Le chef d’état-major de l’armée congolaise, Christian Tshiwewe, a été débarqué alors que les rebelles du M23 poursuivent leur avancée vers Butembo. Depuis son arrivée à la tête de la RDC Félix Tshisekedi remanie pour la troisième fois son armée, toujours sans succès opérationnel.
C’est un énième chamboule-tout au sein de l’armée congolaise. Félix Tshisekedi vient de procéder à de multiples nominations alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader à l’Est et que les rebelles du M23 poursuivent leur avancée vers Butembo, la deuxième plus grande ville du Nord-Kivu. Depuis le retour du M23 en 2021, l’armée congolaise n’a jamais réussi faire reculer la rébellion appuyée par le Rwanda, ou à reprendre la moindre localité. Ces derniers jours, le M23 a fait une poussée vers le Nord, dans le territoire de Lubero sans rencontrer de réelles résistances des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ou de ses milices supplétives Wazalendo. Déjà en 2022, les batailles perdues contre le M23 dans le Nyiragongo ou le Masisi avaient poussé Félix Tshisekedi à débarquer son chef d’état-major, Célestin Mbala, pour nommer Christian Tshiwewe. Mais force est de constater que deux ans plus tard aucun des objectifs fixés (réorganiser, discipliner l’armée et reconquérir les territoires perdus) n’ont été atteints.
Placard doré pour Tshiwewe
Aujourd’hui, c’est donc Christian Tshiwewe qui est limogé pour être remplacé par Jules Banza, un ancien officier du régiment de blindés de la Garde républicaine, mais surtout le numéro 2 de la Maison militaire du chef de l’Etat, le coeur des décisions sécuritaires à la Présidence. Tout comme Christian Tshiwewe, Jules Banza est un proche de Franck Ntumba, le chef de la Maison militaire, qui reste le vrai patron. L’ancien chef de l’armée congolaise a été recasé comme Conseiller militaire du chef de l’Etat. Un poste qui ne semblait pas indispensable jusque-là pour Félix Tshisekedi, puisqu’il n’était pas pourvu depuis Joseph Kabila, et qui ressemble à un placard doré pour Christian Tshiwewe.
Ndaywel exfiltré
Un autre militaire de haut rang change de poste. Il s’agit de Christian Ndaywel, le chef des renseignements militaires, qui devient patron de l’armée de terre des FARDC. Une exfiltration en bon ordre pour Ndaywel qui est visé par de nombreuses plaintes en Belgique, un pays dont il acquiert la nationalité en 2005. Les plaintes concernent les arrestations des opposants Salomon Kalonda, proche de Moïse Katumbi, et de Franck Diongo pour mauvais traitements. Il est aussi inquiété dans l’affaire de la très mystérieuse mort de Chérubin Okende. Ce fin négociateur était en première ligne dans les négociations avec le Rwanda, mais il lui était difficile de rester à un poste aussi exposé avec l’épée de Damoclès de la justice belge au-dessus de la tête. Le nouveau patron de l’armée de terre se fixe deux objectifs : réorganiser les unités et combattre les faux effectifs. Pour le remplacer, Félix Tshisekedi a choisi son numéro 2, Jean-Roger Makombo, un pur produit des services de renseignements, qui aura pour mission de redorer l’image de l’ex-DEMIAP. Ancien chef-adjoint des renseignements militaires au Sud-Kivu, il assurait déjà l’intérim du service en l’absence de Christian Ndaywel.
Une armée paupérisée
L’échec de l’armée congolaise contre le M23 a également pour conséquence la permutation du général Chico Tshitambwe, qui troque le commandement de la zone opérationnelle Nord pour prendre la tête de la 1ère zone de défense qui couvre Kinshasa, l’Equateur, le Mai-Ndombe ou le Kongo-Central. Pour lui succéder, Félix Tshisekedi tente le pari risqué du Lieutenant-général Pacifique Masunzu, un ex-membre de l’Armée patriotique rwandaise (APR), et rwandophone. Une nomination tout en symbole pour contre le M23, qui annonce justement défendre cette même communauté. Un symbole dont personne n’est dupe. Mais cela suffira-t-il pour redonner un nouveau souffle à l’armée congolaise ? Par deux fois, les dernières nominations à la tête de l’armée congolaise n’avaient eu aucun effet sur le terrain. Une source sécuritaire nous confie que les soldats se plaignent toujours d’un manque criant de moyens, d’armements, de nourriture, de bottes, d’équipements de pluie ou de retards dans le paiement des soldes. Une situation exécrable qui clochardise une partie de l’armée régulière. Sans parler de la corruption endémique qui ronge les hauts responsables militaires et désorganise l’institution pour le plus grand plaisir des fauteurs de troubles de la région.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
« Pour lui succéder, Félix Tshisekedi tente le pari risqué du Lieutenant-général Pacifique Masunzu, un ex-membre de l’Armée patriotique rwandaise (APR), et rwandophone. Une nomination tout en symbole pour contre le M23, qui annonce justement défendre cette même communauté. Un symbole dont personne n’est dupe. »
C’est une révolution copernique de la part des medias de reconaitre que la strategie du président Tshisekedi est un jeu de dupe. Pas de ligne directrice ni aucune logique derrière ses décisions!
Il tue les Tutsis en raison de leur appartenance éthnique, mais pour camoufler l’infamie il nomme un de leurs. Vous avez tout à fait raison, personne n’est dupe.