Face à la crise pré-électorale qui se profile et aux risques d’embrasement, les Etats-unis ont décidé de sanctionner le chef de la police congolaise et le Parlement européen a demandé explicitement au président congolais de démissionner à la fin de son dernier mandat. Sous pression, Joseph Kabila renoncera-t-il à s’accrocher au pouvoir alors que ses soutiens préparent un possible référendum ? Rien n’est moins sûr.
Sanctions et pressions internationales s’accentuent sur le camp présidentiel en République démocratique du Congo (RDC). Accusé par l’opposition de ne pas vouloir se retirer après la fin de son dernier mandat en décembre 2016, les Etats-unis et les députés européens ont décidé de pousser le curseur des avertissements contre les autorités congolaises. La première victime de ce coup de semonce de la communauté internationale s’appelle Célestin Kanyama, le chef de la police congolaise de Kinshasa. Surnommé « esprit de mort » par les opposants au pouvoir, le général Kanyama est accusé par les autorités américaines d’être « responsable ou complice d’actes de violences sur des femmes et des enfants ainsi que d’enlèvements ». Cheville ouvrière de la violente répression policière qui s’abat à chaque manifestation de l’opposition dans les rues de la capitale congolaise, le chef de la police a vu la semaine dernière ses avoirs aux Etats-unis gelés par le Trésor américain. « Toute entité américaine » est également interdite de faire des transactions avec l’officier congolais.
Kanyama, artisan de la répression à Kinshasa
Washington reproche à Célestin Kanyama son rôle prépondérant dans les violences politiques en RDC. « Esprit de mort » était en effet à la manoeuvre dans les violentes répressions des manifestations contre la loi électorale de janvier 2015. Une mobilisation qui s’était soldée par un triste bilan : au moins 40 morts selon les ONG internationales. Kanyama était aussi à la tête de la police lors de la tristement célèbre opération « Likofi » censée lutter contre la délinquance à Kinshasa. Là encore, le bilan est lourd : une cinquantaine de personnes sont tués et une trentaine sont portées disparues. Les sanctions américaines constituent clairement un avertissement à l’encontre des responsables des services de sécurité congolais. Dans le viseur également des autorités américaines, on peut trouver le patron de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Kalev Mutond. Ces sanctions peuvent-elles inquiéter le pouvoir ? Des ministres peuvent-ils être les prochaines cibles ?
Dans le sillage de John Numbi
Avec Célestin Kanyama, les Etats-unis tapent certes au porte-monnaie d’un haut responsable congolais, mais pour le moment aucun politique n’a encore été visé. D’autant que selon certaines sources à Kinshasa, Kanyama pourrait rapidement être lâché par le pouvoir, comme l’a été en son temps John Numbi, lui aussi chef de la police et impliqué dans l’assassinat du célèbre militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. Numbi a été démis de ses fonctions et mis au vert dans son Katanga natal. Le même sort pourrait être réservé au « fusible » Célestin Kanymama. En attendant, le pouvoir n’a pas encore décidé de le lâcher complètement puisqu’une marche de soutien au patron de la police est organisée ce mardi dans la capitale. Le gouvernement a également condamné le gel des avoirs de Kanyama : « une atteinte à la souveraineté » du Congo risquant de « mettre en péril les relations bilatérales » souligne les autorités dans un communiqué.
Elections : Kabila tente de rassurer
Pourtant, les sanctions américaines ont visiblement été prises au sérieux par le chef de l’Etat lui-même. Car, derrière les violences policières dénoncées par les Etats-unis, il y a bien sûr le blocage du processus électoral, facteur de troubles au Congo. Peu disert jusque-là sur la question, Joseph Kabila est sorti de son silence lors d’une visite à Kalemie, promettant des élections et demandant aux Congolais de « se préparer pour le processus électoral, qui démarre en juillet ». Le discours se voulait rassurant, mais aucune date, ni aucun délai n’ont été dévoilés par le président congolais, laissant une nouvelle fois planer le flou sur la date des élections et le doute sur sa volonté réelle d’organiser rapidement le scrutin.
Kabila « tenu de démissionner le 20 décembre 2016 »
Pour couper court aux accusations de l’opposition qui dénonce le glissement du calendrier électoral comme une manoeuvre du président congolais pour rester au pouvoir au-delà de son mandat, Joseph Kabila aurait pu s’exprimer sur la question. Il ne l’a jamais fait. Et c’est ce que reprochent les députés européens au chef de l’Etat dans un communiqué du Parlement exhortant les groupes armés à mettre fin à la violence, mais aussi le président Kabila a clarifier ses intentions. Joseph Kabila « est tenu de démissionner le 20 décembre 2016 étant donné que le mandat du Président de la RDC est limité à deux mandats en vertu de la Constitution congolaise, expliquent les députés européens. En n’ayant pas encore déclaré qu’il le ferait, le Président Kabila contribue à exacerber les tensions politiques dans le pays ».
RDC : un nouveau Burundi ?
Moins offensifs que les américains, les européens hésitent encore à sanctionner des responsables congolais. Plus timides et loin d’être sur la même ligne, Paris, Bruxelles, Londres ou Madrid peinent à se mettre d’accord sur la stratégie commune à adopter. Une aubaine pour Joseph Kabila. Car dans toutes les têtes des politiques européens résonne encore le fiasco burundais. La communauté internationale s’est en effet laissée déborder par le président Nkurunziza qui s’est présenté pour un très contesté troisième mandat, remporté dans des conditions des plus discutables. Depuis, le Burundi s’est enfoncé dans la spirale de la violence entre pro et anti-Nkurunziza. Après l’échec burundais, la communauté internationale n’a plus droit à l’erreur. Laisser Joseph Kabila s’éterniser au pouvoir serait un très mauvais signal envoyé au reste de l’Afrique où les alternances politiques peinent à se mettre en place.
La fuite en avant du référendum
Dans ce contexte, les pressions internationale réussiront-elles à faire plier Joseph Kabila ? Rien n’est moins sûr. Pressé de toutes parts pour organiser les élections au plus vite et passer la main, Joseph Kabila continue de jouer la montre. Pire, ses proches brandissent le projet d’organisation d’un référendum pour imposer Kabila au pouvoir après 2016. Avec une possible modification de la Constitution ? Cela paraît peu plausible. Avec quel argent alors que l’on sait que la CENI manque déjà de moyen pour organiser les élections ? Avec quel fichier électoral alors qu’il n’est pas encore fiabilisé ? La stratégie du référendum ressemble à une fuite en avant que personne, même au sein de la majorité présidentielle, ne maîtrise. Le pari est risqué et surtout dangereux alors que les manifestations populaires de l’opposition se font de plus en plus pressantes. Avec de simples menaces de pression et des sanctions ciblées sur des seconds couteaux, il y a peu de chance pour que Joseph Kabila ne change sa stratégie de maintien au pouvoir. Le président congolais s’accroche au cas burundais, mais aussi à celui de son voisin de Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, dont un référendum lui a permis de briguer le tant désiré troisième mandat. Joseph Kabila le consulte régulièrement sur la question, et Sassou n’a pas intérêt à voir son voisin trébucher.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
L’Afrique; continent d’avenir est deja debout. Que la jeunesse africaine ne baisse plus les bras
Que Dieu agit en faveur de la population congolaise de la RDC
Nous demandons a l’ONU, d’augmenter la pression de ses sanctions pour toute l’equipe du president Joseph Kabila, pour les contraindre de partir en douceur après le 19/12/2016, au cas contraire, qu’elle applique les sanctions de derniere energie parce que la population a beacoup souffert.