est dans le collimateur du régime de Kinshasa depuis plusieurs années. Paul Joseph Mukungubila avait été candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006 (0,35% au premier tour). Un an plus tard, le neveu du pasteur avait été assassiné. « Ce n’est donc pas la première fois que les autorités nous attaquent » accuse Rossi Ampion. Peu avant les attaques de Kinshasa, le pasteur Mukungubila avait publié un texte farouchement anti-Kabila qu’il accuse d’être à la solde du Rwanda.
« Jeannette Mukungubila est très malade »
Coincés à Lusaka, craignants un retour forcé au Congo dans un climat de forte répression, les membres de la famille du pasteur espèrent pouvoir être évacués si la Zambie ne leur accorde pas l’asile politique. « Si la Zambie ne veut pas les garder, il faut que ces personnes, qui sont essentiellement des femmes et des jeunes enfants soient tout d’abord libérés et ensuite évacués« . Rossi Ampion affirme que « Jeannette Mukungubila est très malade et a déjà été conduit voir un médecin au moins cinq fois alors que son état de santé se dégrade. Ce sont des conditions humanitaires et sanitaires de détention inappropriées pour des femmes et des enfants« .
Fin février, la République démocratique du Congo a émis un mandat d’arrêt contre Paul Joseph Mukungubila, sans succès pour le moment. Le pasteur est en fuite depuis 30 décembre 2013.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) Action des chrétiens pour l’abolition de la torture
Le Congo de “Kabila” a reussi à vulgariser la barbarie comme mode operatoire. Le monde civilisé consent par son silence. Kabila a tué des Chebeya, Tungulu et autres. Le monde a juste murmuré, et depuis plus rien. Le pscychomane “Kabila” en a pris gout, il a fait tiré sur les manifestants de l’UDPS devant les cameras du monde, personne n’a condemner. Il est passé aux massacres à grande echelle le 30 Decembre dernier et a fait desacraliser des cadavres denudés des jeunes gens. Le monde moderne a avalisé par son silence. Que vaut après tout la vie d’un congolais à la face du monde? Pas grand chose, ils peuvent mourir par millions sans que personne ne s’en emeut. Et quand la Zambie veut renvoyer des femmes et enfants à l’abattoir, qui l’en empechera?