Les affrontements ont continué ce mardi dans la capitale congolaise, alors que les autorités ont décidé de couper internet, les SMS et les connexions 3G. Plusieurs opposants ont été arrêtés.
Après une journée d’émeutes lundi 19 janvier dans une dizaine de quartiers de la capitale congolaise, ce mardi a également été marqué par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de police. Si lundi, les Kinois répondaient à l’appel des partis d’opposition pour contester le projet de modification de la loi électorale, aujourd’hui ce sont des rassemblements spontanés qui se sont formés dans ces mêmes quartiers : Masina, Ndjili, Ngaba, Birza, Salongo… Des commissariats, des bus ou la Mairie de Ngaba ont été incendiés. Place de la Victoire et à l’université de Kinshasa (Unikin), de nombreux coups de feu ont été entendus par les Kinois. Les étudiants, toujours très mobilisés contre le régime du président Joseph Kabila, ont érigé des barricades et brûlé des pneus. La majorité des commerces avaient décidé de fermer boutique. Des pillages ont été signalés. Difficile d’avoir un bilan de ce deuxième jour d’affrontement à Kinshasa, certaines sources parlant de 14 morts. Pour l’opposition, il y a eu une vingtaine de morts lundi, alors que les autorités n’ont recensé que quatre victimes.
Internet coupé et opposants arrêtés
Signe de l’extrême fébrilité qui régnait à Kinshasa ce mardi, le gouvernement a décidé, outre d’interdire certains médias d’opposition, de couper l’accès à internet, aux SMS et à la connexion 3G. Certains Kinois pouvaient encore téléphoner via le réseau de Brazzaville, la capitale voisine. Pour l’opposition, cette coupure inédite en RDC vise à limiter la circulation des images des troubles sur les réseaux sociaux. Des photos de nombreux blessés se sont répandus sur la toile au cours des affrontements de lundi. Autre signe de tension, les autorités congolaises ont procédé à des arrestations d’opposants, très tôt dans la matinée. Sur la liste, on trouve Jean-Claude Muyambo, un ancien cadre de la Majorité présidentielle, passé dans l’opposition après ses critiques sur Joseph Kabila qui chercherait à se maintenir au pouvoir. A 5h du matin, l’ancien bâtonnier de Lubumbashi a été amené devant le Parquet. Les autorités ne reprochent pas les appels à manifester de Jean-Claude Muyambo, mais une vieille affaire de « transaction financière » datant de 2002. Muyambo a ensuite été transféré à la prison de Makala en fin d’après-midi. L’opposant Vital Kamerhe, président de l’UNC, qui craint aussi pour sa sécurité, avait décidé de l’accompagné devant le parquet en compagnie de Martin Fayulu et Emery Okundji. Dans l’entourage du patron de l’UNC on affirme que le régime veut « casser » le rapprochement qui est en train de s’opérer entre Jean-Claude Muyambo et Vital Kamerhe. Un autre leader de l’opposition, Franck Diongo, président de la MMP, a également été interpellé.
Où est l’UDPS ?
Depuis le soulèvement de lundi dans la capitale congolaise, l’UDPS a brillé par son absence. Son secrétaire général, Bruno Mavungu, pourtant co-organisateur de nombreuses manifestations à l’automne avec d’autres partis d’opposition, ne s’est pas manifesté ce lundi et n’a pas appelé à descendre dans la rue. Il a fallu attendre mardi après-midi pour voir le président historique de l’UDPS, Etienne Tshisekedi (82 ans, en convalescence à Bruxelles), lancé un appel « pour contraindre ce régime finissant à quitter le pouvoir ». Comment expliquer ce retard à l’allumage ? Edouard Olito, responsable de l’UDPS France, que nous avons pu joindre ce mardi soir, nous a expliqué la position très « délicate » de son parti. « Le problème avec Sauvons le Congo et l’UNC, c’est qu’ils ont décidé de participer au Parlement après les élections truquées de 2011, se justifie Edouard Olito, et nous ne reconnaissons pas ces institutions. Si nous sommes d’accord avec les manifestants et que ces évènements vont dans le sens de nos intérêts et de ceux des Congolais, officiellement, nous ne pouvons nous y associer ». Une stratégie difficilement lisible pour les Kinois dans la rue, qui ont massivement voté pour Etienne Tshisekedi en 2011, ou pour les « Combattants », ces opposants de la diaspora, résolument anti-Kabila. La déclaration d’Etienne Tshisekedi en fin de journée viendra tout de même remettre l’UDPS dans la marche de l’histoire.
L’opposition maintient la pression
En fin de soirée, mardi, les partis d’opposition réunis à Kinshasa ont « déploré la mort de 28 personnes » et demandé aux Congolais « d’arrêter les pillages ». L’opposition appelle au « maintien de la pression jusqu’au retrait pur et simple de la loi électorale ». Si le projet de loi n’était pas retiré, l’opposition « invite alors le peuple à faire usage de l’art.64 de la Constitution (usage de la force) » jusqu’au départ du président Joseph Kabila. Monseigneur Laurent Monsengwo, une autorité religieuse très écouté en République démocratique du Congo, a lui aussi pris la parole ce mardi. Le cardinal a « condamné les violences » de Kinshasa et demandé aux politiques de « ne pas marcher sur le sang des Congolais ». Monsengwo a rappelé son opposition « à toute révision constitutionnelle et à toute modification de la loi électorale ». Laurent Monsengwo a également annoncé la fermeture de toutes les écoles catholiques jusqu’au lundi 26 janvier.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Monsengwo représentant d’une église venue dans les bagages du colonisateur prend position et ferme les écoles catholiques pour une semaine
C’est difficile de comprendre les politiciens congolais. Ils brillent par une certaine » idiotie » et la désinvolture ! Ces Profs d’universités, ne peuvent-ils pas remplacer le Président J. Kabila en 2016 et lui permettre de revenir en 2021 pour continuer son œuvre inachevée ?
Il y a lieu de retirer cette loi qui pose problème. Le peuple n’en veut pas. Trop de mensonges diffusés par les gens de la MP. Trop de morts pour assurer un pouvoir vacillant.
Il y a de quoi fermer des écoles pour ne pas faire tuer nos enfants par une police aussi affamée que le peuple.
Toutefois, l’aperçu des actions de 2016 est déjà compris par la majorité au pouvoir.
A bon entendeur, salut!