Alors que le directeur de cabinet de la présidence, Vital Kamerhe, est en prison, soupçonné de détournement, Félix Tshisekedi a promis de s’attaquer à la corruption. « Un bon signal » pour Paul Nsapu, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui affirme que « Félix Tshisekedi est sur la bonne voie, mais que le combat sera difficile ».
Afrikarabia : le Président Félix Tshisekedi a fait de la lutte anti-corruption sa première priorité. La corruption est vraiment un fléau en République démocratique du Congo (RDC) ?
Paul Nsapu : Oui, le niveau de corruption de la classe dirigeante en RDC avait atteint un tel niveau, qu’il fallait briser cette véritable descente aux enfers. Ces « anti-valeurs » ont détruit le pays et réduis la vie des Congolais à une extrême pauvreté. On découvre que la corruption et les détournements d’argent public étaient à la base du fonctionnement de l’Etat sous Joseph Kabila. Et même depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, on découvre qu’il y a aussi eu des malversations. C’est donc un mal qui est profondément ancré au Congo, et qu’il faut maintenant combattre. La corruption doit être érigée en crime économique, et crime contre l’humanité. Si le président Tshisekedi ose combattre cette corruption, nous serons là pour le soutenir.
Afrikarabia : L’arrestation de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, dans le cadre du financement des travaux du « programme des 100 jours » va dans le bon sens ?
Paul Nsapu : Oui, c’est un bon signal. Nous ne pouvons qu’appuyer la justice congolaise…
Afrikarabia : …Mais cette justice a-t-elle les moyens de faire ce grand ménage ?
Paul Nsapu : Pour une fois, nous avons des dirigeants politiques qui soutiennent cette démarche de justice et de lutte contre la corruption, c’est déjà beaucoup. Maintenant, il faut que les partenaires extérieurs de la RDC soutiennent cette lutte contre l’impunité et la mauvaise gouvernance. Il faut accompagner cette justice qui veut se mettre debout. Le combat sera difficile. Le réseau de corruption est très bien organisé et va essayer de faire pression sur la justice. Mais désormais, la population, la société civile et la communauté internationale soutiennent fortement cette démarche de justice. Et il faut maintenant faire comprendre aux anciens dirigeants, comme aux nouveaux, que le temps de l’impunité est terminé.
Afrikarabia : On a pourtant l’impression que les proches de Joseph Kabila ne sont pas inquiétés par la justice ?
Paul Nsapu : Sachez que l’entourage de Joseph Kabila a peur. Ils ont peur que la justice puisse remonter jusqu’à eux. On voit notamment que la justice est entrain de remonter jusqu’aux gouvernements de Bruno Tshibala, Samy Badibanga et même Augustin Matata Ponyo, avec Joseph Kabila pour président. On voit que dans le dossier du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), ils ont une part de responsabilité. Des personnalités du FCC de Joseph Kabila sont convoqués par la justice pour s’expliquer. C’est donc maintenant à la justice de faire son travail pour que ces gens rendent des comptes. Ils ont peur. Tout le monde a peur du grand déballage.
Afrikarabia : La politique est devenue un business comme les autres en RDC ?
Paul Nsapu : On devient riche lorsque l’on fait de la politique au Congo ! La dictature et les dictateurs ont renforcé ces réseaux de corruption. A cause de ces crimes économiques, les populations ne peuvent pas se nourrir, se soigner convenablement et envoyer les enfants à l’école… c’est un crime.
Afrikarabia :Félix Tshisekedi a-t-il les épaules assez solides pour mener à bien cette lutte anti-corruption ?
Paul Nsapu : Ce n’est évidement pas facile. Dans son propre entourage, certaines personnes n’ont peut-être pas compris l’importance de mener cette lutte contre la corruption et ont agit comme du temps de Joseph Kabila. Ce sera difficile. Le président Tshisekedi va subir toutes sortes de pressions de ces réseaux de corruption pour étouffer les affaires. On présentait Félix Tshisekedi comme un président sans pouvoir, prisonnier de Joseph Kabila. Il faut se rappeler que Félix Tshisekedi est arrivé dans le fauteuil présidentiel, sans réseau, sans la police, sans la justice, sans l’armée et sans moyens financiers. Mais Félix Tshisekedi a pris le temps. Il beaucoup voyagé pour s’imposer à l’extérieur et convaincre de sa volonté de changement. Il a ensuite cherché à bousculer les réseaux de Joseph Kabila, en faisant partir le patron des services de renseignements (ANR). Il a ensuite commencé à remanier l’armée congolaise, la Garde républicaine, mais aussi la magistrature… et on en voit les fruits aujourd’hui. Je crois que Félix Tshisekedi est sur la bonne voie.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD – Afrikarabia
La RDC doit changer. Et quand le changement vient d’en haut, l’espoir est possible.
L’intervenant omet juste de dire que Félix Tshisekedi est un président par effraction ; un braqueur électoral doit son poste à un fait de corruption de la CENI.
Pour la justice, on observe surtout l’interpellation de quelques lampistes et la mise à mort politique d’un comparse (Kamerhe) jugé gênant.
Les placards sont toujours bien scellés par Kabila qui demeure l’unique patron de tous les pouvoirs (Exécutif, législatif et judiciaire) dans notre pays, la RDC.
Le peuple congolais devrait-il compter sur ce partenariat corrompu FCC-CACH pour assainir le pays ?
Certainement pas !
Il est plus que temps pour que le Président dissout le parlement. Nous allons lui donner beaucoup de députés et ainsi il va changer la monnaie, payer les fonctionnaires, les militaires, les enseignants, les infirmiers…. Et le pays aura une classe moyenne. Depuis 21 ans, les violeurs et voleurs n’ont rien fait. Honte a eux