Amnesty International appelle l’armée congolaise et les rebelles du M23 à cesser les bombardements avec des roquettes non-guidées et demande à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur ces attaques « en tant que crimes de guerre ».

En 2024, Amnesty International a documenté plus de 150 tirs d’armes explosives « à large rayon d’impact » sur des zones densément peuplées dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces bombardements des rebelles du M23, appuyés par le Rwanda, mais aussi de l’armée congolaise ont fait plus de 100 morts et des centaines de blessés parmi les populations civiles. Des attaques « qui bafouent le droit international humanitaire et constituent probablement des crimes de guerre » selon Amnesty International, qui a interrogé 60 personnes et s’est rendue sur plusieurs sites bombardés. L’ONG explique que « le M23 et l’armée congolaise ont utilisé de manière répétée des roquettes non guidées tirées depuis le sol, notamment des roquettes Grad de 122 mm. Ces systèmes d’armement sont imprécis par nature et leur utilisation dans des zones habitées présente un risque très élevé de pertes civiles ».
50 morts en 3 attaques
L’utilisation de ces attaques aveugles « a coïncidé avec une offensive de grande envergure menée par le M23, avec le soutien appuyé des Forces rwandaises de défense (RDF) d’après un rapport de l’ONU, contre l’armée congolaise sur plusieurs fronts dans la province du Nord-Kivu, en janvier 2024 ». Des bombardements particulièrement meurtriers. Trois attaques ont tué de plus de 50 civils, soit plus de la moitié du bilan total » se désole Amnesty. « Le 25 janvier 2024, un tir d’artillerie provenant probablement des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a détruit une maison du quartier de Bukama, dans la ville de Mweso, à environ 100 kilomètres au Nord-Ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Il a fait au moins 19 morts et 25 blessés, dont 15 enfants, selon des sources médicales. Amnesty International n’a trouvé aucune preuve de l’existence de cibles militaires à l’intérieur ou à proximité de la zone d’impact ». Selon quatre témoins, les tirs provenaient de Katsiru, alors sous contrôle des FARDC.
Des lanceurs Gread utilisés par le M23
Le 4 mars 2024, raconte Amnesty, « une munition a touché une colonne de civils fuyant à pied la ville de Nyanzale, attaquée par le M23, faisant au moins 17 morts et une dizaine de blessés ». Selon trois témoins et un observateur de l’ONU, les tirs provenaient de la colline de Kihondo, contrôlée par le M23. Amnesty International a interrogé de nombreuses victimes et vérifié 27 photos et trois vidéos prises après l’attaque, « qui montrent que la munition était une roquette Grad de 122 mm non guidée. Le M23 possède de nombreux lanceurs Grad-P, susceptibles de tirer ce type de roquettes, et la distance entre la position du M23 à ce moment-là et l’impact correspond à la portée de cet armement ».
Des crimes de guerre
Amnesty déplore enfin que les enquêtes promises par les autorités congolaises semblent « au point mort ». L’ONG demande à la Cour pénale internationale (CPI), dont le bureau du procureur a réactivé ses investigations sur la crise sécuritaire à l’Est de la RDC, « d’enquêter sur les attaques menées contre des zones civiles densément peuplées (…) en tant que crimes de guerre, en vue de traduire en justice les responsables présumés, puisque les autorités congolaises ont montré leur manque de volonté ou de capacité en la matière ». Pour Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, « le M23 et l’armée congolaise doivent cesser de tirer des roquettes, des mortiers et d’autres explosifs à large rayon d’impact sur des zones densément peuplées. Les belligérants doivent respecter le droit international humanitaire en prenant toutes les précautions possibles pour éviter ou réduire au minimum les préjudices causés aux civils lors des attaques. »
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Amnisty international devrait demander aux usines des fabricants d’armes de fermer leurs portes; au Rwanda et ses parrains que sont l’Occident et les États Unis Unis d’Amérique de mettre fin à leur projet de balkanisation.