Les juges de la CPI ont ordonné ce mardi la libération de l’opposant congolais. Après un bref séjour en Belgique, Jean-Pierre Bemba serait en mesure de pouvoir regagner la République démocratique du Congo (RDC) et reprendre le combat politique laissé dix ans plus tôt.
Les événements s’accélèrent pour Jean-Pierre Bemba. Après son acquittement vendredi dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a ordonné ce mardi la libération provisoire de l’ancien chef de guerre et ex-candidat à l’élection présidentielle de 2006. Jean-Pierre Bemba peut désormais rejoindre en Belgique et sa résidence de Rhode Saint-Genèse en Belgique, où vit sa famille. Un séjour qui pourrait durer jusqu’au 4 juillet prochain, date à laquelle la CPI devrait se prononcer sur la seconde affaire de subornation de témoins. Mais après 10 années passées derrière les barreaux, le sénateur Bemba pourrait être définitivement libre de ses mouvements après cette date. Quant à la suite, les supputations vont donc bon train sur l’avenir du patron du Mouvement de libération du Congo (MLC), une rébellion transformée en parti politique en 2003 après 5 ans de guerre.
Reprendre la tête de l’opposition
Une fois complètement libre, rien ne devrait contraindre Jean-Pierre Bemba à rester en Belgique. Ses partisans le voient déjà rentrer à Kinshasa « au plus vite » et « prendre tout le monde de court », les autorités congolaises comme les autres ténors de l’opposition. Car rien n’interdit non plus à l’ancien vice-président congolais de rentrer au pays. Aucun ministre, pas même celui de la justice, ne s’est hasardé à empêché le « chairman » de revenir à Kinshasa. Dans son camp, personne ne doute de sa volonté de remonter sur la scène politique congolaise… surtout à 6 mois d’une élection présidentielle qu’il avait perdue de peu en 2006 ! Si le timing paraît un peu serré pour le patron du MLC, Bemba compte sur l’effet de surprise pour s’imposer de nouveau à la tête de l’opposition congolaise. « C’est un bulldozer, un animal politique » assure-t-on au MLC, et aucun ne le voit rentrer à Kinshasa pour jouer les seconds rôles.
Une candidature incertaine
Pourtant, après 10 ans d’absence, le MLC est à reconstruire. Nombre de ses adjoints sont allez voir ailleurs sur l’échiquier politique. Du côté de Moïse Katumbi (Delly Sessanga, Olivier Kamitatu), ou dans la majorité présidentielle (Thomas Luhaka). Mais si beaucoup le voit rentrer au Congo, certains doutent qu’il puisse être candidat. Du côté de la majorité présidentielle, on explique que sa condamnation dans l’affaire de subornation de témoin et ses multiples nationalités (belge, portugaise) sont incompatibles avec une candidature à la présidentielle, qui serait immédiatement invalidée. Ses conseils travaillent sur la question. Mais l’équation politique dans une présidentielle à un seule est bien plus complexe. L’opposition est condamnée à présenter un candidat unique pour être certaine de battre la majorité présidentielle. Avec le come-back de Bemba, le match au sein de l’opposition se jouera désormais à quatre, avec Katumbi, Tshisekedi, Kamerhe.
L’argent, nerf de la guerre
Candidat ou non, Bemba pèsera lourd sur le prochain scrutin. En cas de candidature, l’homme d’affaires pourtant devra trouver les moyens financiers pour mener campagne. L’ancien chef rebelle avait fait fortune dans plusieurs business avant de devenir vice-président pendant la période de transition. Dans quel état sont ses affaires ? Difficile de répondre, mais l’ancien fils du patron des patrons congolais, Jeannot Bemba, a gardé de nombreux contacts dans le milieu des affaires et beaucoup pensent qu’une possible candidature pourrait attirer de nouveau de généreux sponsors. Bemba candidat, le « chairman » pourrait nouer des alliances avec d’autres leaders de l’opposition comme Moïse Katumbi, en exil forcé et dont la candidature est encore très incertaine, ou encore Vital Kamerhe, ou Félix Tshisekedi. Mais financièrement, c’est sans doute Moïse Katumbi qui est le plus à même de pouvoir soutenir une campagne présidentielle. A l’inverse, si Bemba n’est pas en mesure de se présenter, son soutien sera monnayé très cher par les autres candidats.
Le scénario du pire pour la majorité
Dans le camp présidentiel, on regarde ce tsunami politique en cours avec circonspection… et inquiétude. Beaucoup pensent que le retour du « chairman » est une mauvaise nouvelle pour la majorité. Le charisme de Bemba, son poids électoral encore important dans la capitale et dans la province de l’Equateur en font un adversaire de poids pour le pouvoir. Les plus optimistes, au contraire, pensent que son retour impromptu peut diviser d’avantage l’opposition. Pour les proches du président, il est clair que le scénario du pire serait une candidature unique de Jean-Pierre Bemba avec le soutien des trois autres poids lourds de l’opposition : Katumbi, Tshisekedi, Kamerhe. Mais à voir avec quelle détermination les autorités congolaises mettent des bâtons dans les roues de l’opposant Moïse Katumbi pour l’empêcher de se présenter, on peut penser que le pouvoir cherchera par tous les moyens à rendre inéligible le patron du MLC… et les prétexte ne manquent pas. En coulisse, majorité et opposition confondues étudient toutes les options du nouveau paramètre Bemba dans la délicate équation électorale congolaise. Les proches du « chairman », eux, ont jusqu’au 4 juillet, date de la décision de la CPI dans l’affaire de subornation de témoins, pour peaufiner leur stratégie de conquête du pouvoir, avec un atout… l’effet de surprise.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
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TRES POPULAIRE CERTES A L’OUEST DU CONGO.
MAIS QUID DE SES MULTIPLES NATIONALITES,PORTUGAISE ET BELGE ????
L’auteur est visiblement ignorant des réalités congolaises. Il se contente de rapporter les rumeurs voire les désirs des diplomates occidentaux à Kinshasa.
Déjà, BEMBA, depuis qu’il est né, n’a jamais été autre chose que congolais. Ensuite, pour avoir 46% de l’électorat congolais, BEMBA était majoritaire dans 6 provinces sur 11. KABILA n’y était que dans la Province Orientale, notamment ITURI, TSHOPO, dans le Nord KIVU, le Sud Kivu, le MANIEMA et le KATANGA, avec des scores de l’ordre de 98%. Par contre, au BANDUNDU, à KINSHASA, au Bas Congo, à l’Equateur, au Kasaï Occidental et Oriental, BEMBA était majorité avec un pourcentage d’une moyenne de 58%. Et dans la Province Orientale, les Bas UELE, Nord UELE ont voté pour lui majoritairement.
Epargnez-nous des analyses des officines qui cherchent à faire valider un choix étranger à la volonté congolaise.