Les nombreuses auditions du procès du directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi mettent en lumière la gestion anarchique de l’Etat congolais et la lutte de pouvoir qui déchire la Présidence de la République entre l’UDPS et l’UNC.
Irrégularités, anomalies, dysfonctionnements… on ne sait plus comment qualifier la gestion quelque peu cavalière de l’argent public en République démocratique du Congo (RDC). Ce n’est pas une nouveauté, mais le procès Kamerhe est particulièrement éclairant sur la question. Avec ses deux co-accusés, le directeur de cabinet du président de la République, Vital Kamerhe, est soupçonné d’avoir détourné 50 millions de dollars de fonds publics destinés à la construction de 1.500 maisons préfabriquées. Une opération montée dans la précipitation, après l’élection surprise de Félix Tshisekedi. Le nouveau président lance alors son « programme des 100 jours » pour répondre dans l’urgence aux besoins de la population congolaise : construction de logements, d’infrastructures, de routes…
Utilisation des réserves de change
Les auditions des témoins du procès Kamerhe apportent un éclairage cru sur la gestion peu orthodoxe des fonds public qui laisse la porte ouverte à tous les abus et à la corruption. Le caractère d’urgence du programme, et le retard pris dans la nomination du nouveau gouvernement, a obligé la présidence à piloter directement les projets des « 100 jours » en court-circuitant l’exécutif sortant. Pour le mouvement citoyen Filimbi, qui a suivi avec attention ce procès anti-corruption, le financement de ce programme n’a pas respecté la chaîne des dépenses publiques : dépenses non inscrites au budget, crédits indisponibles pour financer le programme… le tout, pour des décaissements de plus de 200 millions de dollars.
Le procès Kamerhe nous apprend que le programme des 100 jours a été financé par les réserves de change de la Banque centrale du Congo (BCC). Une réserve essentielle pour l’Etat, qui lui permet de réguler les taux de change et de maintenir les équilibres macroéconomiques dans un pays où la plupart des transactions s’effectuent dollars. L’utilisation de cette réserve pour financer les travaux des 100 jours a provoqué « une dévaluation de la monnaie, une augmentation du coût des importations, une baisse de la croissance et une augmentation des prix » dénoncent Floribert Anzuluni et Carbone Beni, de Filimbi.
37 millions de dollars sortis… en liquide
La réglementation bancaire a également été sérieusement malmenée dans le financement du programme des 100 jours. Selon des extraits bancaires, une banque privée, la Rawbank, aurait détourné des ordres de transfert de la Banque centrale pour 57 millions de dollars, destinés à l’entreprise du co-accusé Jammal Samih (SAMIBO SARL) sur son compte de l’Ecobank, pour les transférer sur le compte personnel de Jammal Samih à la Rawbank. Des retraits en liquide ont ensuite été effectués à la Rawbank pour un montant de 37 millions de dollars. Une aberration lorsque l’on sait que les banques congolaises sont limitées à 10.000 dollars des retraits en cash. « Pourquoi cette banque n’a-t-elle pas comparu ? Et qu’est-ce qui justifie une telle légèreté de la Banque centrale vis-à-vis de la Rawbank ? » se demande Filimbi.
Ces fonds en liquide ont circulé en tout impunité. La Banque centrale a autorisé des décaissements en cash, remis au comptable de la Présidence : 1,14 million de dollars, puis 1,5 millions de dollar. « A quoi ont servi tous ces montants ? » s’interrogent Floribert Anzuluni et Carbone Beni. Un responsable du programme des 100 jours est visiblement allé à Matadi avec cet argent liquide, apprend-t-on à l’audition. « Un prestataire sérieux et l’administration douanière ne pouvaient-ils pas se faire payer par voie bancaire à partir de Kinshasa ? »
« Un système prédateur qui perdure »
Le procès Kamerhe n’a pas non plus apporté de précisions sur la procédure de désignation de l’homme d’affaires libanais Jammal Samih pour obtenir le marché des maisons préfabriquées. « Au-delà de la violation des conditions d’octroi d’un marché de gré à gré » pointe Filimbi, « la préférence aurait dû être accordée à une personne physique ou morale congolaise, pourquoi ce marché n’a-t-il pas été accordé à un entrepreneur congolais ? » Et de rappeler également que l’avance maximale autorisée de 30% du marché a également largement été dépassée.
Avec cette longue liste de dysfonctionnements dans la gestion de l’argent public en RDC, Filimbi dénonce « un système prédateur qui perdure depuis des décennies, et matérialisé par les multiples détournements de fonds publics par un petit groupe de personnes ». Le mouvement citoyen espère que le procès Kamerhe n’est que « le point de départ d’une série d’autres procès parmi lesquels les marchés des passeports, le site agricole de Bukanga Lonzo, la Gécamines, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), les Lumumba Papers »…
Guerre larvée à la Présidence
Si le manque de transparence de la gestion publique a éclaté au grand jour lors des auditions du procès Kamerhe, la guerre intestine qui se déroule au sein de la Présidence congolaise a été étalée en direct devant les caméras de la télévision nationale. L’audition de l’ancien ministre Bitakwira, qui officiait dans l’exécutif sortant, a confirmé que le directeur de cabinet du nouveau président Tshisekedi « a paralysé notre gouvernement, nous étions de simples spectateurs ». La Présidence était devenue une sorte de gouvernement bis, qui passait allègrement au-dessus du Premier ministre et de ses ministres encore en poste.
A la Présidence congolaise, deux partis politiques cohabitent difficilement autour de Félix Tshisekedi : le parti présidentiel, l’UDPS, et l’UNC, le parti de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet. Dans l’entourage du nouveau président, l’arrivée de ce nouvel allié politique à fait grincer des dents. Le poste de directeur de cabinet est hautement stratégique et certains cadres de l’UDPS ont vu le poste leur échapper. Il y a clairement deux clans à la présidence : celui de Tshisekedi et celui de Kamerhe, qui se battent au sein du cabinet. Ambiance malsaine, d’autant plus que les compétences sont rarement les critères de recrutement pour intégrer le saint des saints.
« C’était une coordination de façade »
Les désaccords à la Présidence sont étalés au grand jour pendant les audiences. L’ambassadeur itinérant du président de la République, Nicolas Kazadi, a affirmé n’avoir jamais été associé dans le financement du programme d’urgence. Pourtant membre de la Commission de supervision et de suivi des travaux de 100 jours, il n’a pas non plus été impliqué dans la désignation des prestataires.
La charge la plus lourde contre Vital Kamerhe a été portée par Marcellin Bilomba, qui a fustigé le manque de transparence du programme des 100 jours. Pour le conseiller principal du président Tshisekedi en charge de l’économie et des finances, « il n’y a jamais eu de vraie coordination du programme, c’était une coordination de façade. Cette coordination n’a pas fait de budget, n’a pas choisi entre plusieurs prestataires. Pourquoi aller en Turquie alors qu’il pouvait faire profiter les entrepreneurs congolais ? Il n’y avait aucune raison de valider ce projet. Je dis que la coordination n’existe pas. »
« Le directeur de cabinet écrit au nom du Président »
Le conseiller Bilomba a également jeter un pavé dans la mare lors de son audition en affirmant que le montant décaissé pour les maisons préfabriquées n’était finalement pas de 57 millions de dollars… mais de 66,7 millions ! Le tout, en présentant les détails sur un tableau « non référencé » qu’il aurait obtenu auprès de la Banque centrale. Le gouverneur de la BCC, auditionné auparavant, n’a malheureusement pas été rappelé à la barre pour confirmer ou infirmer l’information.
Dans ce climat délétère entre les deux partis coalisés au sein de Cap pour le changement (CACH), Vital Kamerhe a qualifié le conseiller principal Bilomba « d’électron libre », et a suivi sa ligne de défense qu’il martèle depuis le début du procès. Pour le directeur de cabinet, rien n’a été fait « à l’insu » du chef de l’Etat : « le directeur de cabinet écrit au nom du Président de la République ! » Et de rappeler que ce programme prioritaire pour le nouveau Président avait un caractère d’urgence. Il fallait aller vite, mais de là à être dans l’illégalité… Vital Kamerhe récuse cette attaque. « Si mes ordres étaient illégaux, alors pourquoi personne n’a dit non ? Pourquoi personne n’a démissionné à la Banque centrale, au ministère des Finances, au ministère du Budget, à la Présidence ? »
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Article bien fait (contenu et forme)
La justice doit être transparente pour en finir avec tout les magouilles qui s’est effectuée au programme de 100 jours.
Ce procès montre à quel point, le RDC est une pétaudière. Le pays est vraiment pris en otage par les deux grands perdants des élections passées, le FCC et l’UDPS. On dit que ce qui se ressemble s’assemble. En effet, le Président actuel Fatshi et l’ancien Président ‘Joseph Kabila » ont un parcours quasi identique, l’un, un ancien chauffeur de taxi en Tanzanie et l’autre un livreur en Belgique. Même si, j ai toujours un faible pour le Président Fatshi à cause des sacrifices de son papa, le père de la démocratie congolaise, notre vrai héro, Papa Etienne Tshitshekedi. Toutefois, comme membre de la diaspora en Amérique du Nord, il nous a carrément déçu. Comment Fatshi peut faire pire que » le médiocre « joseph Kabila », Les langues commencent à se délie, les Kinois disent publiquement que l’ancien Président est mieux que l’actuel. Impensable, quand on sait, les crimes politiques et économiques de l’ancien régime, le soutien financier de » Joseph Kabila » aux rebelles de RCD, CNPP, ADF et des faux Mayi Mayi. De plus,la dernière ordonnance signée par l’actuel Président sur les nominations dans les entreprises publiques montrent qu’il est un béni oui oui, un pantin, un soumis, un distrait et un incompétent. D’ailleurs, Tshibala et ses amis, Kabund et Kamerhe disent la même chose en privé. Ils sont confortés dans leurs positions par les gens du FCC, qui disent implicitement qu’il est un mauvais chef. Le FCC affirme que le Président Fatshi n’arrive pas à tenir ses troupes de l’UDPS et ceci impacte sur la bonne marche de l’assemblée nationale. . Le parti Kabiliste-Kanambiste lui reproche aussi de creuser le déficit budgétaire à cause de sa mégestion au bureau de la Présidence.
Salut à tous les lecteurs,
Le Procès actuel est un acharnement contre VK. Beaucoup ne veulent pas de lui dans le monde politique de la RDC. Pourquoi? Les deux derniers Présidents JKK et FATSHI savent que sans VK ils ne seraient certainement pas Présidents. Les politiciens Congolais sont tous simplement des prédateurs qui font trop de bruits pour se servir sans servir
Le Procès VK est une occasion pour les politiciens Congolais, des prédateurs pour la plupart, sans vision aucune pour un Congo meilleur, de se débarrasser d’un homme en qui beaucoup de Congolais sensés croient. Pourquoi VK avait il été éjecté du perchoir de l’Assemblée Nationale en son temps ? Tout simplement parce qu’il s’était comporté comme une église au milieu du village, un sage qui sait que la RDC n’est pas une propriété d’une prétendue majorité politique mais de tous les Congolais. Bref tout député avait droit à la parole.
Il est accusé d’avoir acheté une ou plusieurs maisons en Europe ou ailleurs ? Aurait
de comptes bancaires à gauche ou à droite en une année comme Dircab de la Présidence? Faut il pour autant lui couper la tête ? Je demanderais à tous ceux qui peuvent m’entendre qu’un inventaire soit fait et publié de tous les avoirs en nature ou en espèces de tous les congolais qui ont exercé une fonction publique en RDC ces 20 dernières années et vous constaterez que VK n’est que bouc émissaire. Je connais biens mes frères congolais. Beaucoup sont jaloux de voir VK devenir Chef de l’Etat un jour et transformer notre pays à partir de nos ses richesses de toute nature en pays émergeant. Et c’est possible. Actuellement la RDC est parmi les pays les plus pauvres de la Terre pendant que ceux qui nous dirigent sont immensément riches au dos de la population.
Les Congolais se posent la question : « Y aurait pas un pacte entre les dirigeants RDCongolais et le diable pour nous appauvrir davantage ?
C’est vraie que la force reste à la loi et la justice est rendue au nom du Président de la République conformément à la constitution. A mon humble avis ce procès saveur important d’autant plus que les détenteurs du pouvoir vont prendre conscience sur la Gestion de la chose publique, apprendre à respecter le plus petits de la société mais, j’ai comme l’impression que la politique tient le droit en état, quand bien même il est têtu dans ce procès. Je retiens un mot de l’un de prévenu, qui disait: Si mes ordres étaient illégaux. Alors pourquoi personne n’a dit non? Pourquoi personne n’a démissionné à la Banque Centrale, au Ministère des Finances, au Ministère du Budget à la Présidence? C’est par la que je constate la crise du principe sacro-saint du droit administratif, je cite: » la compétence est d’attribution » le Dircab qui signé des lettres avec comme introduction Son Excellence Monsieur, le Président de la République me charge, Sur l’ordre du président de la République, Sur l’instruction du Président de la République etc…… N’est ce pas la procédure administratif? En conclusion la justice a une forte voix. Le peuple d’bord et l’état de droit, que demande le peuple. Cfr: Felix WAZEKWA. Une justice responsable élevé la Nation.