Dans une interview accordée à Afrikarabia, Roger Lumbala, ancien député national et membre de la rébellion du M23, affirme vouloir être candidat à la prochaine élection présidentielle de 2016 « dans le cas où Etienne Tshisekedi ne se présente pas« . Portrait d’un opposant, passé à la rébellion.
Là où on ne l’attend pas. Cela semble être devenu la devise de Roger Lumbala. Son parcours politique est loin d’être rectiligne… et ne manque pas de piment. Président de l’UDPS en France dans les années 90, le parti de Tshisekedi dont il est toujours fidèle, on retrouve Roger Lumbala à la tête d’un groupe rebelle, le RCD/N, pendant la première guerre du Congo. En janvier 2003, son groupe armé sera notamment accusé de crimes de guerre. Puis il devient ministre dans le gouvernement de transition et candidat à la présidentielle de 2006 (0,45% des voix). Il est élu député de la circonscription de Miabi, puis sénateur.
Persona non grata
Début septembre 2012, l’opposant congolais est brièvement arrêté par les services de renseignements burundais à Bujumbura. Soupçonné de conspiration contre le régime de Joseph Kabila et de collaboration avec la rébellion du M23, Roger Lumbala échappe aux officiers de renseignements congolais venus le chercher par avion et réussit à se réfugier dans l’ambassade d’Afrique du Sud. Comme aucune charge ne pèse sur lui au Burundi, Lumbala regagne finalement Paris le 16 septembre 2012, où il rejoint sa famille.
A la table du M23
Le 1er janvier 2013, leM23, annonce la présence de Roger Lumbala à Bunagana, le fief des rebelles. Son ralliement officiel à la rébellion tombe quelques semaines plus tard où il représente le M23 à la table des négociations de paix de Kampala entre rébellion et gouvernement congolais. Rapidement son immunité parlementaire est levée et son mandat de député national invalidé.
« Caution congolaise«
Roger Lumbala est le seul homme politique d’envergure a avoir rejoint le M23. On le présente souvent à Kinshasa comme la « caution congolaise » de la rébellion, que l’on accuse d’être manipulée et soutenue par le Rwanda voisin. Mais pour le moment la branche politique peine à se faire entendre. Les pourparlers de Kampala sont dans l’impasse et se sont les armes qui parlent aujourd’hui autour de Goma. Le M23 est encore aux mains de la branche militaire, commandée par Sultani Makenga. La mue politique du mouvement n’a pas encore commencé.
Candidat en 2016
Dans une interview accordée à Afrikarabia (à lire dans son intégralité ici), Roger Lumbala déclare vouloir être « candidat à la présidence de la République aux prochaines élections de 2016, dans le cas où le Président Etienne Tshisekedi ne se présente pas« . L’ancien député congolais estime que la RDC « mérite mieux » et affirme pouvoir « réconcilier le peuple Congolais avec lui-même et aussi et surtout avec ses pays voisins de l’Est« . Fidèle à l’opposant historique, Etienne Tshisekedi, Roger Lumbala dresse un portrait sévère du président Joseph Kabila. « Pourquoi Kabila n’écoutait-il pas les revendications légitimes exprimées pacifiquement par l’opposition politique ? Pourquoi depuis plus de 10 années de règne de Joseph Kabila la situation sociale des citoyens ne s’améliore pas ?« , demande Roger Lumbala. « Le problème du Congo c’est Joseph Kabila et son incapacité a gérer le pays« , conclut-il.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Photo : Roger Lumbala à Paris en novembre 2012 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com