Dans l’Est du Congo, les affrontements se sont accentués entre les rebelles de l’AFC/M23 et les groupes armés pro-Kinshasa Wazalendos, alors qu’un cessez-le-feu avait été signé à Doha. En cause, des négociations au point mort dans la capitale qatarie, qui retardent l’ensemble du processus de paix.

Depuis les signatures de l’accord de Washington entre la RDC et le Rwanda et de l’accord de principes entre Kinshasa et l’AFC/M23 à Doha, les combats n’avaient jamais vraiment cessé à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les accrochages étaient fréquents entre les rebelles de l’AFC/M23 et les milices Wazalendos, une mosaïque de groupes armés alliés à l’armée congolaise. Mais depuis le 8 août, date de la reprise officielle des pourparlers de Doha, les combats ont redoublé d’intensité au Nord et au Sud-Kivu. L’explication est à chercher dans la capitale qatarie, où les deux délégations ont brillé par leur absence face aux nombreux blocages autour de la mise en oeuvre de la déclaration de principes. Kinshasa et les rebelles devaient s’accorder sur un « cessez-le-feu permanent », la libération de prisonniers de l’AFC/M23 par Kinshasa, ou la levée des condamnations à l’encontre des leaders de la rébellion. Depuis la signature du 17 juillet, rien n’a bougé. Ni le cessez-le-feu, dont les Wazalendos ne sont pas signataires, ni la libération des prisonniers, qui prendra beaucoup plus de temps que prévu. Et comme souvent en cas de blocage dans les négociations, les armes ont recommencé à parler.
Aucun effet sur le terrain militaire
Sur le terrain, dès le 8 août, des combats étaient signalés au Nord-Kivu, dans le territoire de Walikale, autour de Buhimba, entre Wazalendos et AFC/M23. Dimanche 10 août, c’est au Sud-Kivu, dans le territoire de Walungu, que les rebelles ont pris le contrôle des localités de Kaniola, Muzinzi, Ciruko et d’une partie de Mulamba, selon Didier Kabi, porte-parole du gouvernement provincial du Sud-Kivu, cité par RFI. Selon lui, l’armée congolaise (FARDC) et les Wazalendos « se sont retirés progressivement pour éviter un bain de sang ». Les récents accords signés à Washington et Doha n’ont donc pas eu d’effet sur le terrain militaire. L’accord entre la RDC et le Rwanda se met pourtant petit à petit en place, avec une première réunion du Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité qui s’est tenue les 7 et 8 août à Addis Abeba afin de mettre en œuvre le plan de neutralisation des FDLR et le désengagement des troupes rwandaises du sol congolais.
L’impasse à Doha décale tout le processus de paix
Mais à Doha, Kinshasa et l’AFC/M23 n’ont pas avancé d’un iota et l’impasse des discussions se paie cash sur le terrain. Les Wazalendos, qui ne sont pas concernés par l’accord de principes de Doha, et l’AFC/M23, qui n’est pas concerné par l’accord de Washington s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu. Dans le territoire de Minembwe, la situation est hors contrôle entre les groupes armés pro-Kinshasa et les Twirwaneho, alliés au M23, qui sont partie prenante dans aucun des processus de paix en cours. Au Nord et Sud-Kivu, FARDC et AFC/M23 renforcent leurs positions depuis plusieurs semaines : sur l’axe Kisangani-Walikale et autour d’Uvira, qui pourrait être la prochaine cible des rebelles vers le Sud. Pour débloquer la situation à Doha, une source occidentale indique que deux options sont sur la table : un énième coup de pression de Washington, qui hésite pour l’instant à endosser le rôle du gendarme, ou une reprise des affrontements directs entre l’armée congolaise, qui s’est considérablement renforcée, et l’AFC/M23, qui a énormément recruté et maîtrise encore le terrain dans les zones qu’elle contrôle. Mais le temps presse. L’impasse à Doha retarde l’ensemble du processus de paix globale et la mise en oeuvre de l’accord de Washington. Un blocage qui fait craindre un nouvel embrassement de l’Est congolais.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
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Que veut dire « Une source occidentale », ce truque que l’on balance quand il s’agit de justifier la crédibilité de ‘information?