La libération surprise du directeur de l’OVD, Benjamin Wenga et de Modeste Makabuza, directeur de la SOCOC, tous les deux condamnés dans « le procès des 100 jours » fait polémique. Leurs avocats affirment qu’ils ont bénéficié de la grâce présidentielle, ce que les autorités congolaises n’ont toujours pas confirmé.
Pourquoi a-t-on libéré Benjamin Wenga et Modeste Makabuza ? Les Congolais ne comprennent toujours pas la raison de la sortie de prison des patrons de l’Office des voiries et drainage (OVD) et de la Société congolaise de construction (SOCOC), tous les deux reconnus coupables au printemps dernier de détournement de fonds publics dans l’affaire du programme des 100 jours du président Félix Tshisekedi . Les deux accusés avaient été condamnés à 5 ans et 3 ans de prison pour avoir détournés 12 millions de dollars dans des projets de construction de route à Goma et Bukavu. Ce procès anti-corruption historique, qui avaient aussi vu condamner le directeur de cabinet du chef de l’Etat Vital Kamerhe à 20 ans de prison, avait fait grand bruit au Congo.
Des noms qui ne figurent pas sur l’ordonnance de grâce
La sortie de Benjamin Wenga et Modeste Makabuza de la prison de Makala vendredi 8 janvier, en même temps qu’une vingtaine de prisonniers graciés par le président Tshisekedi interroge. D’autant que l’avocat de Modeste Makabuza, Me Éric Birindwa, a affirmé au site 7sur7.cd que son client avait été gracié par Félix Tshisekedi, en même temps que Eddy Kapend et les 22 autres condamnés pour l’assassinat de l’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila en 2001. Cette libération est d’autant plus incompréhensible que les noms des deux directeurs généraux de ces entreprises publiques ne figurent pas sur l’ordonnance présidentielle, et que cette même ordonnance exclue de la grâce les condamnés pour « corruption et détournement de deniers publics ».
Le vice-ministre de la Justice dans la tourmente
L’imbroglio judiciaire a rapidement fait scandale à Kinshasa où la lutte contre la corruption était une des mesures phares du président Tshisekedi. « La justice condamne, le président gracie » titrait ce week-end un journal de la capitale congolaise. Pour le président de l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), Georges Kapiamba, ces deux libérations sont « inacceptables » d’autant que leurs condamnations confirmées par la Cour de cassation, les prive de toute remise de peine et la libération conditionnelle.
Après cette étrange libération, les yeux se sont rapidement tournés vers le vice-ministre de la Justice, Bernard Takaishe Ngumbi. Selon le président de l’ACAJ, le vice-ministre UDPS de la Justice a, selon lui, profité de l’exécution de l’ordonnance de grâce présidentielle pour accorder « frauduleusement » la libération à Benjamin Wenga et Modeste Makabuza. « Les deux condamnés doivent retourner en prison » pour Georges Kapiamba et le vice-ministre « poursuit en justice ».
Même condamnation de la part de Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), qui demande la démission du vice-ministre et dénonce « un coup dur porté à la lutte contre la corruption et l’impunité ». « Quel message envoie-t-on à ceux qui continuent à piller le pays ? » s’insurge également l’Odep, l’Observatoire de la dépense publique.
Des autorités congolaises muettes
Le ministère de la Justice ne s’est toujours pas prononcé sur les raisons de cette double libération polémique. Certains avancent la possibilité d’une libération conditionnelle des deux prévenus, car ayant purgé un tiers de leur peine et payé les amendes. Ce qui ne semble pas être le cas de Benjamin Wenga et Modeste Makabuza.
Ce qui est incroyable, c’est que 48 heures après la libération des deux détenus, personne n’est capable de donner une version officielle à cette libération : ni le vice-ministre, ni la présidence. Ce qui fait franchement désordre, alors que la libération le même jour d’Eddy Kapend, accusé d’avoir participé à l’assasinat de Laurent-désiré Kabila, avait recueilli une certaine unanimité en RDC.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Pas du tout surpris mais je continue à faire confiance au Président Fatshi, cet homme a vraiment la volonté de changer les choses mais il n’est pas bien servi par ses collaborateurs et ses conseillers. . Il faut aussi tenir compte de sabotage de la part des gens réfractaires au changement du FCC, des services de renseignement, de la magistrature, de la garde républicaine et autres services gouvernementaux. .Ce n’est un secret pour personne que les hommes et femmes honnêtes au RDC sont difficiles à dénicher, et sur tous les plans, politique, économique, social, le milieu de la presse etc…
Il est incontestable que le cercle pléthorique de conseillers et collaborateurs autour du Président Fatshi brillent par leur incompétence, amateurisme, immaturité.. Pourtant, il y a des oiiseaux rares au RDC et dans la diaspora congolaise que le bon Dieu nous a donnés Paul Nsapu, Cécile Kenge, Mukwege, Diongo, Diomi, Katende, Kapiamba, Tshiombela, Professeur Manzambi, Katumbi, Kwebe Kipele, Eve Bazaiba, Prof Kalele…