Les mauvaises habitudes ont la vie dure en République démocratique du Congo (RDC). Les autorités congolaises ont décidé de couper le signal de Radio France Internationale (RFI) en RDC jusqu’au mardi 3 janvier 2012. En cause, le traitement des dernières élections très contestées et un article présentant les « deux discours de nouvel an » des « deux leaders » congolais. Pour le pouvoir en place à Kinshasa, il y a visiblement un leader de trop dans l’article. Rappelons qu’en 2009, RFI avait déjà été forcée de couper ses émetteurs pendant 9 mois, accusée de « démoraliser les forces armées congolaises ».
Un mois seulement après des élections contestées, le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) décide de couper le signal de RFI sur l’ensemble du territoire. Les autorités souhaitent ainsi « protester contre une couverture jugée partiale de la situation post-électorale en RDC par RFI ». Pour le ministre congolais de l’information, « il y a comme une volonté délibérée de créer une situation confuse qui peut nous entraîner dans des affrontements entre Congolais, et ça nous n’apprécions pas ». En lisant entre les lignes… et en allant sur le site de la radio mondiale, un article est peut-être à l’origine du coup de sang de Kinshasa. L’article s’intitule « deux discours de nouvel an, deux leaders ». Le journaliste relate la présentation des voeux du président officiellement élu, Joseph Kabila, puis ceux de l’opposant Etienne Tshisekedi, auto-proclamé « président élu » devant l’ampleur des irrégularités du scrutin. Et de conclure l’article ainsi : « deux discours, deux leaders : le bras de fer politique est loin d’être réglé en RDC ». Pour Kinshasa, il y a apparemment un leader de trop dans le papier de notre confrère… et on devine lequel. Résultat : plus de son sur les fréquences de RFI au Congo.
Les autorités congolaises sont coutumières du fait dans ce pays. En juillet 2009, la diffusion de « la radio mondiale » avait déjà été interrompue. Les autorités congolaises accusaient RFI de développer une campagne systématique de « démoralisation des forces armées de la RDC (FARDC) ». Il a fallu attendre 9 mois… et l’expulsion de la correspondante de la radio, Ghislaine Dupont, avant la reprise des émissions. Espérons que cette fois-ci le signal sera bien rétabli mardi prochain… la RDC et les Congolais ont tous besoin des informations de RFI dans cette période très incertaine.
Christophe RIGAUD