Le parti présidentiel est au bord de la crise de nerf. Une fronde menée par de nombreux cadres dénoncent le manque de démocratie, le « clientélisme, l’apologie de la corruption et la mauvaise gestion » du secrétaire général Augustin Kabuya, dont les jours pourraient être comptés. Explications.
La vie de l’UDPS n’a jamais été un long fleuve tranquille. Le parti de feu Etienne Tshisekedi a connu de nombreuses crises. En interne, les tensions, les coups d’éclats et les frondes semblent avoir toujours été la marque de fabrique du parti. Depuis quelques jours, l’UDPS est de nouveau entré dans une zone de turbulence. En ligne de mire : la gestion du parti par son secrétaire général, Augustin Kabuya. A la manoeuvre : l’ancien ministre de la Santé, Eteni Longondo, le président de la ligue des jeunes, Emany Diocko, Gecko Beya et une trentaine de secrétaires nationaux de l’UDPS, dont les fédérations du Benelux. Les reproches sont nombreux à l’encontre du tonitruand secrétaire général. Les frondeurs dénoncent « l’utilisation abusive de ses prérogatives, une gestion solitaire et personnalisée, l’apologie de la corruption, le clientélisme ou les humiliations en public des secrétaires nationaux ». La liste des griefs est longue comme le bras, mais ce que reprochent de nombreux cadres à Augustin Kabuya, c’est sa gestion trop autoritaire, trop centralisée et un manque de démocratie au sein du parti présidentiel.
Pour une « opération clarification »
Pour comprendre le malaise à l’UDPS, il faut remonter à la rencontre de Kisantu et au congrès extraordinaire du parti en 2023. Alors que Félix Tshisekedi brigue un second mandat et est empêché de diriger le parti, Augustin Kabuya avait été reconduit avec des pouvoirs renforcés qui lui permettaient d’engager pleinement l’UDPS pour les 5 ans à venir en cas de réélection du président. Alors que Félix Tshisekedi a bénéficié d’un nouveau mandat, les frondeurs plaident aujourd’hui pour « une clarification avec la mise en place d’une cellule de crise et l’organisation d’un congrès extraordinaire », explique Dorley Matumona à Afrikarabia. Pour ce cadre de l’UDPS, « on a trop retardé à la réorganisation du parti. Nous devions organiser un congrès qui n’a jamais eu lieu. Certains textes, dont l’article 26 sur l’empêchement du président, ne sont plus d’actualité. Il y a donc beaucoup de frustration au sein de l’UDPS pour ceux qui souhaitent vraiment le changement ». La célèbre formule du secrétaire général, « Tosa obika », « soumets-toi pour obtenir quelque chose » en lingala, ne passe plus.
Des frondeurs « déçus »
La remise de jeeps aux députés provinciaux UDPS de Kinshasa par Augustin Kabuya avait fait polémique en mai 2024, et beaucoup choqué Dorley Matumona. « Notre ADN à l’UDPS, c’est le combat contre les anti-valeurs. Comment justifier cet acte pour que des députés élus de l’UDPS votent pour un candidat gouverneur… de l’UDPS ! C’est très grave et c’est trop. Nous sommes encore à la recherche de la provenance des fonds, qui ne viennent pas de l’UDPS, et qui ont permis l’achat de ces véhicules ». Dans le camp Kabuya, on minimise l’ampleur de la fronde, et on plaide la « légitimité totale » de l’actuel secrétaire général, « qui a toujours la confiance du chef de l’Etat ». Certains frondeurs seraient des « déçus du parti », comme Eteni Longondo qui n’a pas obtenu de ministère, ou Gecko Beya qui n’a pas été élu député.
« Il en va de la survie du parti »
Pour le militant des droits humains et observateur attentif de la vie politique congolaise, Jean-Claude Katende, « la lutte au sein de l’UDPS n’est pas une lutte pour l’amélioration de la gouvernance du parti ou du pays, mais une lutte de : tu as trop mangé, laisse-nous la place qu’on mange aussi ». Le président de l’ASADHO, sur son compte X, prédit que cette énième crise « affaiblira et impactera négativement le parti ». Le second et, officiellement, dernier mandat de Félix Tshisekedi aiguise les appétits et les rivalités. Jean-Claude Katende y voit « un indicateur de ce qui se passera dans ce parti à la fin de ce dernier mandat ». Dorley Matumona s’en inquiète et souhaite une rapide réorganisation de l’UDPS en vue de la prochaine échéance de 2028. « Il en va de la survie du parti ». Une réorganisation que beaucoup voient sans Augustin Kabuya. Avec une question en suspens : Félix Tshisekedi va-t-il trancher ?
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Même au pouvoir, l’Udps est resté un parti des militants ; tant mieux mais gare à la récurrence des crises, des tensions qui ne clarifient pas toujours les objectifs essentiels du parti.
Augustin Kabuya sur un siège éjectable à son poste de SG, cela ne dépend que de la base : notre Tshilombo National sera-t-il enfin capable de trancher ?
L’udps n’est pas un parti politique des frustrés ou des assoiffés d’argent mais plutôt un parti politique composé des personnes qui réfléchissent pour un congo nouveau et innovateur.
La crise passera mais nous devons se poser cette question :
Que retiendront les congolais après le passage à la tête du pays d’un membre de l’Udps ?
Prenons conscience de notre stratégie politique pour que demain nous sortions vainqueur à nouveau car 2028 c’est pour bientôt…
Mettons l’égoïsme de côté et réfléchissons ensemble autour de l’Udps notre cher parti.