La correspondante permanente de Radio France Internationale (RFI) à Kinshasa n’est plus accréditée en République démocratique du Congo (RDC). Un durcissement des autorités qui intervient après la publication d’une enquête sur les violences au Kasaï et alors que l’émetteur de Kinshasa est coupé depuis sept mois.
Sonia Rolley est actuellement en reportage à Genève pour couvrir le vote du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui doit adopter vendredi une résolution sur la RDC. Mais la journaliste risque de devoir passer par la case Paris avant (peut-être) de pouvoir retourner à Kinshasa. Radio France Internationale explique dans un communiqué que « près de trois mois après une demande de renouvellement d’accréditation de son envoyée spéciale permanente à Kinshasa, Sonia Rolley, la direction de RFI n’a toujours aucune réponse. » La station affirme avoir effectué une demande cinq semaine avant la date d’expiration de l’autorisation, début mai. Mais depuis cette date, et malgré un engagement oral du ministre des médias Lambert Mende, c’est silence radio ! La station « ne peut qu’interpréter le silence des autorités de RDC comme un refus et regrette cette décision qui nuit gravement au pluralisme de l’information. »
Une enquête sur les violences au Kasaï embarrassante
Dire que RFI se trouve souvent dans le collimateur des autorités congolaises est un euphémisme. La radio est l’une des plus écoutées en RDC et sa liberté de ton, très appréciée des Congolais, est peu souvent du goût du pouvoir en place. La regrettée Ghislaine Dupont avait déjà été expulsée de Kinshasa en 2006 entre les deux tours de la présidentielle. Depuis, le signal de la radio internationale est régulièrement coupé dès que la tension politique monte. En novembre 2016, l’émetteur de Kinshasa est coupé avant une importante manifestation anti-Kabila. Depuis, le signal n’est jamais revenu dans la capitale congolaise, obligeant certains Kinois à trouver mille subterfuges pour tenter de capter RFI. Enfin, ces dernières semaines, Sonia Rolley a publié une remarquable enquête sur les violences dans les provinces des Kasaï. Une enquête saisissante et extrêmement documentée qui pointe les ambiguïtés des autorités congolaises, documents audios et vidéos à l’appui. Visiblement Kinshasa n’a pas vraiment apprécié. Dans le communiqué de la direction la station au gouvernement congolais, RFI « appelle les autorités à remédier sans tarder à cette situation afin que la liberté d’informer et de s’informer soit préservée ». A défaut de pouvoir écouter RFI à Kinshasa, puisse au moins ce message être entendu.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia