Le gouvernement congolais et les rebelles ont signé une déclaration de principes actant « un cessez-le-feu permanent ». Mais reste l’épineuse difficulté du retrait de l’AFC/M23 des zones qu’il contrôle dont Kinshasa et la rébellion ont une lecture différente.

Les accords censés ramener la paix s’égrainent au compte-gouttes dans le conflit qui sévit à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis trois décennies. Il y a d’abord eu l’accord de paix signé à Washington le 27 juin dernier entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles de l’AFC/M23 qui se sont emparés des principales villes du Nord et Sud-Kivu. Un accord qui connaîtra une suite plus économique, après l’été, avec le deal « sécurité contre minerais » conclut entre la RDC, le Rwanda et les Etats-Unis. Ce week-end, c’est une déclaration de principes qui a été signée au Qatar, entre le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23. Mais là encore, les parties se donnent 10 jours pour mettre en oeuvre les dispositions du texte, « avant d’entamer des négociations directes au plus tard le 8 août » prochain. Pour l’instant, l’accord acte « un cessez-le-feu permanent » qui interdit « les attaques de toute nature (…) et toute tentative de conquête ou de modification des positions par la force sur le terrain », figeant ainsi la situation militaires au Nord et Sud-Kivu. Une libération de prisonniers et un retour des réfugiés sont également prévus. Mais au final, le plus difficile reste à faire. Notamment concernant le retrait des rebelles des zones qu’ils administrent depuis maintenant 6 mois.
Quid du désarmement et du cantonnement des rebelles ?
L’accord de Doha suscitait donc beaucoup d’espoir pour que la paix devienne réalité sur le terrain avec la restauration de l’intégrité de l’Etat dans les territoires rebelles. L’accord de paix de Washington entre la RDC et le Rwanda renvoyait la patate chaude du retrait des rebelles aux discussions qataries, la rébellion s’estimant « non-concernée » par l’accord entre les deux Etats. Malheureusement, on n’en sait pas davantage sur la forme que prendra ce désengagement. Dans la déclaration de Doha, rien n’est dit sur le désarmement et le cantonnement des rebelles. Rien n’est dit, non plus, sur qui arrivera en cas de non-respect de ces engagements. Aucun caractère contraignant n’est indiqué dans le texte.
Optimisme à Kinshasa et Washington
Pourtant, à Kinshasa, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, se félicite de l’accord, qui selon lui, acte la principale revendication de Kinshasa : le départ du M23 des zones qu’il occupe. « Cette déclaration tient compte des lignes rouges que nous avons toujours défendues, a déclaré Patrick Muyaya sur X, notamment le retrait non-négociable de l’AFC/M23 des parties occupées suivi du déploiement de nos institutions ». L’envoyé spécial des Etats-Unis pour l’Afrique, Massad Boulos, indique lui aussi que « l’une des clauses les plus importantes de la déclaration d’intention est l’accent mis sur l’extension du contrôle et de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire ». L’optimisme est donc de mise à Kinshasa et Washington. Reste la mise en oeuvre.
L’AFC/M23 M23 « ne va pas reculer »
Du côté des rebelles, la lecture de l’accord de Doha est bien différente. « Nulle part dans la déclaration de principes, on n’a dit que l’AFC/M23 devait se retirer. L’AFC/M23 ne va pas reculer, même pas d’un seul mètre. Nous restons là où nous sommes », conteste sur X Benjamin Mbonimpa, le chef de la délégation de la rébellion à Doha. Même son de cloche pour le président du M23, Bertrand Bisimwa, qui parle pourtant de permettre aux autorités congolaises « d’assumer ses prérogatives et ses obligations » dans les territoires contrôlés par la rébellion. Sans en dire davantage que la forme que cela doit prendre.
Un retrait sans contrepartie ?
Il faudra donc attendre un peu pour obtenir une réponse sur l’épineuse du départ de l’AFC/M23 du Nord et Sud-Kivu. La question sera visiblement discutée avant la signature de l’accord de paix global qui doit être finalisé pour le 8 août. Il s’agira sans aucun doute du point le plus délicat à négocier pour Kinshasa, qui a bien peu de choses à mettre dans la balance pour contraindre les rebelles à se retirer, si ce n’est le poids du médiateur américain. Les autorités congolaises ont en effet annoncé qu’elles n’intégreraient pas les rebelles sous sanctions internationales dans l’armée ou les institutions. Que faire des gros poissons de la rébellion comme Sultani Makenga, Willy Ngoma, Bertrand Bisimwa ou Corneille Nangaa ? Si Kinshasa a réussi à convaincre la communauté internationale que le Rwanda doit retirer ses troupes du Congo, cesser son soutien au M23, et que les rebelles doivent déposer les armes, il va falloir contraindre ces deux acteurs à le faire… sans contrepartie importante. Une ligne de crête qui va être difficile à tenir pour Kinshasa.
Encore un peu de patience
Dans ce contexte de rapport de force tendu entre les autorités congolaises et l’AFC/M23, les rebelles gardent toujours l’avantage sur le terrain militaire. Un atout qu’ils pourraient de nouveau remettre dans la balance, en continuant d’avancer leurs troupes, notamment dans le Sud-Kivu en marchant sur Uvira. Rébellion et armée régulière ont d’ailleurs renforcé leurs positions dernièrement dans la zone. Pour l’instant, le temps continue de jouer en faveur de l’AFC/M23. Washington à l’air d’avoir compris qu’il va falloir encore un peu de patience : la rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame aux Etats-Unis n’est plus annoncée pour l’été, mais « dans les prochains mois ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
La RDC n’a Jamais pu convaincre sur le retrait du Rwanda puisque dans l’accord de Washington, il s’agit de “mesures defensives”- opposite to offensive or aggressive- Donc, ce n’est pas en repetant un mensonge qui le rend verite.
Concernant AFC/M23, personne ne parle de son retrait- encore un mensonge.
Quan au retablissement de l’autorite de l’etat, il peut s’accomoder bel et bien avec la presence M23.
Et s’ils administraient cette region pendant une certaine periode – 5-10 ans pour aider a desarmer les FDLR et a la reinstallation des refugies. Et si bientot, ils s’habillaient officiellent l’uniforme FRDC?
Epargnez nous des lignes rouges du gouvernement congolais: ne jamais rencontrer Kagame, ne jamais parler au M23, le retrait prealable des forces rwandaises don’t ils n’ont pas de price – only those presented by Belgian led “UN experts”, la moindre escarmouche et j’en pense.