Tombera ou tombera pas ? Le sort de la ville de Goma semble désormais appartenir aux rebelles du M23 qui campent depuis 2 jours à la périphérie de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Après le refus du président Joseph Kabila de négocier avec la rébellion, le M23 affirme vouloir « repousser » l’armée congolaise « le plus loin possible » de ses positions.
Goma prête à tomber aux mains de la rébellion, le scénario était prévisible. Depuis la création du M23 en avril dernier, le rapport de force ne s’est jamais inversé : les rebelles avancent et l’armée congolaise recule. A deux reprises seulement, et pour de très courtes durées, Kinshasa a pu reprendre du terrain sur l’ennemi, mais c’était sans compter l’aide des casques bleus de la Monusco, ou plutôt de leurs hélicoptères. Depuis 7 mois, le M23 mène donc la danse face à une armée fantôme, qui déserte le plus souvent ses positions. Pas étonnant de retrouver aujourd’hui le M23 dans les faubourgs de la ville de Goma, prêt à en découdre.
1996, 1998… 2012 ?
Ville symbole de toute une région, le Nord-Kivu, Goma est déjà tombée deux fois face aux rebelles. Une première fois en 1996 avec l’AFDL, soutenue par le Rwanda et une deuxième fois en 1998 avec le RCD, toujours soutenu par le Rwanda. La ville pourrait donc tomber une troisième fois… et toujours avec l’aide du Rwanda, accusé de soutenir le M23. L’ONU l’a déjà dénoncé dans plusieurs rapports d’experts, dont le dernier en date devrait sortir dans quelques jours. Le soutien rwandais constitue d’ailleurs la meilleure excuse de Kinshasa pour expliquer la déroute de ses militaires.
Infiltrés dans Goma
4 jours après l’offensive du M23, la bataille de Goma paraît inévitable. Les troupes rebelles du colonel Mukenga se tiennent depuis dimanche soir aux alentours de l’aéroport et du camp Munigi à 3 km du centre ville. Deux sources différentes nous ont confirmé que plusieurs groupes de rebelles seraient déjà infiltrés dans plusieurs quartiers. Ces mouvements de troupes ont poussé une partie de la population à fuir la zone, vers l’Est au Rwanda ou vers l’Ouest vers la ville de Saké. Une source nous indiquait que l’aéroport de Goma avait été déserté par la Garde républicaine, chargée de sa sécurité. L’information n’est pas confirmée pour l’instant. Idem sur la présence de l’armée régulière au centre ville. Beaucoup nous disent que les FARDC ont déjà quitté le centre et parlent de « déroute« , alors que le gouverneur de la province, Julien Paluku, affirme le contraire. Des chars ont été vus dans Goma centre et des renforts de l’armée régulière sont attendus en provenance de Bukavu.
Prêt pour l’assaut final
Ce lundi, les rebelles ont lancé un ultimatum aux autorités congolaises, leur demandant de démilitariser la ville et d’ouvrir des négociation. Quelques heures plus tard, le gouvernement a annoncé qu’il ne négociera pas avec le M23. Après ce refus, dans l’après-midi, les rebelles semblaient prêt à lancer l’assaut final… une question d’heures nous affirmait-on. Les affrontements se sont donc poursuivis toute la journée de lundi dans plusieurs zones autour du quartier Munigi, et notamment autour de l’aéroport, qui apparaît être la prochaine cible du M23. Les rebelles, qui expliquent que leurs offensives ne sont que des « réponses » aux attaques des FARDC, ont affirmé lundi vouloir « repousser » l’armée congolaise « le plus loin possible » de ses positions. Reste la Monusco (les casques bleus). Le M23 nous a affirmé qu’elle ne faisait que « reculer« . La bataille de Goma a donc bel et bien commencé.
MISE A JOUR : Lundi 19 novembre dans la soirée le M23 est brièvement entré la ville de Goma.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia