Un conflit qui s’éternise, une aggravation de la situation humanitaire, la Conférence internationale pour la paix et la prospérité dans les Grands Lacs du 30 octobre à Paris, devrait permettre de lever des fonds face à la chute des financements internationaux. Les ONG qui opèrent en RDC appellent surtout la communauté internationale, les bailleurs et les décideurs politiques à « garantir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire ».

En crise humanitaire récurrente depuis plus de 30 ans, la République démocratique du Congo (RDC) a vu la situation se dégrader début 2022 avec le retour des combats entre les rebelles de l’AFC/M23 et l’armée congolaise à l’Est du pays. Depuis janvier dernier, et la prise de Goma et Bukavu par la rébellion, les combats se sont encore intensifiés, entraînant plus de 2 millions de nouveaux déplacés. Au total, la RDC compte aujourd’hui 5,7 millions de déplacés, très majoritairement concentrés sur les trois provinces orientales : Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri. Un collectif de 12 ONG international (1) sera partie prenante de la Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs qui se tiendra à Paris le 30 octobre, organisée par la France et co-présidée par le Togo, médiateur de l’Union africaine.
« Seulement 16% du plan de réponse humanitaire sont financés »
Dans son volet humanitaire, la Conférence de Paris aura pour principal objectif de lever des fonds pour aider les humanitaires à protéger les civils pris au piège du conflit. Car si la violence des affrontements entre l’AFC/M23 et Kinshasa a augmenté les besoins humanitaires, le gel des financements américains par Donald Trump, via l’USAID, a fortement impacté les ONG présentes en RDC. « Au 15 octobre, seulement 16% du plan de réponse humanitaire à 2,5 milliards de dollars sont financés. Un seuil historiquement bas et loin des 53% financés à la fin de l’année 2024 » indique l’ONG Solidarités International. « Aujourd’hui, 500 millions de dollars d’aide ont été utilisés sur l’année 2025 », explique Luc Lamprière, représentant du Forum des ONG internationales en RDC (FONGI). « Ce qui est espéré, c’est de pouvoir obtenir un doublement de cette somme, soit 1 milliard de dollars ».
« L’insécurité alimentaire touche plus de 45% de la population »
Les besoins pour venir en aide aux populations sont énormes. « L’Est de la RDC est au bord d’une catastrophe humanitaire évitable. Sans corridors sûrs, sans médicaments ni nourriture, des milliers de vies sont menacées » s’alarme de docteur De-Joseph Kakisingi de l’ONG CONAFOHD. « L’insécurité alimentaire touche plus de 45% de la population du Nord-Kivu » rappelle Florian Monnerie, d’Action contre la Faim (ACF). En cause, la pauvreté endémique au Congo, mais il y a surtout « la faim liée au conflit, les combats, les déplacements massifs de populations, mais aussi les difficultés d’accès à la terre et de trouver de la nourriture en zone de conflit. On est dans une situation qui n’en finit pas et qui pourrait s’aggraver en 2026 ».
« L’aéroport de Goma est toujours fermé »
Au-delà du financement, ce que demandent les ONG qui travaillent au Congo, c’est de pouvoir garantir l’accès humanitaire. « Ce n’est pas qu’un problème d’argent, explique Luc Lamprière. Il faudrait suspendre les contraintes administratives. Il y a trop de travailleurs humanitaires qui sont bloqués à la frontière parce qu’ils n’ont pas les bons documents. Il faudrait un accès physiques aux différents lieux pour livrer des médicaments. L’espace aérien est bloqué, les avions ne peuvent pas voler et l’aéroport de Goma est toujours fermé ». Le représentant du Forum des ONG internationales en RDC espère que l’ensemble des acteurs qui seront présents à la Conférence de Paris puisse soutenir le droit à cet accès humanitaire. Un accès « sûr et sans entrave » dans toutes les zones de conflit, sous contrôle des rebelle ou du gouvernement congolais. « L’accès humanitaire, est la clé de la paix » plaide Luc Lamprière.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
(1) Action Contre la Faim, CONAFOHD-RDC (Conseil National des Fora d’ONG Humanitaires et de Développement en RDC), Coordination SUD, FONGI (Forum des ONGI RDC), Handicap International – Humanity & Inclusion, Médecins du Monde International Network, Oxfam, Première Urgence Internationale, Save the Children, Solidarités International, War Child Alliance Foundation, World Vision.


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