Après la publication de résultats contestés lors de la présidentielle, la Commission électorale congolaise (CENI) décide de suspendre la compilation des votes des élections législatives et d’attendre une aide technique internationale. L’organisation chaotique des élections et les soupçons de fraudes massives ont fragilisé la CENI, accusée par l’opposition d’avoir favorisé la réélection de Joseph Kabila. Sous pression américaine et européenne, la Commission électorale suspend son comptage et accepte un appui technique. Cela sera-t-il suffisant pour garantir un scrutin crédible et transparent ? Pas si sûr.
Les critiques ont été nombreuses pour condamner les multiples irrégularités des dernières élections générales en République démocratique du Congo (RDC). L’Union européenne, le Centre carter et l’administration Obama n’ont pas eu de mots assez durs pour qualifier ce scrutin. Hilary Clinton s’est dit « déçue », le Centre Carter a estimé que la réélection de Joseph Kabila était caractérisée par de telles irrégularités qu’elle « manque de crédibilité » et note que « 40% » des résultats des Centres de compilation sont jugés « faibles ». Quant à l’Union européenne, elle a signalé des irrégularités le jour du vote, qui vont de la « désorganisation des bureaux de vote » au « bourrage des urnes ».
La pression internationale commence-t-elle à produire ses effets ? La CENI a en effet décidé de suspendre les résultats des législatives, après avoir livré une première série de résultats provisoires. La Commission se plie donc à la demande de nombreux pays et d’organisations internationales, en acceptant un appui technique pour la compilations des résultats des différents bureaux de vote. La CENI déclare vouloir ainsi « garantir la transparence et la crédibilité des législatives (…) en attendant l’arrivée des équipes de supervision et d’appui technique international ».
La pression s’était accentuée sur la CENI ces derniers jours, avec la réaction d’Hilary Clinton, qui a dénoncé un scrutin « mal géré » et « manquant de transparence », suggérant une « révision » du processus électoral. L’Union européenne a emboîté le pas en menaçant de « réévaluer son soutien (…) si des progrès ne sont pas réalisés dans le dépouillement des votes des législatives ». Devant tant d’insistance, la CENI se devait de faire un geste en acceptant l’aide internationale. Cette assistance sera-t-elle suffisante pour crédibiliser les résultats des législatives ? Si l’on en croit les rapports des différentes missions d’observation électorales, il sera difficile de faire le tri entre les bulletins de vote manquants, les procès-verbaux égarés, les bureaux de vote qui n’ont jamais ouvert, les nombreux doublons inscrits sur les listes… sans parler du manque de fiabilité du fichier électoral. Il semble délicat dans ces conditions de donner des résultats incontestables (même avec une aide internationale). Autre contrainte qui rend la mission quasi impossible : le calendrier. Les résultats des législatives doivent être annoncés le 13 janvier 2012.
Christophe RIGAUD