L’ambassadrice américaine Nikki Haley a appelé à des élections en 2018. Mais en cautionnant un nouveau glissement du calendrier électoral, les Etats-unis offrent une année supplémentaire de pouvoir au président Kabila, laissant l’opposition congolaise seule à réclamer un scrutin pour la fin 2017.
Nikki Haley a bien tapé du poing sur la table, exiger des élections au plus vite, menacer de ne plus soutenir la RDC, et brandit la possibilité de nouvelles sanctions, mais au bout du compte, le résultat de sa visite à Kinshasa est mitigé. « Les élections doivent être organisées en 2018, (sinon) la RDC ne doit pas compter sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale », a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU à la sortie de sa rencontre avec le président de la Commission électorale (CENI), Corneille Nangaa. Mais en avançant la date butoir de 2018, Nikki Haley offre sur un plateau ce qu’attendaient les autorités congolaises : une année supplémentaire de transition au président Kabila dont le dernier mandat a pourtant expiré depuis le 19 décembre 2016. Si l’accord de la Saint-Sylvestre avait acté un premier report du scrutin pour décembre 2017, la CENI avait prévenu ces dernières semaines que la présidentielle ne pourrait pas se tenir avant… 2019.
En annonçant la date médiane de 2018, Washington cautionne ainsi un second glissement du calendrier électoral, alors que l’opposition congolaise se bat pour exiger des élections fin 2017, ou, au pire, une transition sans Joseph Kabila. En exigeant des élections « au plus tôt en 2018 », Nikki Haley acte par la même occasion que cette année supplémentaire de transition se fera de facto avec Joseph Kabila aux commandes. La diplomate n’a en effet obtenu aucun engagement sur les intentions du président congolais et notamment sur le fait qu’il se représente pas aux prochaines élections comme l’exige la Constitution congolaise.
L’opposition bien seule
En poussant le curseur à 2018, l’ambassadrice américaine semble en fait ne contenter qu’un seul camp : celui de la majorité présidentielle, enterrant définitivement l’accord de la Saint-Sylvestre. Nikki Haley n’a donné aucun gage à l’opposition congolaise qui se retrouve donc bien seule pour exiger le départ de Joseph Kabila, principal responsable, selon elle, du blocage du processus électoral. La visite de la diplomate américaine aura tout de même eu le mérite de rassembler les principaux leaders de l’opposition, au moins pour la photo, autour d’un mémorandum demandant une transition citoyenne, mais aussi des sanctions ciblées à l’encontre des proches du président congolais.
Si le discours ferme de Nikki Haley a séduit les ONG et la société civile, le très actif mouvement citoyen la Lucha (Lutte pour le Changement) reste tout de même sur sa faim et estime désormais qu’il n’y a plus rien à attendre de la communauté internationale : « élections en 2016, 2017, et maintenant 2018 ? Quoique les autres pensent, si puissants soient-ils, c’est au peuple que revient le dernier mot ! » tonne le mouvement pro-démocratie. En clair, pour faire partir Joseph Kabila, il faudra s’en remettre à la rue.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Pour moi N Haley a juste recommandé ce qui était plus réaliste, faisable…
Et n’oublions pas que quelques proclamations généreuses ils fassent, les puissants ne poursuivent d’abord dans les pays faibles que leurs intérêts. Ici la diplomate américaine se préoccupe en même temps que du respect des règles démocratiques au.Congo des réalités locales, les ‘apparences démocratiques’ suffiront à donner à l’Amérique d’assurer son contrôle du Congo…
Le reste car les détails sur une pleine démocratie, c’est aux Congolais eux-mêmes de le conquérir. Hélas ces derniers montrent une incapacité chronique à le realiser : regardez le cafouillage puéril et irresponsable dont fait preuve l’opposition politique dans sa réaction face au calendrier qui vient d’être publié…