Un an après les manifestations de janvier 2015, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, les réunions et conférences-débats organisées par l’opposition ont toutes été annulées par la police. L’opposition dénonce une centaine d’arrestations.
La journée était symbolique. Il y a tout juste un an, le 19 janvier 2015, débutaient les premières manifestations contre la modification de la loi électorale dans les rues de Kinshasa et Goma. Une mobilisation fortement réprimée par les forces de sécurité congolaises. Les ONG internationales estiment à « au moins 42 morts » le nombre des victimes – voir notre article. Un an après ces événements, l’opposition avait renoncé à organiser de nouvelles manifestations et projetait de tenir des réunions et des conférences-débats sur la crise électorale. Si des marches ont eu lieu à Goma et à Bukavu, dans l’est du pays, les réunions ont toutes été interdites par la police à Kinshasa.
La police s’est invitée à toutes les réunions
Dans la capitale congolaise 48 lieux de réunions avaient été choisis pour organiser des conférences-débats et dire « non au troisième mandat de Joseph Kabila à toute modification la Constitution ». La réunion de Jean-Lucien Busa, député du CDR, à Binza Delvaux, a été interrompue par la police, qui a dispersé le public, interpellant brièvement quatre journalistes. A Malweka, les forces de l’ordre sont intervenues avant l’arrivée de l’opposant Martin Fayulu, président de l’Ecidé, pour interdire la réunion. A Ngiri Ngiri, où Vital Kamerhe devait intervenir, des violences avec la police ont empêché la réunion avec le patron de l’UNC de se tenir. Même déconvenues pour la secrétaire générale du MLC, Eve Bazaïba , Gabriel Moka et Jacquemain Shabani qui se sont tous vus interdire leurs conférences par les forces de l’ordre.
« Pourrissement »
Alors que les autorités congolaises parlaient « d’attroupements hostiles, au regard du contenu des tracts qu’ils ont jetés dans la ville » sur les ondes de RFI, l’opposition dénonçait une énième entrave à la liberté de réunion et d’expression. La Dynamique de l’opposition estime que le pouvoir « cherche le pourrissement ». « Nous condamnons ces actes barbares et nous dénonçons ces pratiques honteuses et anti-démocratiques » tonne Martin Fayulu. Le leader de l’Ecidé parle d’une centaine d’arrestations. L’opposition n’avait pas souhaiter descendre dans la rue ce 19 janvier, anticipant la probable interdiction par la police de Kinshasa. Par contre, un nouveau rendez-vous a été fixé à la population le 16 février pour la traditionnelle marche des chrétiens, et cette fois-ci… dans la rue. Une manifestation « annulée » par l’Eglise catholique mais maintenue par les opposants.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia