Une plainte a été déposée en Belgique contre 9 membres de l’entourage de Félix Tshisekedi pour corruption et blanchiment. Un système de détournement des ressources minières bien huilé à plusieurs milliards de dollars qui échappe au Trésor public.

« Une prédation organisée avec l’utilisation de l’appareil d’Etat ». C’est ce que dénonce un collectif d’ONG, de syndicats et d’organisations de la société civile du Haut-Katanga et du Lualaba, deux provinces congolaises extrêmement riches en cuivre et cobalt. Une plainte a été déposée devant le parquet fédéral belge pour « dénonciation de faits » à l’encontre de 9 membres de la famille du président Félix Tshisekedi. Les personnalités citées sont accusées de corruption, blanchiment et détournement. 6 mois d’enquête ont été nécessaires au collectif et à l’avocat Bernard Maingain pour collecter des éléments de preuves et des témoignages, dont d’anciens cadres de la Gécamines, l’entreprise d’Etat, géant du secteur minier dans l’ex-Katanga. Depuis de nombreux mois, des ONG anti-corruption congolaises avaient tiré la sonnette d’alarme pour dénoncer le pillage minier organisé par des proches du clan présidentiel, avec la complicité d’entreprises chinoises et « sécurisé » par la garde républicaine. Sans réaction au Congo, l’activiste Jean-Pierre Muteba, porte-parole du collectif, a décidé d’externaliser l’affaire en Belgique, sur le front judiciaire. En effet, les mis en cause par la plainte sont tous de nationalité belge, ce qui permet de saisir le parquet de Bruxelles.
« Sur 3 milliards, la Gécamines n’a touché que 200 millions »
Le pillage des ressources minières n’est pas une nouveauté en République démocratique du Congo (RDC), et le Katanga a toujours été le tiroir-caisse de la République… et de ses gouvernants. Sous Mobutu, Kabila père et fils, et aujourd’hui sous Tshisekedi. De nombreux rapports ont déjà documenté les milliards de dollars qui s’évaporent dans la nature, au lieu de terminer dans les caisses du Trésor public. Selon Jean-Pierre Muteba, ce sont des dizaines de millions, chaque mois, qui sont détournés par le clan présidentiel et leurs complices chinois ou libanais. « Alors que 3/4 des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté, certains vivent au paradis, alors que d’autres sont en enfer » se désole l’activiste, qui dénonce « une jungle terrible et « des structures parallèles ». Ce détournement à grande échelle s’opère notamment sur les remblais, ces réserves « pauvres en minerais » que la Gécamines avait mis de côté. Ces « structures parallèles » proches du président ont noué des partenariats avec la Gécamines. Mais « au lieu de donner sa part de la production à la Gécamines, explique Jean-Pierre Muteba, ils préfèrent traiter directement et vendre la production pour le compte du gouvernement. C’est là où il y a un problème. Sur le total de la production, la Gécamines, qui est à 20% en moyenne dans ces partenariats, devrait bénéficier d’environ 400.000 tonnes de cuivre, ce qui représente 3 milliards de dollars sur un an. La Gécamines affirme avoir touché seulement 200 millions. Où va le reste ? Cela veut dire que d’autres personnes vendent à la place de la Gécamines ».
« En RDC, nous n’avons pas de juges capables de dire le droit »
Ces remblais font l’objet d’une prédation et qui se chiffre en milliards de dollars. « Ces gens ne se cachent pas et les documents existent » s’étonne Jean-Pierre Muteba. « À Kolwezi, à Comide, des gisements qui appartiennent à ERG (Eurasian Resources Group, ndlr), vous avez 1.000 camions qui sortent par jour pour le compte des personnes citées dans notre plainte. Et l’entreprise ne peut même pas lever son petit doigt. En RDC, nous n’avons pas de juges capables de dire le droit, et c’est pour cela que nous sommes ici en Belgique ». 9 personnes, tous membres de la famille du président Tshisekedi sont citées dans la plainte. Au cours d’une conférence de presse, tenue à Bruxelles le 8 juillet, Bernard Maingain a refusé de « jeter des noms en pâture ». Sur internet, les nombreux rapports d’ONG, notamment celui de DESC, les cite nommément avec les noms des remblais ou carrières, et les numéros des titres de propriété. On y trouve notamment les noms du frère, de la mère et de la femme de Félix Tshisekedi. Aujourd’hui, la balle est dans le camp de la justice belge qui peut décider ou non d’ouvrir une instruction judiciaire. « Quelqu’un qui profite de la cession de remblais dans le cas d’une opération de corruption et qui place cet argent dans des biens immobiliers luxueux à Dubaï, à Bruxelles ou ailleurs, fait du blanchiment, prévient Bernard Maingain. J’aimerais qu’on enquête sur ces opérations de détournement et qu’un juge ou un procureur ouvre une information judiciaire sérieuse ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
NON! C’est la faute de Kagame et du Rwanda!
Congolese blame game!