Hospitalisé à l’hôpital militaire de Brazzaville, « le général Jean-Michel Mokoko est en danger » selon ses proches qui refusent un possible transfert vers l’hôpital Albert Leyono. « Un mouroir » selon l’avocat Norbert Tricaud.
L’inquiétude est vive dans l’entourage de l’opposant congolais Jean-Michel Mokoko, condamné à 20 ans de prison après la réélection contestée du président Denis Sassou Nguesso. Très affaibli et après plusieurs malaises dans sa cellule, le général Mokoko a été transféré ce jeudi à l’hôpital militaire de Brazzaville. Testé positif au Covid-19, les proches de l’opposant et ses avocats craignent maintenant pour sa vie, alors que plusieurs sources évoquent un possible transfert de Jean-Michel Mokoko à l’hôpital civil Albert Leyono de Brazzaville.
Ses avocats et Amnesty demandent sa libération
« C’est un véritable mouroir ! » s’alarme l’un de ses avocats à Paris, Norbert Tricaud, joint par Afrikarabia. « L’envoyer à Leyono, c’est condamner le général Mokoko à une mort certaine ». Pour l’instant, sa compagne et son neveu se relayent à son chevet, à l’hôpital militaire, où ils considèrent le général davantage en sécurité. Ancien chef d’Etat-major de l’armée congolaise dans les années 90 avant de tomber en disgrâce, « Jean-Michel Mokoko se sent protégé par des militaires qui lui sont encore loyaux » indique Norbert Tricaud qui demande, avec un collectif de sept avocats, la libération de l’opposant congolais.
Amnesty International a appelé à procéder « de toute urgence à la libération du général Jean-Marie Michel Mokoko dont la santé est en danger, alors que des cas de contamination au Covid-19 ont été rapportés à la maison d’arrêt de Brazzaville où il est arbitrairement détenu depuis quatre ans ». Ancien candidat à la présidentielle de 2016, Jean-Michel Mokoko a été condamné en 2018 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État » et « détention illégale d’armes et de munitions de guerre ». Une condamnation « purement politique » selon plusieurs ONG des droits de l’homme.
Sassou Nguesso sourd aux appels de Le Drian
En septembre 2019, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian s’était ému du sort du général Mokoko et avait déclaré attendre « des actes » du président Sassou Nguesso… en vain. En pleine crise du Coronavirus, le président congolais a fait savoir que l’opposant n’était pas concerné par les mesures de désengorgement des prisons. Amnesty appelle à ce que « les autorités libèrent immédiatement et sans conditions tous les prisonniers d’opinion du pays ». Et ils sont nombreux, à l’image d’André Okombi Salissa, Parfait Mabiala Hojeij, Franck Donald Saboukoulou, Guil Ossebi Miangué ou Rolf Meldry Dissavouloud.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia