Le camp présidentiel garde la main sur les ministères clés du nouveau gouvernement de Bruno Tshibala qui possède peu de marge de manoeuvre pour obliger le pouvoir à organiser les élections fin 2017.
On prend les mêmes et on recommence ! Après un mois d’attente pour connaître les contours du nouveau gouvernement de Bruno Tshibala, censé conduire la transition politique en République démocratique du Congo (RDC), le nouvel exécutif a enfin été rendu public ce mardi (1). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les ajustements sont mineurs par rapport au précédent gouvernement Badibanga. Une seule surprise : le nombre des ministres qui avait pourtant été limité à 54 dans « l’arrangement particulier » signé le 27 avril. Le gouvernement Tshibala compte désormais 59 membres. Un nombre pléthorique de portefeuilles qui ne doit pas faire oublier que les caciques de la majorité présidentielle continuent d’occuper les postes clés du gouvernement. Les ministères régaliens restent donc dans le giron présidentiel : les Affaires étrangères (She Okitundu), l’Intérieur (Ramazany Shardary), la Justice (Alexis Thambwe Mwamba), la Défense (Crispin Atama Tabe), les Médias (Lambert Mende) ou le très stratégique ministère des Mines (Martin Kabwelulu).
Deuxièmes ou troisièmes couteaux
Comme après chaque dialogue politique, les nouveaux gouvernements successifs au Congo voient entrer des transfuges de l’opposition, le plus souvent déjà exclus de leur formation d’origine. Mais à chaque fois, ce sont plutôt des deuxièmes ou troisièmes couteaux que des opposants de premiers plans. Outre le Premier ministre Bruno Tshibala, exclu du Rassemblement de l’opposition de Félix Tshisekedi, le nouvel exécutif compte bien évidemment quelques dissidents de l’opposition congolaise : Jean-Pierre Lisanga Bonganga (des Alliés d’Etienne Tshisekedi), ministre d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, Emery Okundji (venu des Fonus), ministre des Postes et Télécommunications, Joseph Kapika, un ex-UDPS, ministre de l’Economie, Freddy Kita, (ancien Secrétaire général de la Démocratie chrétienne de l’opposant Eugène Diomi Ndongala), vice-ministre à la Coopération ou Lumeya Dhu Maleghi (DDC), ministre des Affaires foncières. L’UNC de Vital Kamerhe, qui avait participé à l’ancien gouvernement Badibanga perd deux ministères, mais garde le Budget avec Pierre Kangudia.
Badibanga-bis
Le gouvernement de Bruno Tshibala, qui ressemble compte comme à deux gouttes d’eau à celui de Samy Badibanga, a pourtant du pain sur la planche. Deux chantiers prioritaires attendent le nouvel exécutif : l’organisation des élections avant la fin de l’année 2017 et la fin des violences et des massacres dans les Kasaï et les deux Kivus. Mais Bruno Tshibala aura-t-il les coudés franches pour mener à bien ces deux dossiers ? On peut en douter au vue de l’inertie du précédent gouvernement. Le sécuritaire est toujours dans les mains des gros poissons de la majorité présidentielle, les finances dans celles de la présidence, et les élections sont du seul ressort de la puissante Commission électorale (CENI), qui n’a toujours pas publié de calendrier et parle déjà de reporter le scrutin faute de pouvoir enrôler les électeurs dans les Kasaï.
Qui pour présider le CNSA ?
Plus de quatre mois après la signature de l’accord de la Saint-Sylvestre, qui a été vidé de sa substance faute d’avoir nommé un Premier ministre légitime et assez représentatif de l’ensemble de l’opposition, le pouvoir tire toujours les ficelles afin de ne pas être en mesure d’organiser l’élection présidentielle dans les délais. Si l’opposition ne peut rien attendre du gouvernement de Bruno Tshibala, son dernier espoir réside dans la nomination du président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), qui devait revenir au président du Conseil des sages du Rassemblement, Pierre Lumbi. Mais encore une fois, Joseph Kabila préfère choisir ses opposants et a récemment décidé de « valider » chaque membres du CNSA qui désigneront eux-mêmes leur président, sous la houlette du président congolais en personne. Mais le futur président du CNSA n’est peut-être pas très loin. Deux grands absents sont à noter dans ce nouveau gouvernement : Joseph Olenghankoy (Fonus) et Raphaël Katebe Katoto, tous les deux artisans du rapprochement de Bruno Tshibala avec la majorité présidentielle. La présidence du CNSA pourrait donc revenir à l’une ou l’autre de ces personnalités.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) Voici la liste complète du nouveau gouvernement de Bruno Tshibala :
Vice-Premier ministre ministres
1. Affaires étrangères et Intégration régionale: Léonard She Okitundu
2. Intérieur et Sécurité: Emmanuel Ramazani Shadary
3. Transport et communication : José Makila
Ministres d’Etat
1. Justice: Alexis Thambwe Mwamba
2. Plan: Modeste Bahati
3. Economie : Joseph Kapika
4. Budget : Pierre Kangudia
5. Décentralisation et réformes institutionnelles : Azarias Ruberwa
6. Commerce extérieur : Jean-Lucien Bussa
7. Travail : Lambert Matuku Mena
8. Fonction publique : Michel Bongongo
9. Relations avec le Parlement : Jean-Pierre Lisanga Bonganga
Ministres
1. Défense : Crispin Atama Tabe
2. Finances : Henri Yav
3. Communication et Médias : Lambert Mende
4. Portefeuille : Wivine Mumba Matipa
5. Potes, Télécommunications et NTIC: Emery Okundji
6. Mines : Martin Kabwelulu
7. Affaires foncières : Lumeya Dhu Maleguy
8. Aménagement du territoire : Félix Kabange Numbi
9. Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction: Thomas Luhaka
10. Urbanisme et Habitat : Koko Nyangi
11. Hydrocarbures : Aimé Ngoy Mukena
12. Industrie : Marcel Ilunga
13. Energie et Ressources hydrauliques: Ingele Ifoto
14. Environnement et Développement durable : Amy Ambatobe
15. Tourisme : Franck Mwe Di Malila
16. Petites et moyennes entreprises: Bienvenu Liyota
17. Coopération au développement : John Kwet
18. Agriculture : Georges Kazadi Kabongo
19. Enseignement primaire, secondaire et professionnel: Gaston Musemena
20. Genre, enfant et Famille : Chantal Safu
21. Affaires sociales : Eugène Serufuli
22. Solidarité et action humanitaire : Biango Sango
23. Sport et Loisirs: Papy Niango
24. Enseignement supérieur et universitaire : Steve Mbakayi
25. Formation professionnelle, métier et artisanat : Pierrot Mweka
26. Recherche scientifique : Eva Mwakasa
27. Développement rural : Justin Bitakwira
28. Droits humains : Marie Ange Mushobekwa
29. Santé : Ilunga Kalenga
30. Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté: Maguy Kiala
31. Pêche et élevage : Paluku Kisaka
32. Affaires coutumières : Guy Mikulu
33. Culture et Art : Astrid Madiya
34. Ministre délégué chargé des Congolais de l’étranger : Emmanuel Ilunga Ngoy
35. Ministre délégué près le 1er ministre : Tshibangu Kalala
Vice-ministres:
1. Affaires étrangères : Matembo Toto
2. Coopération internationale : Freddy Kita Bukusu
3. Intérieur et Sécurité : Basile Olongo
4. Budget: Maguy Rwakabuba
5. Finances : Jean-François Mukuna
6. Postes, Télécommunications et NTIC: Omere Egbake
7. Infrastructures travaux publics et reconstruction: Papy Miantezolo
8. Travail et Prévoyance sociale : Kabongo Kalonji
9. Agriculture: Noël Botakile Botanga
10. Urbanisme et Habitat : Willy Bolio Emina
11. Plan : Jean-Pierre Zepele Mondombe
Bravo. Ils doivent alors être félicités comme on le fait dans le monde pour l’élu français.
Les hommes politiques congolais sont mouvants et ignorants comme tous les abrutis connus.
Mais, comme chaque peuple doit mériter des dirigeants en rapport à son héritage de base, il n’y a rien à dire!
Déjà les masses se forment autour de nouveaux ministères, espérant ramasser les morceaux qui vont tomber dans cette agitation.
Virage et sursaut démocratique dans le langage de tous.
Cette année encodé, ils ont le vent en poupe.
En avant la RDC.
Lire:
encore et non encodé.
Et, plus loin:
… sursaut démocratiques.
Un gouvernement de traitres qui auraient du appliquer un accord politique oublié dans sa mise en place….Au moins que Tshibala fasse l effort d appliquer les mesures de décrispation politique
tous ces ministres ne sont que l’histoire à dormir débout.
merci Mr le journaliste pour votre travail abattu de nous informer
Aussi longtemps que les filles et fils de la RDC continueront a se prostituer pour les postes ministeriels, la RDC a encore une longue trajectoire pour se relever. Aucun nom dans ce gouvernement inspire la confiance ni l’espoir.
Qu’est ce que le peuple congolais a fait au Bon Dieu pour mériter ces dirigeants. ILS SONT TOUS POURRIS.