Alors qu’un possible dialogue national se profile à Kinshasa, la Dynamique de l’opposition, qui refuse toute négociation d’un nouveau mandat de Joseph Kabila, appelle à de nouvelles manifestations.
Le député du Fonus, Emery Okundji, fait partie de la Dynamique de l’opposition avec le MLC, l’UNC et l’Ecidé. Cette plateforme politique refuse le dialogue national convoqué par le président Joseph Kabila, qui pourrait se tenir mi-novembre. Emery Okundji participait ce vendredi à Paris à une conférence internationale sur le devenir démocratique de l’Afrique. Interview.
Afrikarabia : Pourquoi refusez-vous de participer à ce dialogue ?
Emery Okundji : Ce dialogue ne servira qu’à violer davantage la Constitution. Joseph Kabila arrive à la fin de son mandat. La Constitution demande à ce que les élections soient organisées pour que nous puissions avoir un nouveau président avant la fin 2016. Dialoguer pour faire quoi ? Pour négocier un nouveau mandat ? Au lieu de favoriser l’alternance politique, nous sommes face à une majorité présidentielle qui multiplie les obstacles pour ne pas respecter la Constitution, ne pas organiser les élections et obtenir le glissement. Allons-nous accompagner ce glissement à travers un dialogue ? Nous répondons non !
Afrikarabia : Comprenez-vous l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui semble disposée à participer à ce dialogue ?
Emery Okundji : Je respecte la position de l’UDPS, mais je n’arrive pas à comprendre la participation à ce dialogue. Peut-être que Joseph Kabila, qui n’a pas été réellement élu, peut demander pardon à Etienne Tshisekedi, qui a été réellement élu. Les deux « présidents » ont le droit de se rencontrer, mais en ce qui concerne la Constitution, nous ne pouvons aller au dialogue pour changer les règles du jeu qui viseraient à maintenir Joseph Kabila au-delà de 2016. Si nous voulons consolider la démocratie dans notre pays, nous devons apprendre à respecter les règles constitutionnelles.
Afrikarabia : L’opposition exige que la Commission électorale (CENI) publie rapidement un calendrier des prochaines élections, mais le président et le vice-président de la CENI viennent de démissionner.
Emery Okundji : C’est justement une preuve tangible que le camp présidentiel ne souhaite pas respecter la Constitution. La majorité a forcé le président et le vice-président (membre du PPRD) à quitter leur fonction pour créer un vide et favoriser le glissement, alors que le calendrier est une compétence exclusive de la CENI. Monsieur Kabila a démantelé volontairement la CENI.
Afrikarabia : Face à ce blocage, que peut faire l’opposition ?
Emery Okundji : Nous devons appliquer scrupuleusement l’article 64 de la République qui donne le pouvoir aux Congolais de faire échec à tout individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation de la Constitution.
Afrikarabia : Cela veut dire de nouvelles manifestations dans les rues ?
Emery Okundji : Effectivement, le peuple doit se prendre en charge lorsque l’on ne respecte pas la Constitution. Nous n’avons pas d’autres choix que de recourir à des actions de rue (1).
Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) La Dynamique de l’opposition prévoit des manifestations les 18 et 19 décembre 2015, ainsi que les 19 janvier et 18 février 2016.
Vous êtes à l’étranger, laissez nous tranquille, que KABILA reste au pouvoir, et par les membres de l’opposition, qui peut-être futur Président ?