La Cour constitutionnelle a validé la victoire contestée de Félix Tshisekedi à la présidentielle, prenant de vitesse l’Union africaine (UA) qui a annulé sa visite à Kinshasa ce lundi. Une première victoire diplomatique pour le nouveau duo Tshisekedi-Kabila.
Une victoire aux forceps ! Malgré la contestation et les soupçons de fraude qui pèsent sur l’élection présidentielle congolaise, la Cour constitutionnelle a officiellement proclamé dimanche Félix Tshisekedi président de la République démocratique du Congo (RDC). Sans surprise, la Cour a rejeté tous les recours déposés par Martin Fayulu, qui revendique toujours sa victoire. Des recours que le juge Noël Kilomba estime « irrecevables » ou « infondés », mais surtout « sans preuves ». Pourtant, les résultats fournis par les observateurs de la Conférence épiscopale (CENCO) et par les fuites de données de la Commission électorales elle-même, confirment la fraude et l’inversion des résultats – voir notre article. Selon ces données, Martin Fayulu serait bien arrivé en tête de la présidentielle (environ 60%), loin devant le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, et Félix Tshisekedi, avec seulement 15% des voix.
Un plan de partage du pouvoir
Le verdict de la Cour constitutionnelle vient renforcer l’idée d’une décision pilotée par le pouvoir encore en place à Kinshasa, qui a négocié les élections avec l’opposant Félix Tshisekedi et qui cherchait par tous les moyens à imposer son plan de partage du pouvoir. Car très étrangement, si Félix Tshisekedi est censé avoir remporté la présidentielle, son parti (UDPS) et celui de l’UNC, son allié, n’ont recueilli la majorité ni à l’Assemblée nationale, ni dans les assemblées provinciales… ni au Sénat ! Des résultats qui mettent la RDC devant une situation inédite de cohabitation, qui arrange les affaires de la coalition pro-Kabila qui, certes laisse la présidence entre les mains d’un opposant, mais garde les pleins pouvoir sur l’ensemble de la machine institutionnelle et étatique.
Une Cour constitutionnelle politisée
Après le rejet de son recours par la Cour constitutionnelle, Martin Fayulu s’est déclaré « seul président légitime » et a demandé à la communauté internationale de ne pas reconnaître Félix Tshisekedi comme président de la République démocratique du Congo. Ironie du sort, en 2011, c’est Etienne Tshisekedi, le père de Félix, qui tenait ce même discours lors de la réélection contestée de Joseph Kabila. Aujourd’hui, c’est son fils, Félix qui est au coeur de la contestation, avec en ligne de mire une Cour constitutionnelle, accusée par Martin Fayulu d’avoir validé un « putsch électoral » et d’être « au service d’un seul individu, Joseph Kabila ».
Il faut dire que la Cour constitutionnelle est, en effet, fortement politisée. Sur neuf membres, six ont été nommés par la majorité pro-Kabila (présidence et parlement confondus), et quatre sont affiliés au Front commun pour le Congo (FCC), la plateforme présidentielle. Deux juges ont été remplacés cet été, juste avant les élections, et sont considérés comme des proches du chef de l’Etat.
L’Union africaine hors jeu
La décision de la Cour constitutionnelle a pris de vitesse l’Union africaine (UA), qui demandait, avec l’Union européenne et les occidentaux, à la Commission électorale (CENI) de procéder à un recomptage des voix. Dans une posture qu’on lui connaissait peu, l’Union africaine s’était positionnée très fermement, en exigeant la suspension de l’annonce des résultats définitifs en raison de sérieux doutes sur la crédibilité des chiffres avancés par la CENI. Mais Kinshasa a décidé de forcer le passage, et de prendre de court les pays africains en déclarant Félix Tshisekedi « seul président légitime » du pays.
La Cour constitutionnelle coupe également l’herbe sous le pieds à la délégation de l’UA qui devait débarquer à Kinshasa ce lundi pour tenter de régler le contentieux électoral. Avec le verdict « irrévocable » de la Cour ce dimanche, il ne restait plus grand chose à négocier avec le nouveau et l’ancien président congolais, ce qui a poussé l’UA a annuler sa visite. Les pro-Kabila ont d’ailleurs fait remarquer qu’ils n’avaient pas leçons de démocratie à recevoir de présidents comme Paul Kagame ou Denis Sassou Nguesso, censés réclamer la « vérité des urnes ». En faisant reculer l’Union africaine, le nouveau tandem Kabila et Tshisekedi vient de remporter sa première victoire diplomatique.
Retour de l’incertitude
On pouvait penser qu’avec la tenue des élections, après deux ans de reports et d’une crise interminable, la situation politique se serait stabilisée dans le grand Congo. Bien au contraire, la crise post-électorale, née d’un scrutin bien peu transparent, plonge de nouveau le pays dans l’instabilité et l’incertitude. Le risque d’embrasement est réel et dépendra de l’attitude du perdant de ces élections, Martin Fayulu, et de sa capacité de mobilisation. Le leader de la coalition Lamuka a appelé les Congolais à organiser « des manifestations pacifiques sur toute l’étendue du territoire » pour protester contre la décision de la Cour constitutionnelle. Reste à savoir si les Congolais répondront à cet appel.
Car la population a tout de même l’impression d’avoir remporté deux petites victoires dans ce scrutin, si frauduleux qu’il soit. Les Congolais ont d’abord réussi, grâce la pression des manifestations, à éviter une nouvelle candidature de Joseph Kabila. Ils ont ensuite réussi à se débarrasser d’un candidat dont ils ne voulaient pas, Emmanuel Ramazani Shadary, grâce à une forte mobilisation dans les urnes. Enfin, même si le nouveau président aura bien peu de pouvoir et restera sous la coupe de la kabilie, il est tout de même issu de l’opposition et représente un « changement » espéré par de nombreux Congolais. Il n’est donc pas sûr que la population, lassée par une trop longue crise politique, descende dans la rue pour manifester contre Félix Tshisekedi. Le nouveau « président » a d’ailleurs tendu la main à tous les Congolais dans ses premières paroles prononcées dimanche. Félix Tshisekedi s’est engagé « à réconcilier les Congolais entre eux » et a prôné pour un Congo « qui ne sera pas un Congo de la haine, du tribalisme et de la division. Mais un Congo réconcilié ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Si le candidat Fayulu est aussi populaire qu’il le prétend et que vous semblez croire. S il a bien réuni le score de 60% mieux que le général de Gaulle en 1965 ou qu’aucun autre chef d état ou de gouvernement en occident, comment se fait qu’à ses appels à des manifestations dans tout le pays, personne ne répond. Il y a encore deux jours, juste une cinquantaine de ses militants se sont déplacés à Kinshasa qui est pourtant son fief. Avec 50 000 citoyens congolais ou même 10 000, qui se serait déplacés, la police n’aurait rien pu faire. Dans cette affaire il faut revenir à une certaine réalité, les manifestations d’engouement lors de la campagne s’inscrivait dans un contexte très particulier et ne constituait pas une force militante. Vous l’auriez su en interrogeant n’importe quel sociologue congolais vivant sur le territoire du pays. Les papas, les mamans, les enfants et même les personnes plus âgés présent dans les meetings n’allaient pas prendre le chemin d’une contestation violente, dans la rue, en cas de non élection de M. Fayulu. La campagne depuis l ère Mobutu correspond aujourd’hui, chez nous, à une tradition culturelle et folklorique en lien avec une certaine forme de d’animation politique. Les badauds, les curieux, la population en masse, se déplace pour voir les chefs, les leaders entendre ce qu’ils ont à dire et participer à la fête. Le déplacement n’est pas forcement un acte d’adhésion et plus profondément ce que je déplore c’est que cela n’est pas dans la plupart des cas l’expression d’une citoyenneté au sens de l’appartenance à un corps politique commun. Ceci ne s’est pas encore imprégné dans la conscience collective dans certaine zone de notre territoire national. Il vous faut, excusez moi du caractère abrupte de mon propos, affiner vos analyses et voir le peuple congolais comme il est, l’aimer pour ce qu’il est, essayer de partager avec lui les lumières de la science et du savoir, et non accoler sur lui des réalités hors sol et attendre de lui des comportements qui forcément vous décevrons car loin de vos attentes et analyses.
Balivernes! Le problème c’est qu’une imposture électorale vient d’être validée en RDC. Une de plus…
Félix TSHILOMBO Tshisekedi a commis une faute politique et morale en pactisant avec le bourreau des congolais;
Il vient dévoyer un grand Parti politique pour un plat de lentilles.
Comment votre champion va-t-il diriger le pays, lui qui n’a AUCUN pouvoir?
Vive le peuple congolais qui a tout compris lors de ces premieres elections democratiques
de ce grand pays:
Qu il revendique la sante pour tous sera maintenant enfin entendu par le nouveau pouvoir.
Pr.Dr.Yves Debaille Dir.de l IERST de Bruxelles