Une nouvelle liste publiée par Kinshasa mercredi dernier porte désormais à 25 le nombre d’anciens rebelles du M23 bénéficiant de la loi d’amnistie du gouvernement. Des amnisties qui pourraient signifier l’arrivée d’ex-M23 dans le nouveau gouvernement de « cohésion nationale« .
Les amnisties se succèdent en République démocratique du Congo (RDC). Après une première série annoncée le 19 avril, le ministère de la Justice congolais a publié une nouvelle liste de 100 bénéficiaires de la loi d’amnistie mercredi dernier. A ce jour, 300 personnes ont déjà bénéficié de ces mesures qui « blanchissent » les auteurs « de faits de guerre, faits insurrectionnels et infractions politiques« . De nouveaux groupes armés ont fait leur entrée sur le liste des amnistiés : une vingtaine de « Bakata Katanga« , des membres de l’UFRC de Gustave Bagayamukwe ou des fidèles du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo. Seul geste « politique » symbolique à remarquer, la libération de l’ancien député de la majorité présidentielle Muhindo Nzangi, qui avait été condamné en août dernier à 3 ans de prison pour « offenses au chef de l’État » – Voir la liste complète ici -. Les groupes insurrectionnels ont encore 3 mois pour signer le document qui les engage « à abandonner la lutte armée » et pouvoir ainsi bénéficier de la loi d’amnistie.
Une amnistie avant tout conçue pour le M23
Mais si cette seconde série d’amnistie concerne une dizaine de groupes armés ou insurrectionnels, il ne faut pas oublier que c’est la fin du conflit avec les rebelles du M23 qui a poussé les autorités congolaises à s’engager dans ce processus. Derrière les centaines de rebelles amnistiés, c’est bien avant tout pour l’ancienne rébellion du M23 que la loi du 11 février 2014 a été élaborée. Après la défaite militaire du M23 en novembre 2013, la rébellion et le gouvernement congolais ont signé en décembre à Nairobi, deux déclarations mettant fin au mouvement rebelle. En échange de l’arrêt de la rébellion, l’accord prévoyait une amnistie pour les membres du M23. Une amnistie qui a été élargie par Kinshasa à d’autres milices à la suite des Concertations nationales, comme « gage d’ouverture politique et de réconciliation« . Dans la dernière liste des 100 amnistiés, ont retrouve donc 5 nouveaux membres de l’ancienne rébellion du M23 qui s’ajoutent aux 25 ex-rebelles déjà amnistiés dans la première liste – voir notre article -. Donc, que l’on ne s’y trompe pas, derrière l’amnistie de groupes insurrectionnels « folkloriques » comme l’ARP du général Munene ou des proches d’Honoré Ngbanda, c’est bien le cas des ex-M23 qui est au centre du dispositif d’amnistie.
Différencier les politiques et les militaires
Pour l’instant, les amnistiés du M23 font uniquement partie de la branche politique du mouvement, comme René Abandi ou Serge Kambasu. Le gouvernement avait en effet spécifié qu’il n’ avait pas pas d’amnistie générale et que « ceux qui sont présumés s’être comportés de façon criminelle sur le plan du droit international, avoir commis des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, ne seront pas réinsérés dans la société » et donc « non-éligibles à l’amnistie« . Le chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga, n’est donc pas « amnistiable » pour Kinshasa. Sur la nouvelle liste, les 5 membres sont tous des « politiques » du mouvement, comme Justin Maendeleo, chargé des finances de la rébellion ou Stanislas Baleke, en charge de l’Education nationale au M23. Kinshasa pense donc pouvoir dissoudre définitivement l’ex-M23 en en dissociant politiques et militaires. Pour savoir dans quel état d’esprit se trouvent les ex-rebelles et ce qu’ils attendent de ces amnisties, Afrikarabia a pu joindre Stanislas Baleke en Ouganda, où la rébellion s’est réfugiée depuis sa défaite.
« Le gouvernement de cohésion nationale, c’est grâce au M23 »
L’ancien responsable de l’Education du M23 apparaît plutôt satisfait des premières amnisties prononcées. « On remercie avant tout le gouvernement congolais, on va pouvoir enfin rentrer au pays et participer à la vie nationale, sans les armes » nous confie-t-il. A la question de savoir comment les ex-rebelles pourront entrer dans la vie politique, Stanislas Baleke reste évasif : « on sera appelé…« . Tout le monde a bien sûr en tête la création prochaine d’un nouveau gouvernement de « cohésion nationale » et la possible entrée d’anciens rebelles dans l’exécutif congolais. A savoir si des membres du M23 ont été approchés par le Chef de l’Etat, Stanislas Baleke ne souhaite pas trop s’avancer : « je ne peux pas répondre, c’est évidemment au Président de décider« . Mais au fil de la discussion, on sent bien que la participation d’anciens M23 au prochain gouvernement semble « probable« , « naturelle« . « Nous continuons à faire bouger les lignes, explique l’ancien rebelle. Si Joseph Kabila a convoqué les Concertations, c’est grâce au M23, s’il y a des amnisties qui concernent aussi d’autres groupes armés, c’est grâce au M23 pour ramener la paix et s’il y a un gouvernement de cohésion nationale, c’est encore grâce au M23 et à l’accord signé avec le gouvernement. Ce serait donc assez juste d’y participer. Maintenant le Président est libre de composer son gouvernement comme il le souhaite« .
« Un petit groupe d’ex-M23 est déjà rentré à Goma »
Concernant les autres membres du M23, qui n’ont pas encore été amnistiés comme Bertrand Bisimwa, le président du M23 ou Sultani Makenga, le chef militaire Stanislas Baleke estime « tout le monde devrait pouvoir bénéficier de la loi du 11 février« . Bertrand Bisimwa et Sultani Makenga ont d’ailleurs rempli récemment leur formulaire d’engagement pour obtenir l’amnistie. A propos du commandant militaire de la rébellion, Sultani Makenga, qui est exclu du processus d’amnistie, Stanislas Baleke estime que « son dossier doit être traité comme les autres. Il n’y a pas de preuve contre lui. Mais je ne veux pas faire pression, c’est au gouvernement de décider« . Les autorités congolaises paraissent pour l’instant inflexible sur le cas Makenga. « C’est un symbole trop fort de la rébellion pour qu’il bénéficie de l’amnistie. Ce serait une prime à l’impunité« , dit-on à Kinshasa. Si on voit bien que pour le cas des militaires, Kinshasa veut faire traîner les choses, côté politique, les événements se bousculent. Parmi les 25 premiers amnistiés du M23, Stanislas Baleke nous a confirmé que certains étaient déjà rentrés en République démocratique du Congo. « Un petit groupe, composé de Serge Kambasu et Jérôme Mashagiro se trouve déjà à Goma« . Les rumeurs à Kinshasa affirment que le nouveau gouvernement de cohésion nationale pourrait être annoncé dans les prochains jours. Certains pensent qu’il sera formé avant le voyage du Président Joseph Kabila à Paris, le 21 mai prochain, pour y rencontrer François Hollande.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
C est terrible, en RDC, tout le monde se bat pour entrer ai gouverneent, même sans avoir les mêmes
idéos. On a beau critiqué farouchement le Gouvernement et même pris les armes, tuant des innoncentes personnes pour obliger le Gouvernement à s’ ouvrir. L’ important n est pas de servir le peuple mais plutôt se remplir les proches. De l ‘autre conté, on a affaire à un gouvernement qui n écoute que le langage des armes. Les opposants non armés et la Société Civile ne sont pas écoutés et sont méprisés, fragilisés. Le pays fonctionne sous un modèle très archaïque et il ne pas à espérer qu’ il sorte de ce marasme sous peu.