Les assaillants du coup de force raté du 30 décembre à Kinshasa se revendiquent du pasteur Mukungubila, basé à Lubumbashi. Derrière ces attaques, certains y voient la main de la sphère du « clan des Katangais », proche du président Joseph Kabila.
Le 30 décembre 2013, alors que 3 sites stratégiques sont attaqués par des hommes en armes à Kinshasa, le président Joseph Kabila se trouve à Lubumbashi, capitale de la riche province du Katanga. Le président congolais se rend très fréquemment dans sa province d’origine. Il rentrera à Kinshasa le lendemain, mardi 31 décembre à 9h05, à l’aéroport de Ndjili, pris la veille pour cible par les partisans du pasteur Mukungubila. Un point commun rapproche pourtant le pasteur du président congolais : ils sont tous les deux Katangais. D’autres éléments relatifs au coup de force de Joseph Mukungubila ramènent invariablement à cette province.
La police congolaise change de tête
Deux jours avant les attaques du 30 décembre, Joseph Kabila réorganise la police congolaise. Le président nomme le général Charles Bisengimana en remplacement de John Numbi à la tête le police. John Numbi, un Katangais proche de Kabila, avait été écarté de son poste après l’assassinat de Floribert Chebeya, en 2010. Numbi est fortement mis en cause dans le meurtre de ce militant des droits de l’homme et de son chauffeur, mais il n’a jamais été entendu par la justice. Les avocats de la famille Chebeya affirment qu’il est protégé « au plus haut niveau« . Depuis, l’ancien chef de la police s’est reclus dans sa ferme du Katanga, non loin de Lubumbashi. Très rapidement, certains font rapidement un lien entre : le remplacement de Numbi par Bisengimana (un nom rwandophone) et les assaillants du 30 décembre se revendiquant du pasteur Mukungubila, très anti-Rwandais et anti-tutsi. Le pasteur Mukungubila accuse régulièrement Joseph Kabila d’avoir des origines rwandaises et d’avoir signé un accord fin décembre avec les rebelles du M23… soutenus par le Rwanda. Un rwandaphone pour commander la police congolaise… un affront pour Mukungubila. Pourquoi les regards convergent alors vers John Numbi ?
Numbi et les Bakata Katanga
Le Katanga, la province d’origine de Joseph Kabila, est actuellement la cible d’un groupe armé indépendantiste, les Bakata Katanga, qui s’en prend régulièrement et violemment aux autorités congolaises, à Lubumbashi et dans le Nord de la province. Pour de nombreux spécialistes, la création des Bakata Katanga est soutenue par des hommes politiques locaux pour faire pression sur Joseph Kabila afin d’obtenir des postes ministériels ou de rétablir leur influence sur le camp présidentiel. Et John Numbi dans l’affaire ? Il est fortement soupçonné par les experts de l’ONU de téléguider les Bakata Katanga, en fournissant armes et munitions au groupe armé. Dans son dernier rapport de décembre 2013, le groupe d’experts a obtenu « des informations crédibles » sur le soutien logistique et financier de Numbi aux militants Bakata Katanga (voir le rapport). Pour revenir aux attaques du 30 décembre à Kinshasa, certaines sources pensent que ce sont notamment des membres des Bakata Katanga qui auraient été envoyés faire le coup de force dans la capitale. Les assaillants du pasteur Mukungubila ont forcement bénéficié de relais et de complicités dans l’appareil sécuritaire congolais. Numbi a toujours de nombreux contacts dans la police et l’armée. Pour les observateurs, l’attaque de Mukungubila serait un « message » de Numbi à Kabila, pour lui prouver « sa capacité de nuisance« .
Le « clan des Katangais«
La sphère katangaise, proche du président Joseph Kabila, est-elle impliquée dans la triple attaque de Kinshasa le 30 décembre dernier ? Difficile pour le moment d’en avoir la certitude. John Numbi a contesté « avec la plus grande vigueur et fermeté toute implication quelconque dans ces événements« , dans un communiqué adressé à l’agence Belga. Numbi avait également réfuté toute aide et tout lien avec les Bakata Katanga. Mais ces attaques concertées contre des lieux du régime Kabila sonnent comme un avertissement du clan des Katangais, mécontent de la gouvernance du président congolais. Autour de Numbi, d’autres Katangais exigent de nouveau peser dans le cercle présidentiel. On peut citer le tonitruant Gabriel Kyungu, le président de l’assemblée provinciale du Katanga qui s’inquiètent de la loi de décentralisation, mais aussi Jean-Claude Masangu, ex gouverneur de la banque centrale du Congo en recherche de poste, ou Daniel Ngoyi Mulunda, l’ex président de la Commission électorale, remercié après la réélection contestée de Joseph Kabila en 2011. Tous ces hommes, qui veulent continuer à influer au sommet de l’Etat pourraient voir d’un bon oeil, les actions du pasteur Mukungubila pour remettre en selle le « clan des Katangais » dans la sphère présidentielle. Depuis 2011, Joseph Kabila semble en effet s’être tourné vers l’Est du pays et les Kivus pour asseoir désormais son pouvoir, au détriment du Katanga. Le récent accord de Kinshasa avec les rebelles du M23 constitue la preuve pour ces Katangais que le président ne regarde plus vers sa province natale. A bon entendeur.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Le pasteur Mukungubila et John Numbi sont des veritables katangais de souche. Ils en ont assez de supporter les bêtises de ce rwandais. Foncez, vous avez notre soutien. Il n’est pas notre frère. Un morceau d’arbre ne peut en aucun cas se transformer en crocodile même après 1.000 ans sous l’eau. Ouvrez l’oeil et le bon surtout.
Jason,This interview is iesrentting for the things it doesn’t say. E.g. no follow-up questions on the Chebeya-murder (role of John Numbi, not a word on the rumour that Numbi was at Kabila’s farm near Kinshasa when Floribert was being tortured, …).Well-informed sources in Kinshasa tell me that the regime wants to change the electoral law, e.g. no more posting of results in local poll booths, so cheating will be made easier. I also hear that the regime still wants to change the legal terms (two) for a president so Joseph K. can rule forever, elections based on a majority vote instead of proportional vote…
C’est maintenant vous katangais vous devez dénoncer que « Kabila » n’est pas katangais et de surcroît congolais. N’attendez pas le faire quand il ne sera plus au pouvoir. Il faudra même lui interdire de fouler ses pieds au katanga.