Plusieurs organisations des droits de l’homme et de lutte contre la corruption se sont constituées parties civiles dans l’enquête que la Belgique mène depuis 2017 dans le cadre de l’affaire Semlex. Cette société en charge de la fabrication des passeports biométriques congolais est soupçonnée de corruption et de blanchiment d’argent pour un montant de 35 millions de dollars.
C’était une promesse électorale de Félix Tshisekedi, désormais au pouvoir depuis début 2019 : faire baisser le prix exorbitant des passeports biométriques de la République démocratique du Congo (RDC). A 185 $ le passeport Congo est l’un des plus chers du monde, surtout lorsque le PIB/habitant s’élève à 561$. Au coeur de ce scandale, dénoncé en 2017 par l’agence de presse Reuters, une surfacturation inexpliquée et des soupçons de malversation.
De 21,5 $ à… 185 $
Depuis le 8 mai, La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), la Ligue des droits humains (Belgique) et UNIS (Réseau Panafricain de Lutte contre la Corruption) se sont constituées parties civiles dans l’enquête pénale que la Belgique mène depuis 2017 dans l’affaire du « Passeport Gate » congolais. 51 victimes se sont également constituées partie civile dans le cadre de la campagne « Le Congo n’est pas à vendre ». L’occasion que les victimes congolaises « deviennent enfin actrices de ce dossier emblématique » et puissent avoir accès au dossier, explique Paul Nsapu, Vice-Président de la FIDH.
Selon l’agence Reuters, Semlex avait négocié le contrat pour les passeports avec l’ex-Président Kabila et certains de ses plus proches collaborateurs en 2014-2015. Lors des négociations à Dubaï et à Kinshasa, le prix unitaire du passeport était passé de 21,5 $ à… 185 $. Selon les contrats auxquels ont pu accéder nos organisations, pour chaque passeport acheté, 60 $US doivent être reversés à une société écran, LRPS, enregistrée dans les Emirats Arabes Unis.
Un scandale à 35 millions de dollars
Selon les contrats auxquels ont pu accéder ces organisations, pour chaque passeport acheté, 60 $US doivent être reversés à une société écran, LRPS, enregistrée dans les Emirats Arabes Unis. Selon Reuters, LRPS appartiendrait à Makie Wangoi Makolo, membre de l’ancienne famille présidentielle. Depuis l’entrée en vigueur du contrat entre Semlex et le gouvernement congolais, cette société écran pourrait avoir perçu plus de 35 millions de dollars.
« Nous espérons que la justice belge pourra lever le voile sur ces $US 60 alloués à une société écran aux propriétaires réels suspects » dénonce Jean Jacques Lumumba, lanceur d’alerte et co-fondateur de UNIS, une organisation spécialisée dans la lutte contre la corruption. « Le montant de 60 $US correspond au salaire moyen d’un fonctionnaire congolais. Cet argent aurait dû rester dans la poche des acheteurs de passeports ! »
Mettre fin à l’impunité
La justice belge a ouvert une enquête en 2017 et fait une perquisition au bureau de Semlex en Janvier 2018. Depuis lors, aucune nouvelle n’a été communiquée par le Parquet fédéral sur la progression de l’enquête. De manière plus générale, le Comité des Droits Économiques, Sociaux et Culturels de l’ONU a observé en mars de cette année qu’il manque en Belgique « un système de plainte efficace (…) pour les victimes de violations de droits humains commises par les entreprises ». De même, l’Organisation de Coopération et de Développement Économique s’inquiète depuis des années du manque flagrant de ressources allouées par la Belgique au système judiciaire pour le traitement de dossiers liés à la corruption d’agents publics étrangers.
Ainsi, « si les pratiques de corruption à l’étranger sont punissables selon la loi belge depuis plus d’une décennie, aucune entreprise belge ne s’est vue condamnée à notre connaissance jusqu’à ce jour » remarque Olivia Venet, Présidente de la Ligue des droits humains (Belgique), ajoutant : « Vue la gravité des suspicions autour du contrat de Semlex, il est important de mettre fin à cette impression d’impunité et de pousser le dossier jusqu’au bout. »
A Kinshasa, le collectif citoyen « Le Congo n’est pas à vendre », a demandé au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, que le contrat de fabrication des passeports biométriques, conclu avec la firme Belge Semlex, ne soit pas renouvelé. Ce qui visiblement a été le cas. Mais le ministère des Affaires étrangères congolais doit se prononcer prochainement sur les nouvelles procédures de fabrication… et sur le prix.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Bon confinement à tous, si cela est patriotique. A vous aussi Christophe Rigaud. Oh, une pensée subite pour « Christophe » l’artiste musicien interprète « d’Aline », j’ai aussi pleuré pour qu’il revienne, Chris, mais apparemment pas de réponse de l’Artiste tant aimé. Vous avez été si fort jusqu’à la fin, RIP.
Venons-en à nos moutons. Une demande à Fatshi: c’est de veiller à fixer et maintenir un prix raisonnable à ce passeport afin qu’il soit accessible aux populations. Il a coûté jusqu’à 250 Dollars us. Je lui souhaite à Fatshi (Président Félix), BON VENT, Dieu soit avec vous Fatshi.