De violents affrontements ont opposé ce lundi 19 janvier les opposants à la loi électorale et les forces de l’ordre. Des manifestations qui ont fait plusieurs morts et blessés. Quelles leçons tirer de cette folle journée d’émeute ?
L’opposition attendait beaucoup de cette journée de mobilisation populaire à Kinshasa et dans tout le pays. Les principaux partis d’opposition appelaient la population à descendre dans la rue pour s’opposer au projet de modification de la loi électorale, en cours au Parlement. Cette nouvelle loi pourrait conditionner la tenue de la prochaine élection présidentielle, au recensement général récemment lancé par le président congolais. L’opposition dénonce une « manoeuvre de la majorité » pour ne pas tenir le calendrier électoral et permettre ainsi à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat, qui doit prendre fin en 2016. Ce sont les quartiers populaires qui ont principalement répondu à l’appel de l’opposition, dans de multiples rassemblements qui devaient converger vers le Palais du Peuple. Mais la police avait méthodiquement quadrillé la capitale et très rapidement les manifestations se sont transformées en affrontements avec les forces de l’ordre. Toute la journée, Kinshasa a retenu son souffle entre scènes de chaos et quartiers étrangement déserts.
Les étudiants en première ligne
Dès le début de la nuit, le ton était donné par les forces de l’ordre en encerclant le siège de l’UNC, un parti d’opposition, non loin du Palais du Peuple. A l’intérieur, le président de l’UNC, Vital Kamerhe et Jean-Claude Mayumbo sont empêchés de sortir, les portes ayant été cadenassées par la police. Une « séquestration » dénoncée au petit matin par Paul Nsapu, de la FIDH. A Goma, dans l’Est de la République démocratique du Congo, des petits groupes se forment dans le centre-ville, sur la route de l’aéroport et quatre leaders de partis d’opposition (UNC, UDPS et Ecidé) sont immédiatement arrêtés. A Kinshasa, deux hélicoptères patrouillent dans le ciel. Il faut dire qu’au même moment, le président Joseph Kabila reçoit le président angolais Dos Santos au Palais du Peuple. Des barricades s’érigent dans plusieurs quartiers populaires : Masina, Meteté, Ndolo Devaux, Kasavubu… Des pneus brûlent au rond-point Ngaba. Mais c’est à l’Unikin, l’université de Kinshasa, que la tension est la plus forte. Les affrontements sont très violents avec la police et les étudiants annoncent en milieu de matinée la mort de deux des leurs. Au même moment, un policier est tué à Lemba et très rapidement, la photo du corps ci
rcule sur les réseaux sociaux. Les étudiants, aux avant-postes de la contestation, prennent d’assaut le rond-point Kimwanza. Plusieurs blessés sont signalés. Des étudiants de l’ISC se joignent également aux manifestations. Le quartier de Salongo est bloqué par des barricades. A l’Unikin, où des baraquements brûlent devant le campus, le site 7sur7.cd annonce le saccage du bureau du professeur Evariste Boshab, patron de la Majorité présidentielle et surtout… ministre de l’Intérieur.
L’examen de la loi reporté au Sénat
En milieu de journée, la Démocratie Chrétienne (DC), un parti d’opposition, annonce un premier bilan provisoire de 13 morts et 20 blessés. La place de la
Victoire est occupée par les manifestants, la police s’étant retirée. Vers 16h, Vital Kamerhe et Jean-Claude Muyambo peuvent enfin quitter le siège de l’UNC. La place de la Victoire est alors évacuée par la police avec des grenades lacrymogènes. Les manifestants, surtout des jeunes, scandaient des slogans hostiles au président Kabila : « adieu Kabila », « Kabila doit partir », « Kabila dégage ». L’opposition a dénoncé l’usage de balles réelles contre les manifestants, ce que récuse le porte-parole du gouvernement, qui ne parle que de quatre morts : « deux manifestants et deux policiers ». En fin de journée, conséquence de la journée de trouble dans les rues, le Sénat qui devait examiner le fameux projet de loi électoral, a décidé d’en reporter l’examen. Les Sénateurs de l’opposition estimant que « l’on ne pouvait pas poursuivre l’examen du texte dans un climat de tension ».
Et après ?
Au final, l’opposition a-t-elle réussi son pari de mobilisation ? Au regard du nombre de manifestants qui ont essentiellement agit par petits groupes d’une centaine de personnes, la mobilisation est faible. Pourtant deux phénomènes sont importants à noter : en multipliant les rassemblement aux quatre coins de la ville, les opposants ont pu donner l’image d’une capitale assiégée et paralyser la ville. Les commerces étaient pour la plupart fermés, ainsi que les écoles. Avec quelques milliers de manifestants en plus, les événements de ce lundi démontre que Kinshasa peut vite tomber dans un chaos dangereux pour le régime. Autre enseignement important : le rôle des jeunes et des étudiants, qui se sont fortement mobilisés aujourd’hui, n’hésitant pas à affronter frontalement les forces de l’ordre. L’Unikin pourrait ainsi devenir le principal foyer de contestation de la capitale à surveiller par les autorités congolaises. Dernier point, le Sénat joue la temporisation en reculant sur le projet de loi électoral. Un signe inquiétant pour la majorité qui voulait passer le texte « en force » et rapidement. Les prochaines heures seront donc cruciales dans la capitale congolaise. Reste à savoir quelles seront les prochaines consignes de l’opposition ?
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Il n’y a pas de Sénat en République Démocratique du Congo et donc, l’opposition n’y siège pas ! Les personnes qui siègent dans cette assemblée en dépit du fait que leur mandat est arrivé à expiration depuis près de trois ans sont à tout le moins les alliés objectifs du régime ! L’anarchie en République Démocratique du Congo a atteint un sommet rarement atteint même en Afrique ! Le décor est planté pour un chaos apocalyptique dans ce pays à moins que la Communauté internationale se décide enfin à prendre des sanctions et à engager des poursuites judiciaires contre les durs du régime !
notre politique est purement malade. donc on doit effacer le tableau et enfin reconstruire un nouvel État, dont premièrement le peuple serait ayant-droit, car c’est à lui le pouvoir.