L’ex-candidat à la présidentielle, Vital Kamerhe, s’est vu confisquer ce dimanche son passeport par les douanes congolaises à l’aéroport Ndjili de Kinshasa. L’opposant, un temps retenu dans les locaux de la DGM, a été libéré alors qu’il embarquait pour lancer sa « caravane de la paix » à Goma.
Dimanche 9 février 2014 à 8h30, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Vital Kamerhe, a été empêché d’embarquer sur un vol de la compagnie CAA pour Goma. Selon ses proches, les agents de la DGM (Direction général des Migrations) lui auraient confisqué son passeport. Vital Kamerhe et l’auraient retenu dans les locaux des douanes de l’aéroport de Ndjili avant de le libérer en fin de matinée.
Incidents à répétition
Vendredi 7 février, l’avion affrété par le patron de l’UNC pour se rendre à Goma avait déjà été empêché de décoller par les autorités aéroportuaires de Kinshasa (RVA). Dans un premier temps, Kinshasa évoquait « une facture impayée« , puis « un problème avec la compagnie aérienne« . Deux « prétextes » démentis par les proches de l’ancien président de l’Assemblée nationale, qui ont rapidement exhibé les factures du vol pour Goma. Le plan de vol, déposé à la régie des voies aériennes (RVA), avait également été validé et « toutes les formalités administratives avaient été remplies« .
Une « interdiction » de voyager dès janvier
Les proches du président l’UNC dénoncent un acharnement politique sur Vital Kamerhe, visant à l’empêcher de mener campagne et de se représenter aux prochaines élections présidentielles de 2016. Début Janvier 2014, l’UNC s’était procuré un document de la DGM interdisant à l’opposant de quitter Kinshasa. Le porte-parole du gouvernement avait alors démenti toute interdiction et affirmait que ce bordereau était un faux et que les auteurs seraient poursuivis. Quelques semaines après ce premier « incident« , les proches de Kamerhe dénoncent le double-jeu de Kinshasa : « avec ce qui se passe aujourd’hui on peut dire que le document de début janvier était bien vrai !« .
3 ans de prison et expulsion de sa résidence
Dans le même temps, la justice congolaise ressort subitement une ancienne affaire qui opposait Vital Kamerhe et la députée Wivine Moleka, pour une affaire de diffamation. Le ministère public a requis 3 ans de prison et la déchéance des droits civiques du dirigeant de l’UNC. « C’est un procès politique« , selon le parti de Vital Kamerhe, « qui vise simplement à empêcher notre président à se présenter à la présidence en 2016. Trois ans de prison pour diffamation, on croit rêver !« . Vendredi 7 février, dans la soirée, les trois juges de l’affaire Moleka se réunissent « sous pression » pour statuer sur le cas Kamerhe. Deux juges refusent toute condamnation du patron de l’UNC et renvoi l’affaire devant le Tribunal de Paix de Ngaliema. Pour clôturer le tout, dans la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 février, Vital Kamerhe été expulsé de la maison qu’il occupait depuis 2004 à Kinshasa. Cette maison appartenait à l’Etat, et lui avait été attribuée lorsqu’il était ministre de l’Information. Vital Kamerhe affirme pourtant payer un loyer et disposer d’un contrat de location.
Leader de l’opposition congolaise, Vital Kamerhe était arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2011. L’opposant voulait se rendre à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu pour lancer sa « caravane de la paix ». De nombreux membres de l’opposition et de la société civile congolaise étaient invités dans cette tournée à l’Est du pays. Une visite qui n’est visiblement pas du goût de Kinshasa.
Christophe Rigaud – Afrikarabia