En liberté provisoire, l’opposant congolais vient de se voir proposer un passeport diplomatique pour rentrer à Kinshasa. Un retour qui pourrait bien arranger le président Joseph Kabila.
Le scénario du retour au Congo s’accélère pour l’ancien vice-président congolais. Après son acquittement surprise par la Cour pénale internationale (CPI) début juin et sa libération provisoire, le patron du MLC pourrait assez rapidement organiser son come-back sur la scène politique congolaise. Objectif : participer au prochain congrès de son parti qui s’ouvrira le 12 juillet à Kinshasa. Pour cela, Jean-Pierre Bemba devra tout de même attendre la décision de la CPI, le 4 juillet, qui doit statuer dans la seconde affaire de subornation de témoins. Selon toute vraisemblance, la Cour devrait sonner la fin des ennuis judiciaires pour l’opposant, qui pourrait alors décider de retourner au plus vite au pays.
Mais le Sénateur Bemba avait encore une obstacle sur la route de Kinshasa : un nouveau passeport valable. Là encore, contre toute attente, Kinshasa, qui pouvait être réticent à laisser rentrer un adversaire politique de poids à Joseph Kabila à 6 mois des élections, vient de décider d’octroyer un passeport diplomatique à l’ancien vice-président. Comment expliquer alors cette mansuétude envers Jean-Pierre Bemba alors qu’un autre opposant, Moïse Katumbi, se voit refuser l’attribution de son nouveau passeport biométrique et qu’une dizaine de prisonniers politiques croupissent encore dans les prisons congolaises ?
Comment se servir du retour de Bemba ?
On peut penser que la décision de renouveler le passeport diplomatique de Jean-Pierre s’est décidée au plus haut niveau. Et de croire que le retour de Jean-Pierre Bemba s’inscrit alors dans la stratégie de Joseph Kabila pour se maintenir au pouvoir. Si Joseph Kabila n’a certainement ni souhaité ni prévu l’acquittement surprise de son plus féroce adversaire aux élections de 2006, le président congolais semble l’avoir intégré dans sa tactique et compte bien se servir du come-back du « chairman » sur la scène politique. Le très probable retour de Jean-Pierre Bemba à Kinshasa peut permettre à Joseph Kabila : soit de reporter une nouvelle fois les élections en nommant le patron du MLC à la Primature, soit l’utiliser pour diviser un peu plus l’opposition qui se cherche toujours un candidat unique, seul capable de remporter une présidentielle à un seul tour.
« Le MLC veut le pouvoir »
En rentrant à Kinshasa, Jean-Pierre Bemba provoque un nouveau clivage politique en cherchant à reprendre le leadership de l’opposition. Un des porte-paroles du MLC, Fidèle Babala n’a pas fait dans le détail pour expliquer la position de son parti : « le MLC n’est pas comme l’UDPS (de Félix Tshisekedi, ndlr) et sa politique de la chaise vide, nous c’est le pouvoir ! » En s’affirmant ainsi, le MLC de Bemba se présente comme une nouvelle alternative dans l’opposition face au « couple » Tshisekedi-Katumbi, qui tentent de mettre en place un programme commun de l’opposition en vue d’une candidature unique. Reste maintenant à savoir se que fera l’UNC de Vital Kamerhe qui pourrait être séduit par l’idée de rejoindre le ticket Bemba. En tout état de cause, quelque soit le scénario : avec une opposition divisée, seul le candidat de la majorité peut espérer remporter la prochaine. présidentielle. Reste à savoir si Joseph Kabila osera présenter sa candidature ou laisser la main à un homme lige de son camp.
Une course contre la montre est désormais lancée. Le président congolais doit s’adresser à la nation avant le 20 juillet et la fin de la session parlementaire. Joseph Kabila doit se plier à un exercice qu’il n’aime pas : sortir du silence et désigner (peut-être) son dauphin. Quant à Jean-Pierre Bemba, il a jusqu’au 8 août pour déposer sa candidature à la prochaine présidentielle. Pour Moïse Katumbi, toujours en exil forcé en Europe, l’équation est plus délicate : il n’a plus de passeport et risque la prison s’il remet les pieds à Kinshasa.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Un passeport, fût-il diplomatique ou non pour Bemba : c’est un faux problème. Bemba, lors de son arrestation fut sénateur et n’a jamais été déchu malgré les dix ans passés injustement dans le geôle de la CPI. Bemba a plein droit de jouir de ses droits en tant que congolais et sénateur. Le comparer à Moïse Katumbi dont nous regrettons tous un éloignement injuste et haineux, est faire une analyse biaisée. Je comprendrais si c’était Antipas Mbusa Nyamwisi, l’ autre bête noire de Kabila.
En ce qui concerne l’ avenir politique de Bemba, ce serait indécent d’apporter des béquilles à un Kabila handicapé.
Très bien dit Christian.
BEMBA est toujours sénateur de la République Démocratique du Congo. Il a été acquitté, Il est lavé, et blanchi de toute accusation. D’ailleurs, c’est ce qu’il a toujours clamé depuis le début du procès.
Un procès qui s’est déroulé sans que les principaux accusés ne soient inquiétés. Le Président PATASSE, qui a demandé à être écouté, n’a même pas été entendu. Quelle discrimination, fondée soi-disant sur la théorie du gros poisson.
M. BEMBA n’a jamais tronqué la nationalité congolaise contrairement à M. KATUMBI, qui est italien, zambien, et certains disent même qu’il est aussi israélien. Pour délivrer à M. KATUMBI un passeport congolais, il doit d’abord demander sa réintégration à la nationalité congolaise, demande qu’il n’a jamais effectuée selon le Ministre de la justice congolais. M. BEMBA, était un prévenu de justice pendant 10 ans, durant lesquels les coupables étaient en liberté, et que ces documents administratifs étaient expirés, en tant que congolais, la loi oblige les gouvernants de lui délivrer un passeport diplomatique comme tous les sénateurs d’ailleurs. Où est-ce vous allez chercher des stratégies de KABILA dans cettte procédure administrative prévue par la loi?
c’est de cette manière que vous vous préparez à camoufler la victoire par la fraude de la majorité présidentielle.En disant s’ils ont échoué c’est parce qu’ils n’étaient pas unis.Qui peut voter le dauphin de kabila?Pourquoi s’acharne-t-il à faire le vote par la machine?
Est-ce que sincèrement un candidat du pouvoir peut gagner l’élection présidentielle sans la fraude? Pour qui prenez-vous les congolais? Vous pensez que malgré cette souffrance infligée par ce pouvoir qu’il endure au quotidien ,il vont voter un candidat du pouvoir?
Votre analyse est à coté de la plaque.Une telle affirmation est insulte aux congolais pour dire que ce sont des bêtes.
Bemba doit etre conscient du danger qui.l’ attend a son retour. Il.serait fort en declinant toute offre, car son union avec le Unc et la Kabilie aura comme but de l’eliminer politiquement et si.pas …
Il doit penser a Bruno et Sammy qui sont finis…
A bon entemdeur…
Le train de la liberation.est en marche
Bemba n’a pas besoin de passeport diplomatique pour rentrer en RDC , juste un laissez passer. Attention à la manipulation.
Afrikarabia : en fait il a juste besoin d’un document de voyage (le sien n’est plus valable), il se trouve que les autorités lui délivreront un passeport diplomatique.
Monsieur le journaliste, votre analyse est bien biaisée. Aucun candidat de la majorité ne passera sans la machine à tricher, même Kabila lui. Si le contraire arrivait, çà sera le début d’une autre guerre civile. Attention ne prenait pas les congolais comme de moins que rien, surtout ne cherche pas à réfléchir à leur place par vos analyses bidons.
Selon moi, aucun candidat de l’actuelle majorité ne peut gagner les élections même si l’opposition n’as pas un candidat unique. A vrai dire, votre analyse n’as pas tenu compte de ce que pense le Congolais. Je suis porté à croire que c’est très orienté.
A la lecture des commentaires à cet article sur une « hypothèse ou d’ailleurs hypothèque Bemba clairement choisie par ‘JK’ » on peut se demander si les Congolais pour des vœux patriotiques légitimes (condamner les actes démagogiques du régime) n’ont pas le mauvais génie de ne pas moins s’en affubler consciemment ou inconsciemment d’un voile qui leur cache la réalité du pays ? Il serait trop aveugle de ne pas voir que tel qu’il s’annonce le retour de Bemba arrange bien ce pouvoir…
En effet que nous ne le souhaitions pas n’empêche que la réalité est celle d’un pouvoir arbitraire qui manipule largement son monde à sa guise, qu’à dessein celui-ci caresse fortement, activement et malignement le projet de se rallier le soutien d’un Bemba de retour inattendu sur la scène politique active et qu’enfin au vu de cet accueil trop complaisant que le pouvoir lui offre (contrairement à Katumbi), il opère bel et bien par ruse pour arriver à son objectif : brouiller toujours les cartes pour s’assurer qu’un système à sa solde perdure…
Que fera Bemba devant cet assaut de sollicitude bien intéressée du pouvoir ?
Dispose-t-il d’assez de ressources psychologiques, éthiques, financières et politiques (ses soutiens !) pour se donner un réel recul d’intelligence et de responsabilité en le refusant ou en le jugeant plus sereinement en dehors de toute fièvre due à sa présence inespérée à ce stade ?
Ou encore est-il acculé d’user d‘amabilités’ malvenues en l’acceptant afin d’éviter quelque tuile juridicio-politique de ce pouvoir dont personne n’ignore plus la capacité diabolique à manipuler tout et tous ?
Voilà les vraies questions que nous devons nous poser et que Rigaud dans son analyse/opinion ci-dessus a bien perçues, selon moi…
Il ne tiendra donc qu’à Bemba de choisir sa voie, et ce n’est pas encore acquis à mon avis, attendons ses réponses : pour lui et avec ‘JK’, pour lui et le pays même sans ou contre ‘JK’ ? Autant d’alternatives effectives devant lui mais d’ores et déjà il est permis de douter que cette fois encore il ne soit pas de nouveau pris en otage par ‘JK’ pour « accepter l’inacceptable » malgré ou à cause de son expérience ?
Passeport diplomatique ou pas, selon la loi ou accordé trop expéditivement, nous prions tous que son épisode trop conciliant en 2006-7 ne se reproduise pas cette fois : « le pouvoir pour le pouvoir » qui semble avoir été sa ligne de conduite jusque-là n’est pas la meilleure option, et pour lui et pour le pays…
Quant à la variante de la même attitude des Congolais qui consiste à augurer envers et contre tout de l’échec de tout représentant de la majorité aux prochains scrutins face à des électeurs qui majoritairement n’en veulent pas, c’est encore mettre la charrue devant les bœufs. Nous sommes-nous déjà demandés si des élections véritablement justes étaient possibles dans nos conditions càd celles où ce pouvoir détient encore la maîtrise de leur organisation ? Autrement dit, sommes-nous tout à fait raisonnables d’accepter ces scrutins dans l’état comme nous le presse plutôt indifférente sinon hypocrite la CI ?
A bien écouter le CLC, il ne dit pas tout à fait le contraire : la machine à voler, la loi et le fichier électoraux tripatouillés, le non-respect de la Constitution et des Conventions (l’Accord de la St Sylvestre 2016 exige notamment une décrispation encore introuvable), etc, etc… Sont encore là…
Oui, Bemba risque bien d’être la nouvelle carte fétiche dans les mains de ‘JK’. Ces opposants encore trop divisés et impuissants sont-ils à même de se l’approprier de leur côté contre ‘JK’ ? Rien n’est moins sûr à moins que ce soit Bemba lui-même qui se réveille plus intelligent, plus patriotique, plus rassembleur et moins individualiste pour les coiffer pour le meilleur…
PS
Tentons d’élargir notre vue, de compléter notre entendement sur le cas Bemba !
En attendant de savoir ce qu’il va proposer, l’équation Bemba est à trois principales inconnues :
Le premier terme, c’est sa possible alliance avec ‘JK’, celle-ci comporte en fait deux faces :
– ‘La carte Bemba’ que jouerait le pouvoir qu’expose largement ci-dessus C Rigaud : conquis par les offres que lui fait le pouvoir en vertu des faveurs sur la table, devenir son PM en une nouvelle transition, un nouveau dialogue ou un deal qui en ferait son successeur à condition que les intérêts du système en place soient préservés, il accepte de jouer le jeu. Cela répondrait quelque part aux propos de Babala qui assument sans scrupules que contrairement aux autres qui finassent sur une opposition radicale, le MLC est là pour accéder au pouvoir : « le pouvoir pour le pouvoir » donc !
– L’autre face qui aboutirait au même objectif consisterait en son choix stratégique personnel, quels que soient les faveurs de ‘JK’, il foncerait vers le pouvoir en imposant davantage sa vision des choses mais selon une alliance aussi bénéfique au régime !
Le second terme qui s’approche du dernier aspect, c’est sa conquête personnelle du pouvoir, fort de son passé de challenger convaincant, de son audience dans la population et de ses propres capacités de leader, sans se fonder sur une alliance avec le pouvoir. Nous l’avons évoqué dans notre dernière intervention sous forme d’interrogations…
Le troisième terme, que nous n’avons pas abordé ouvertement jusque-là, c’est le Bemba dont on dit qu’il a été embastillé à La Haye sur un plan des puissants et avec les facilités du pouvoir, pour laisser place à un leadership complet de ‘JK’ à l’issue des élections de 2006. Louis Michel et l’UE avaient alors choisi d’imposer ‘JK’ ‘à la grande écoute’, en passant avec les menaces et la protection offerte à travers l’EUFOR…
Les mêmes puissances occidentales auraient décidé aujourd’hui le contraire, ressortir le ‘pion Bemba’ pour pousser dehors ‘JK’ dont ils ne veulent plus mais qui s’incruste au pouvoir. Bemba en plus solide opposant (que Katumbi ?) ferait mieux l’affaire. Referez-vous ici à la lettre de l’américain H Cohen à la CPI qui lui demandait de libérer Bemba dont le Congo en plein trouble politique aurait besoin…
Si tels sont les vœux des puissants, gageons qu’ils mettront les moyens pour y arriver mais sauront-ils effectivement vaincre la résistance que fourbit avec tous les moyens dont il dispose et la détermination dont fait preuve ce pouvoir ? Ce n’est pas acquis d’avance malgré tout !
Que dire de plus là-dessus sinon que c’est la regrettable répétition des pouvoirs successifs chez nous qui nous ont été imposés par l’extérieur plutôt que d’abord choisis par le peuple Congolais.
Devons-nous accepter les yeux fermés Bemba parce qu’il nous permet de chasser le dictateur présent ?
Quid de la suite : la gouvernance qu’il mettra en place posera-elle moins de contestation de légitimité et surtout répondra-t-elle davantage aux attentes des Congolais ?
Il ne tiendra qu’à Bemba de s’éloigner de sa conception du « pouvoir pour le pouvoir » vers une réforme adaptée de notre système politique, pour une exigence nouvelle des acteurs politiques à rendre réellement des comptes et pour un programme politique vraiment démocratique et efficace pour le pays. En est-il capable ?
Quant à l’éventuelle Transition, à moins qu’elle soit sans ‘JK’, ce qui pour le moment reste très hypothétique, je doute qu’elle ait la faveur des décideurs occidentaux qui ne tablent que sur des élections immédiates qui sortiront selon eux des dirigeants disposant de la légitimité(?) avec tous les droits de gouverner mais une transition n’apparaîtra-t-elle pas toujours aux yeux de beaucoup de Congolais comme un énième subterfuge servant un glissement honni ?
Toutes ces trois inconnues restent ouvertes, que fera effectivement Bemba ? Attendons voir, il n’a encore rien dit personnellement et directement…