Après 9 mois de silence, le signal de Radio France internationale (RFI) a été rétabli cette semaine dans la capitale congolaise. « Pour plus de transparence », un mouvement citoyen demande que l’accord signé entre RFI et la radio nationale congolaise soit rendu public.
Les auditeurs kinois de RFI peuvent de nouveau écouter la radio mondiale dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) depuis ce vendredi. Le signal de la station française avait été interrompu le 5 novembre 2016 en pleine mobilisation anti-Kabila. RFI avait régulièrement été coupée à Kinshasa et dans les grandes villes du pays à chaque mobilisation contre le maintien au pouvoir du président Kabila. Les autorités goûtaient assez mal la liberté de ton et l’indépendance de la station qui contrastait avec les médias locaux souvent réputés proches des autorités. Officiellement, Kinshasa souhaitait remettre à plat l’autorisation de diffusion de la radio française, notamment en faisant transiter le signal par un média partenaire local. Officieusement, le pouvoir voulait réduire au silence un média qui lui semblait « peu objectif » et qui « donnait la part belle à l’opposition. » Un média d’autant plus populaire que RFI est la radio la plus écoutée en RDC.
Contreparties ?
De longues tractations en coulisse ont permis à RFI de revenir sur les ondes kinoises. Un nouvel accord de partenariat a été conclu entre la radio française et la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC). Mais rien n’a filtré sur le contenu du document… et notamment sur les possibles concessions accordées par RFI aux autorités congolaises, souhaitant mieux contrôler ce qui passe à l’antenne de la radio internationale. Mais officiellement, il n’y a pas eu de contrepartie à la réouverture de l’antenne à Kinshasa. Au moment de la coupure du signal en novembre dernier, le ministre de la Communication, Lambert Mende, avait souhaité que les radios étrangères ne puissent émettre que « par intermittence » et toujours via une station congolaise. Mais depuis le retour de RFI à Kinshasa, cette condition a visiblement été abandonnée puisque la radio française émet en permanence sur sa propre fréquence.
« Un meilleur contrôle » des correspondants étrangers
Si France Médias Monde (l’entité qui pilote RFI) reconnaît que le nouvel accord signé « met en conformité les deux médias (RFI et la RTNC) avec les nouvelles dispositions de la législation congolaise sur les médias », rien n’a filtré sur le réel contenu de ce partenariat. Pourtant, deux éléments permettent de penser que Kinshasa a obtenu des aménagements susceptibles de rassurer les autorités congolaises sur les contenus diffusés par la station. Interrogé par l’AFP à Paris, un membre de la délégation congolaise explique que « la RTNC attirera désormais l’attention de son partenaire chaque fois qu’il y a des problèmes avec sa ligne éditoriale ». De plus, la correspondante de la station, Sonia Rolley, qui n’a pas vu son accréditation renouvelée, devrait être remplacée un autre correspondant dans la liberté de déplacement sur le territoire congolais devrait être soumis à autorisation. Une source gouvernementale nous confirme en « off » que les autorités souhaitent désormais « mieux contrôler » l’activité des journalistes étrangers sur le sol congolais. Le correspondant de l’agence Reuters, Aaron Ross, a également été obligé de quitter le pays parce que son visa n’a pas été renouvelé. Kinshasa pourrait ainsi instaurer un « turn over » plus fréquent des correspondants en RDC. Une disposition qui permettrait, pense le pouvoir, d’éviter aux journalistes internationaux des enquêtes trop approfondies. Il faut dire que le remarquable travail de Sonia Rolley sur les massacres dans les Kasaï, avait considérablement embarrassé Kinshasa, pointant notamment la responsabilité des forces de sécurité dans l’escalade de la violence.
Le « deal » doit être rendu public
Les explications minimalistes de la direction de France Médias Monde sur les conditions de reprise du signal de RFI à Kinshasa ne satisfont pourtant pas tout le monde. Si le mouvement citoyen La Lucha se félicite de la levée « de ce blocus injustifiable » de la station, privant les Congolais de « l’une des rares sources d’informations, de décryptages et de reportages objectifs sur la RDC et le reste du monde », ces militants des droits de l’homme « apprécierait un effort accru de transparence sur votre « deal » avec les autorités Congolaises ». Pour La Lucha, « le rétablissement du signal de RFI à Kinshasa ne doit donc pas se faire à n’importe quel prix », rappelant « qu’il est de notoriété publique que la RNTC est un instrument de propagande politique à la louange d’autorités qui n’ont aucune légitimité démocratique ». Le mouvement demande donc à France Médias Monde de « rendre public l’intégralité de cet accord » afin de « rassurer les Congolais » sur le futur travail de RFI en RDC. Pour l’heure, France Médias Monde n’a pas décidé de dévoiler le texte de l’accord.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Oui, le peuple Kinois remercie les autorités françaises d’avoir rétabli la liaison RFI. Que les autorités congolaises de la RDC soient averties qu’à la prochaine fois, il y aura un soulèvement populaire car tout le monde a droit à l’information fiable. A bon entendeur, salut !