Kinshasa s’est transformée en ville morte pour le dernier jour du mandat de Joseph Kabila. Un calme précaire qui fait craindre une crise politique de longue durée, qui démarre au lendemain du 19 décembre… le jour où Joseph Kabila devient illégitime aux yeux des opposants congolais.
Certains prédisaient le chaos pour la dernière journée du mandat du président Joseph Kabila. Finalement, ce lundi 19 décembre a tourné à la journée ville morte. Rues désertes, commerces fermés… le centre-ville de Kinshasa tournait au ralenti ce matin. Il faut dire qu’un large dispositif sécuritaire était déployé aux carrefours stratégiques de la ville interdisant tout rassemblement de plus de 10 personnes dans la rue. Seul point de fixation de la matinée : l’université de Kinshasa (Unikin) où un déploiement massif de militaires bloquait le rond-point Ngaba, attisant la colère des étudiants. Après quelques heurts en fin de matinée, la situation était de nouveau « sous contrôle » dans l’après-midi à l’Unikin, selon la police congolaise. En province, l’interdiction de manifester a également été respectée dans les principales villes de RDC. A Lubumbashi, le fief de l’opposant Moise Katumbi, le quadrillage systématique de la ville a rendu impossible tout rassemblement. C’est à Goma que les affrontements entre manifestants et force de sécurité ont été les plus violents. Selon Human Rights Watch (HWR), 41 personnes ont été interpellées dans la capitale du Nord-Kivu et 28 à Kinshasa.
Internet perturbé, médias censurés
Pour cette journée sous haute tension, les autorités congolaises avaient également prévu de couper l’accès aux réseaux sociaux. En fonction de l’opérateur, de la province et de l’heure de connexion, certaines applications comme Facebook ou Twitter étaient peu ou pas accessibles. Mais c’est surtout l’envoi d’images ou de vidéos qui était souvent rendu impossible, notamment à Lubumbashi. L’accès aux réseaux sociaux a donc été perturbé mais pas intégralement suspendu comme redouté. Concernant les médias, après Radio France internationale (RFI), censurée depuis 6 mois, les signaux de Canal Congo Télévision (CCTV) et de Radio Liberté Kinshasa (RALIK) appartenant à l’opposant Jean Pierre Bemba, ont été coupés ce lundi matin.
Une chape de plomb qui ne peut pas durer
Sans appel clair à manifester de l’opposition (Etienne Tshisekedi n’a donné aucune consigne), les Congolais ont donc décidé de rester chez eux à la veille de la fin du dernier mandat de Joseph Kabila face à un imposant dispositif sécuritaire mis en place par les autorités congolaises. Mais Joseph Kabila pourra-t-il maintenir le pays « sous cloche » très longtemps ? Le verrouillage sécuritaire et les perturbations de l’internet peuvent-il durer ? Sans doute pas. Car en plus de la crise politique qui plonge la RDC dans l’instabilité, il ne faut pas oublier que le pays s’enfonce également dans une crise économique profonde que la chape de plomb sécuritaire aggrave un peu plus. Une situation qui deviendra rapidement intenable pour la population, mais aussi pour les opérateurs économiques du Congo. Et c’est évidemment le pari que fait l’opposition : celui d’un long bras de fer que le pouvoir ne pourra pas tenir indéfiniment.
… et Joseph Kabila devient « illégitime«
Pour la majorité présidentielle, qui sait que le plus dur reste à venir, ses espoirs d’apaisement se portent sur le retour de la médiation de l’Eglise catholique mercredi et sur la très prochaine nomination du nouveau gouvernement issu de l’accord politique d’octobre. Car si les sécurocrates de Kinshasa affirment pouvoir tenir la rue « aussi longtemps que possible », les cadres politiques de la majorité présidentielle ont hâte de tourner rapidement la page des 19 et 20 décembre. A partir du 20 décembre, la République démocratique du Congo (RDC) entre dans une nouvelle ère : celle d’une transition « illégitime » aux yeux de l’opposition. Une situation que compte bien exploiter le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi lorsqu’il reviendra mercredi autour la table des discussions. Pour cette plateforme d’opposition il n’y a plus rien à négocier avec le pouvoir en place à compter du 20 décembre. L’objectif des opposants au président Kabila est donc de rentre la période transitoire « ingérable » et le pays « ingouvernable ». Autant dire que la tension n’est donc pas prête de retomber au Congo.
Un nouveau gouvernement… à minuit moins dix !
En fin de soirée, dans un scénario méticuleusement mis en scène, alors que les sifflets et les bruits de casseroles se faisaient entendre à l’approche de la fin du mandat de Joseph Kabila fixé à minuit, la télévision nationale (RTNC) a interrompu ses programmes pour donner la liste des 60 ministres du nouveau gouvernement de Samy Badibanga. Et ce n’est pas un hasard : la composition du nouvel exécutif a été annoncée à minuit moins dix… dix petites minutes avant l’expiration du mandat de Joseph Kabila. La lecture de l’ordonnance de nomination à la télévision publique a donc été prononcée en plein concert de sifflets dans les quartiers populaires de la capitale. Lundi soir, Kinshasa s’est donc endormie dans une drôle d’ambiance mêlant crainte, incertitude et espoir, en attendant… le jour d’après.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
il faut que l amerique et l europe interviennent pour l or et le pétrole nous savons agir mais pour défendre un peuple contre un dictateur qui massacre les citoyens nous tournons la téte le roi kabila devrait prendre exemple sur hollande j ai échoué je part bonne chance et bon courage au peuple congolais