Dans un parfum de fraude et avec la plus grande confusion, la Commission électorale de République démocratique du Congo (RDC) s’apprête à annoncer les résultats des élections législatives. Sans surprise, la majorité présidentielle devrait disposer d’une nette avance à l’Assemblée. Le scrutin est très contesté par l’opposition et les nombreuses missions électorales présentent dénoncent des « tricheries inacceptables ». La Communauté internationale s’est contentée « d’observer ».
Une crise post-électorale en chasse une autre. Après une présidentielle chaotique, voici les législatives, qui s’annoncent avec leurs lots de contestions et de « tricheries ». Il faut dire que les deux élections ayant eu lieu le même jour (le 28 novembre 2011), on retrouve la même organisation anarchique et les mêmes fraudes : bourrages d’urnes, bureaux de vote fantômes, procès-verbaux perdus, « tripatouillages » de listes, bulletins de vote égarés…
La communauté internationale, témoin du fiasco électorale congolais, a publié de nombreux rapports pour dénoncer les « irrégularités du scrutin ». Le Centre Carter, l’Union européenne ou l’Eglise catholique congolaise ont tous reconnu le manque de crédibilité des élections. Mais à part l’Eglise catholique, personne n’a osé franchir le rubicon en demandant l’annulation du scrutin. Un groupe d’experts américains a fini par être imposé à la Commission électorale (CENI) pour fournir « une aide technique » sur les résultats des législatives. L’objectif était de « sauver les meubles » en espérant que les élections à la députation aient été moins « irrégulières » que l’élection présidentielle. Manque de chance… la situation est pire, selon les observateurs étrangers. En quelques jours, les experts américains ont plié bagages et quitté Kinshasa… sans un mot d’explication.
Car, si Joseph Kabila a tout fait pour assurer sa réélection (notamment en faisant passer le scrutin de deux à un seul tour), il fait désormais tout pour garder le parlement et s’assurer un gouvernement issu de sa majorité. Selon les résultats partiels publiés par la CENI (que l’opposition accuse d’être pro-Kabila), la majorité présidentielle s’offre une belle avance. Le blogueur Jason Stearns, dans son excellent Congo Siasa, a rapidement comptabilisé le rapport des forces en présence : la majorité présidentielle pourrait compter sur 114 sièges (PPRD et alliés), alors que l’opposition (UDPS, UNC, UFC) n’aurait que 46 sièges (ces résultats sont partiels… il y a 500 sièges à pourvoir).
A Afrikarabia, comme beaucoup d’observateurs, nous pensions que les législatives auraient pu rééquilibrer le rapport de force « majorité-opposition »… donner un poids supplémentaire à l’opposition au parlement… jusqu’à peut-être la création d’un gouvernement de coalition… Erreur, nous nous sommes trompés. Joseph Kabila s’est assuré « le grand chlem » : présidence+parlement dans des conditions contestables, sous le regard indifférent de la communauté internationale.
Christophe RIGAUD