La nouvelle marche pacifique des opposants au président Joseph Kabila a encore été réprimée dans le sang ce dimanche. Mais pour la première fois, le pouvoir a utilisé le mouvement de jeunesse du parti présidentiel pour en découdre avec l’opposition. Une nouveauté qui fait redouter la stratégie du pire.
Le scénario est désormais connu. Pour la troisième marche pacifique organisée par le Comité laïc de coordination, la répression était de nouveau au rendez-vous ce dimanche dans les principales villes congolaises. Après avoir interdit tous les rassemblements dans les rues et coupé les connections internet, SMS et la messagerie WhatsApp, les forces de sécurité congolaises ont pu dispersé toutes les marches par des tirs de gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Une répression sanglante à huis clos qui aurait fait 3 morts, 45 blessés et une centaine d’arrestations selon un premier bilan provisoire des organisateurs et des Nations unies. Les autorités congolaises dénombrent pour le moment seulement 22 blessées dont 13 policiers, et 8 interpellations.
Police… et bérets rouges
Mais le principal enseignement de cette troisième marche anti-Kabila, qui continue de mobiliser dans tout le pays malgré la répression féroce de la police, réside dans l’évolution de la stratégie sécuritaire du chef de l’Etat, avec l’entrée en piste du mouvement de jeunesse du PPRD, le parti présidentiel. Coiffés du béret rouge, ces jeunes militants pro-Kabila se sont invités dans la cathédrale de Kinshasa, dès le samedi soir, la veille de la journée de contestation. Les marches pacifiques devant débuter après l’office du dimanche matin, les bérets rouges comptaient bien camper devant la cathédrale Notre-Dame afin de participer à la messe du lendemain, mais surtout d’empêcher la tenue de la marche et d’en découdre avec les opposants au président Kabila. Une infiltration qui a rapidement semé la panique dans le quartier de la cathédrale au nord de la capitale. Les bérets rouges ont finalement quitté le lieu en début de soirée après une négociation avec la police.
Des jeunes PPRD qui rappellent les Imbonerakure burundais
Plusieurs centaines de militants PPRD étaient arrivés samedi soir à la cathédrale à bord de bus de la compagnie publique de transports, Transco. « Une provocation du pouvoir » pour l’opposition congolaise qui redoute que le entre pro et anti-Kabila ne tournent à l’affrontement. Il faut dire qu’une vidéo montrant un des leaders des jeunes PPRD a particulièrement choqué les réseaux sociaux. On y voit Papy Pungu, président des jeunes du PPRD, haranguer ses troupes en lingala : « N’ayez pas peur de la soutane (…) Si vous voyez un prêtre, tabassez-le ! Et si vous mourez, vous irez directement au paradis ! » Pour certains, cette scène ressemble aux tristement célèbres milices burundaises Imbonerakure, qui ont plongé le Burundi voisin dans la violence, la répression aveugle et le chaos. Une dérive dangereuse dans laquelle on peut voir la main du tout nouveau ministre de l’Intérieur, Henri Mova, qui était jusqu’il y a quelques jours le secrétaire général du PPRD, censé contrôler son mouvement de jeunesse. A Mbuji-Mayi, le Comité laïc a également dénoncé une autre milice, Leja Makanda, instrumentalisée par le pouvoir local, qui se serait rendue coupable d’agressions sur les manifestants.
Pour intimider ses opposants et les dissuader de descendre dans la rue, Joseph Kabila peut désormais compter sur les jeunes de son parti, visiblement parfaitement formés à la défense de son pouvoir et à la répression. Cette stratégie du pire permet à Joseph Kabila de moins utiliser ses hommes en uniforme pour réprimer, et de déléguer la sale besogne à des supplétifs payés pour cela. Un chaos organisé qui fait pourtant redouter aux Congolais, le spectre de la guerre civile.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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Tout patriote Congolais lucide et responsable est aujourd’hui contraint au constat d’un pouvoir arbitraire et mortifère de plus illégitime et quasi-illégal, les « marches » des Cathos sont ainsi l’expression active unanime des Congolais de ce dépit ; les fameux bérets rouges et apparentés à qui le pouvoir a accordé des moyens pour s’agiter viennent c’est vrai aggraver le cadre et pourquoi pas sont causes supplémentaires des dégâts mais malgré leur visibilité formatée et leur nuisance certaine aux débat et intérêts démocratiques, ils restent une minorité et vont agir dans un contexte relativement différent de celui des Imbonerakure du Burundi…
Passons ce n’est pas l’essentiel à retenir ici mais qu’ils’agisse des diverses forces de l’ordre et de sécurité ou de ces milices, leur présence interpelle certes à cette aune mais surtout impose aux patriotes un défi patriotique de résistance et de sauvetage du pays : trouver les « armes efficaces » contre le « règne illégal de ‘JK’ » et sa nouvelle excroissance qui s’exprime par cette répression violente des manifestants pacifiques n’exerçant que leurs droits et libertés démocratiques…
En matière de stratégie de résistance, le scénario rêvé serait de voir des centaines des milliers des Congolais s’élancer dans la rue et d’en entraîner des millions d’autres à travers le pays protester contre la présence d’un PR hors-mandat qui continue de multiplier les subterfuges pour rester, ainsi cette mobilisation massive aurait meilleure capacité à bousculer ce pouvoir et à l’acculer aux négociations pour son départ forcé…
Le dernier modèle parfait dans ce genre est celui du Burkina où la population réussit à chasser Compaoré qui s’entêtait à changer les règles du jeu pour se maintenir hors-délai, c’est vrai, aidé par une partie décisive de l’armée…
Justement l’obstacle essentiel que rencontrent nos ‘marcheurs’ c’est moins ces milices naissantes pro-‘JK’ que sa soldatesque qui étouffe dès l’origine la contestation, la peur d’un afflux décisif dans la rue qui surviendrait sans elle motive le bras-de-fer armé que continue à opposer avec force imagination le pouvoir aux citoyens nus armés que de leurs conviction et détermination à combattre la dictature, à retrouver un cadre national de libertés et de responsabilités…
Comment les contourner, voilà l’enjeu pratique qui devrait occuper les patriotes décidés à agir, souhaitons-les plus nombreux que ce jour :
Alors ;
– Attendre la chance de la défection d’une frange de l’armée qui nous rejoindrait ou comment agir d’autre sur elle ?
– Avoir le pouvoir à l’usure à force des marches qui découvriraient à terme leurs gardes sans entre-temps lasser les bonnes volontés ?
– Intensifier par exemple à travers les prêches à l’église la sensibilisation des citoyens pour que dès le départ la foultitude de manifestants déborde les capacités de la police ?
– Etc, etc, etc …………..?
En effet on voit mal une solution qui ne passerait pas par le peuple, je veux dire par sa mobilisation très massive ‘dans la rue’…
Voilà !
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Nangaa et Kalamba sont du PPRD. Minaku se mauque de lopposition. Il a remplacé vite les delegués du MLC et PPRD mais pour UDPS cest compliqué pour lui. Mediocre