Lassé des atermoiements de Joseph Kabila, le parti d’Etienne Tshisekedi demande au président congolais d’organiser le dialogue « avant la fin novembre ». Un ultimatum qui devrait permettre à l’UDPS de sortir de la délicate séquence du « dialogue » afin de se repositionner dans l’opposition.
Autant le dire tout de suite, il y a peu de chance que l’ultimatum de l’UDPS au président Joseph Kabila d’organiser d’ici fin novembre le dialogue aboutisse. Et c’est peut-être bien ce que recherche le parti d’Etienne Tshisekedi afin de clore la crise interne qu’a suscité la volonté de l’UDPS de dialoguer avec le chef de l’Etat. Dans une conférence de presse donnée à Bruxelles vendredi 23 octobre, le secrétaire général du parti, Bruno Mavungu a pressé Joseph Kabila de débuter le dialogue national rapidement : « dépassé fin novembre 2015, le dialogue risque de devenir sans objet. Le parti et son président s’en remettront aux Congolaises et Congolais pour décider de leur destin commun ». Le représentant de l’UDPS à Bruxelles, André Kabanda, a alors précisé la menace : « notre base se mobilise pour reprendre la rue ». Pourquoi un tel ultimatum ?
Félix : la rupture
Il faut tout d’abord dire que l’UDPS traverse une mauvaise passe. L’opposant historique, Etienne Tshisekedi, 82 ans, est en convalescence en Belgique depuis 14 mois et la succession peine à s’organiser au sein du parti. Le fils, Félix, responsable des relations extérieures de l’UDPS a rapidement pris son indépendance et fait figure de « numéro un bis » du parti d’opposition. Une direction bicéphale qui déstabilise beaucoup en inter. Et l’annonce faite par Félix Tshisekedi de vouloir participer au dialogue proposé par Joseph Kabila a jeté le trouble. Une stratégie qui apparaît en rupture avec celle du père, intransigeant avec Joseph Kabila qu’il considère comme illégitime. Etienne Thsiekedi avait notamment refusé que ses députés siègent à l’Assemblée nationale et participent aux Concertations nationales de 2013. La subite « ouverture » de Félix a donc fait craindre à certains un deal avec Kabila pour se partager le pouvoir et la participation de l’UDPS à un possible gouvernement d’union nationale. La rumeur, tenace, donnait même Félix à la Primature.
Sortir de la crise du dialogue « par le haut »
Dans ce contexte un groupe de cadres de l’UDPS de l’étranger décide de contester la gestion du parti et le choix de participer au dialogue – voir notre article. Une fronde unique dans l’histoire du parti, puisque père et fils se retrouvent critiquer en même temps au sein du parti. Le jeu trouble de Félix Tshisekedi est alors accentué par le rétropédalage d’Etienne Thsiekedi qui décide de retirer fin septembre ses délégués des discussions préparatoires au dialogue – voir notre article. Un désaveu qui valide les rumeurs de tractations secrètes entre l’UDPS et le PPRD, qu’avait toujours démentis Félix Tshsiekedi. L’ultimatum de vendredi lancé au président Kabila semble constituer l’ultime épisode d’une bien mauvaise séquence pour l’UDPS. Mais une séquence dont le parti peut sortir « par le haut », profitant d’une recomposition du paysage de l’opposition politique avec l’arrivée du G7 et de Moïse Katumbi. Si Joseph Kabila ne se plie pas à l’ultimatum de l’UDPS (ce qui est le plus probable), le parti d’Etienne et de Félix Tshisekedi se retrouvera alors libéré de toute négociation avec la majorité présidentielle et pourra retrouver sa place d’opposant « actif », notamment en appelant à manifester dans la rue, ce qui n’a pas été le cas lors des dernières grandes mobilisations populaires de janvier et septembre 2015.
Une « opportunité » de reprendre la main dans l’opposition
Depuis la rencontre Katumbi-Kamerhe, une nouvelle composition de l’échiquier politique congolais se profile. Un axe G7-Katumbi-Kamerhe-Kamitatu est en cours de constitution, laissant la voie libre à l’UDPS de se présenter comme la « vraie opposition », l’autre étant composée d’anciens membres de la majorité et d’ex-proches de Joseph Kabila. Avec le MLC de Jean-Pierre Bemba, qui ne s’est pas encore positionné clairement dans ces nouvelles alliances en cours, une opportunité s’ouvre donc à l’UDPS de reprendre la main dans l’opposition. Un leadership perdu au profit de la Dynamique de l’opposition regroupant UNC, MLC, Ecidé, Fonus… L’arrivée du G7 et de Katumbi, laisse donc de nouveau un espace à l’UDPS. Une « chance » à saisir afin de se démarquer des autres partis d’opposition. Reste à savoir ce que veut vraiment faire Félix Tshisekedi… et ce qu’il pourra faire dans l’ombre d’Etienne ?
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Toujours on reconnait la plume qui fait des efforts pour ne pas prendre parti. Même sans perfection, on sen un effort d’objectivité. Une analyse de quelqu’un qui n’a pas encore plongé dans l’argent des politiciens. Merci.
Qui dit udps sous tshisekedi evoque le desespoir d’un peuple et de la comedie politicienne. L’udps doit d’abord passer par une reforme profonde à l’interne en mettant sur pied une nouvelle direction avec des nouveaux cadres capables de redresser le parti. Quel ultumatun de l’udps envers kabila? Qu’en est-il du mandat d’arrêt lancé par tshisekedi contre kabila? Cessons des humours politiques sur la vie de la nation
Un Parti politique ne doit pas être une propriété familiale comme c’est le cas de l’UDPS nous avons l’illustration des empoignades entre Marine LEPEN et son Père Jean-Marie ,il faut que l’UDPS puisse s’en inspirer et « libéraliser » l’UDPS patrimoine du peuple congolais et non de la famille Tshisekedi