Le président de la Commission électorale a annoncé que les élections ne pourraient pas se tenir avant la fin de l’année en raison de l’insécurité. « Un prétexte pour retarder une nouvelle fois le scrutin » selon Paul Nsapu de la Ligue des électeurs.
« Glissement 2 », le retour. C’est dans la capitale française que le président de la Commission électorale (CENI), Corneille Nangaa, a annoncé que le calendrier électoral va une nouvelle fois « glisser » et que l’organisation des élections ne serait pas possible avant la fin 2017. Les Congolais se retrouvent ainsi face à un nouveau report de la présidentielle et des législatives, après celui de décembre 2016 et une âpre négociation qui avait débouché sur un accord politique entre le pouvoir et l’opposition. Le compromis permettait au président Joseph Kabila de rester en place sous réserve que les élections puissent se tenir avant la fin de cette année. Ce ne sera donc pas le cas selon le patron de la CENI. « Avant décembre, ça ne sera pas possible dans les conditions fixées par l’accord signé le 31 décembre 2016 », a estimé Corneille Nangaa qui a expliqué que les causes de ce report étaient à chercher dans les violences qui secouent les Kasaï et qui avaient empêché l’enrôlement des électeurs. « Nous travaillons de toutes nos forces pour parvenir à l’organisation des élections, qui sont voulues par le peuple congolais » a tenté de rassurer Corneille Nangaa depuis le siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris. 33 millions d’électeurs sur une quarantaine estimée, ont pourtant déjà été recensés selon le président de la CENI.
Des élections « aux calendes grecques »
Pour l’opposition politique cette annonce constitue « une déclaration guerre » selon Félix Tshisekedi du Rassemblement. « Nangaa joue avec le feu » tonne l’opposant Martin Fayulu, candidat à la présidentielle. Il faut dire que l’opposition dénonce depuis 2014 la dangereuse stratégie de Joseph Kabila pour s’accrocher à son fauteuil et attend toujours un calendrier électoral. Cette annonce du patron de la CENI ne constitue donc pas une surprise pour Paul Nsapu, le président de la Ligue des électeurs et secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). « Joseph Kabila a placé ses pions pour retarder les élections. Corneille Nangaa n’est pas un acteur neutre et indépendant. Il n’a pas été porté à la tête de la CENI par la société civile. Il obéit simplement à la stratégie présidentielle de renvoyer les élections aux calendes grecques » analyse Paul Nsapu.
Insécurité et manque d’argent… vraiment ?
Quant aux problèmes sécuritaires dans les Kasaï avancés par Corneille Nangaa pour justifier le report des élections, le défenseurs des droits de l’homme n’y croit pas. « Ce qui se passe dans le centre du pays était prévisible. Joseph Kabila a volontairement laissé pourrir la situation. C’est une catastrophe voulue par le pouvoir pour reporter les élections. Ces foyers de tensions ont été créés par Kinshasa. Et lors des dernières élections, l’insécurité dans l’Est du pays n’a pas empêché les scrutins de se tenir dans les délais. » L’autre argument avancé par le patron de la CENI pour expliquer les retards dans l’organisation des élections est d’ordre financier. Là encore, Paul Nsapu juge l’excuse un peu maigre. « Il y a de l’argent pour acheter des caméras à Kinshasa ou du matériel pour la répression policière, mais il y en a aussi eu pour créer les nouvelles provinces. Cet argent pouvait servir à l’organisation des élections. Sans parler bien sûr de la corruption et des détournements d’argent qui se sont généralisés lors de ce dernier mandat du président Kabila. »
Patate chaude
Maintenant reste à savoir quand auront lieu les prochaines élections ? Sur la question, Corneille Nangaa a botté en touche et renvoyé la balle… aux politiques. Le patron de la CENI estime que le sujet doit être réglé entre le gouvernement et le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), censé faire respecter le compromis signé entre la majorité et l’opposition le 31 décembre 2016. Problème : le CNSA est loin d’être constitué et les négociations sont au point mort. Le hic, c’est que le président congolais avait déjà renvoyé début juin le problème du calendrier électoral… à la CENI. C’est le serpent qui se mord la queue. Dans ce jeu de « patate chaude », personne ne semble vouloir assumer la responsabilité d’un nouveau report des élections.
« On ne peut plus faire confiance à Joseph Kabila. »
Jusqu’à quand Joseph Kabila peut-il encore jouer avec le temps et retarder infiniment les élections ? Fin 2016, alors que son mandat touchait à sa fin et que la population était dans la rue, Joseph Kabila a pu faire baisser la tension en faisant mine de vouloir s’assoir à la table des négociations. Sous la pression de la communauté internationale, l’opposition s’est calmée et la colère populaire est retombée. Mais Joseph Kabila pourra-t-il rejouer le même scénario une deuxième fois ? Certainement pas. Car sept mois après la signature de l’accord, la situation est encore chaotique : les élections sont reportées et le Conseil national de suivi de l’accord n’est toujours pas constitué. Pour Paul Nsapu, la chose est entendue : « on ne peut plus faire confiance à Joseph Kabila. Il ne respecte jamais sa parole. Les acteurs internationaux l’ont maintenant compris » Un argument qui pourrait faire mouche aux yeux de la communauté internationale, qui avait joué la carte du dialogue politique… et se sent ainsi trahie. Selon le président de la Ligue des électeurs, la pression internationale va donc s’accentuer sur le pouvoir, notamment pour qu’une enquête indépendante puisse être ouverte sur les violences au Kasaï et l’assassinat des deux experts de l’ONU. « Si la population se lance dans des manifestations pacifiques d’envergure et si une forte pression politique pousse, afin de faire respecter l’accord de la Saint-Sylvestre, alors le pouvoir sera peut-être obligé de lâcher du lest ». Et de prévenir : « Joseph Kabila n’aura pas de seconde chance ».
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
KABILA KABANGE Joseph doit PARTIR UN POINT C’EST TOUT. KANAMBE DOIT PARTIR ET RENTRER CHEZ LUI AU RUWANDA. Quid DE LA VIE DE OLIVE ?
Les autorités n’ont pas la volonté d’organiser les élections. Leur seul but c’est de s’eterniser au pouvoir .le peuple observe et la colère monte. On peut tromper un peuple une peut -etre une deuxième fois mais pas pour toujours. Ne dit-on pas qu’une seule goutte d’eau peut déborder le vase.