Kinshasa vient de publier une liste de 272 nouveaux bénéficiaires de la loi d’amnistie. 191 anciens rebelles du M23 en font partie.
Une cinquième vague d’amnisties a été rendue public ce mercredi par le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende. Sur les 274 personnes se trouvant sur cette nouvelles liste, 191 proviennent de l’ancienne rébellion du M23 – la liste complète est à télécharger ici. En plus des ex-rebelles, cette liste concerne d’autres groupes « insurrectionnels » : 11 éléments de l’Armée de résistance populaire (ARP) de l’ancien général Faustin Munene , 54 membres du GALCD d’Honoré Ngbanda (1), 7 de l’URDC d’Hilaire Paluku et 28 assaillants qui avaient attaqué la résidence du président Joseph Kabila à Kinshasa le 27 février 2011.
Gages de bonne volonté
Cette annonce de prochaines libérations arrive opportunément pour les autorités congolaises. Il y a quelques semaines le M23 avait tiré la sonnette d’alarme dénonçant le peu d’amnisties accordées par Kinshasa. Il y a un mois, seuls 31 membres de l’ancienne rébellion avaient été déclarés officiellement bénéficiaires de la loi d’amnistie. « Un nombre trop faible » pour le M23. La nouvelle liste annoncée ce mercredi vise donc à donner des gages de bonne volonté de Kinshasa. Cet été, le M23 avait accusé les autorités congolaises de ne pas tenir ses engagements. Des rumeurs faisait même état de réorganisation et de reconstitution du M23 dans les Kivus, en Ouganda et au Rwanda, sur fond d’une possible reprise des hostilités. Les 191 amnisties tombent à point nommé pour le gouvernement congolais, qui assure que la publication de listes de nouveaux bénéficiaires va se poursuivre. Selon Lambert Mende, « des actes d’engagement sont encore au ministère de la Justice et des Droits humains« . Kinshasa va donc faire durer un peu le suspens.
Après publication de cette liste, le nombre d’anciens M23 amnistiés se porte désormais à 222. Un total qui semble encore loin du compte, puisque les rebelles affirment que 3.657 ex-rebelles ont signé le fameux acte d’engagement à renoncer la lutte armée. Autant dire que le bras de fer risque de continuer entre gouvernement et ex-rebelles.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
(1) Dans un communiqué, l’Apareco a démenti l’appartenance de ces éléments à l’organisation dirigée par Honoré Ngbanda. L’Apareco dénonce un « simulacre d’amnistie qui laisse en prison des vrais leaders politiques et religieux ».
COMMUNIQUE DE PRESSE N° 08/ACAJ/2014
« M. DIOMI NDONGALA a été condamné par une chambre irrégulière.
Il doit être remis en liberté sans condition »
Kinshasa, le 04 septembre 2014
L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) demande au Premier Président de la Cour Suprême de Justice (CSJ) de constater que M. Eugène DIOMI NDONGALA a été jugé et condamné par une chambre composée de manière irrégulière, et qu’il doit être remis en liberté.
La Cour suprême de justice, faisant office de Cour de Cassation a condamné Eugène DIOMI, en date du 26 mars 2014, à la peine de dix de prison ferme et au paiement de la somme de quatre millions de francs congolais à titre d’amende, et ce à l’issue d’un procès non équitable organisé sous RP. 014/CR.
Dans sa lettre n° 37/ACAJ/PN/GK/2014 du 02 septembre 2014, ACAJ a communiqué au Premier Président de la CSJ le condensé de ses observations juridiques sur le déroulement du procès. Elle espère recevoir sa position avant leur publication incessante.
Il s’agit notamment de :
1. La narration des faits telle qu’elle résulte de la décision de condamnation n’est pas cohérente, mais plutôt tendancieuse. A titre d’exemple, elle n’indique pas le lieu et le temps où le présumé père des filles serait parti à la découverte de l’immeuble de M. Eugène DIOMI. Le nom du prétendu père des filles n’est pas révélé dans la décision de la CSJ. L’irruption intentionnelle de la jeep de la police au lieu où le prétendu père des filles aurait frappé ses deux filles ne parait pas être une circonstance fortuite, mais résultant d’un stratagème aménagé afin de justifier l’arrestation de cet opposant politique.
2. M. DIOMI n’a jamais eu l’occasion de présenter ses moyens de défense par rapport aux faits lui imputés. Il était non seulement malade et physiquement dans l’impossibilité de prendre la parole, mais que la CSJ avait refusé, à l’audience du 12 mars 2014 à laquelle le dossier était pris en délibéré, de le renvoyer même à un très court délai pour lui permettre de préparer sa défense avec ses avocats qui venaient de se retirer en signe de protestation contre la jonction au fond des exceptions d’ordre public qu’ils avaient soulevées dont celle contestant la filiation du prétendu père avec les filles. La CSJ avait adopté une position partisane, manquant ainsi à son obligation d’impartialité. Son refus de rouvrir les débats, pourtant sollicité par M. Eugène DIOMI, prouve à suffisance son manque d’impartialité.
3. M. Eugène DIOMI a été jugé et condamné par une chambre composée de cinq juges au lieu de sept comme le prescrit l’article 35 de la loi organique n° 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire. Il n’a pas été jugé par son juge naturel ou compétent devant être entendu comme une chambre constituée de sept membres dont quatre présidents et trois conseillers les plus anciens.
L’ACAJ a relevé que dans le dossier concernant le député Jean Bertrand EWANGA (RP. 017/CR), la CSJ a siégé à sept juges, même si elle mentionne qu’il n’y a pas présence de quatre présidents et trois conseillers les plus anciens. Il est en résidence surveillée.
Donc, la CSJ a violé l’article 12 de la constitution qui interdit tout traitement discriminatoire. Elle ne s’était même pas intéressée à savoir pourquoi le Ministère public avait détenu, pendant l’instruction, M. Eugène DIOMI à la prison CPRK en lieu et place d’une résidence surveillée comme elle l’avait ordonné à trois reprises.
La condamnation de M. Eugène DIOMI manque de force exécutoire, et donc est nulle, car rendue en violation des instruments juridiques nationaux et internationaux.
L’ACAJ rappelle le Premier Président de la CSJ qu’en droit international des droits de l’homme, les sanctions qui n’ont pas respecté les normes internationales sont considérées comme des actes de torture au sens de l’article premier de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
L’ACAJ félicite M. Eugène DIOMI pour avoir adressé au Premier Président de la CSJ sa requête de prise à partie contre les cinq magistrats qui avaient siégé dans son dossier, ainsi que la République démocratique du Congo comme civilement responsable, aux fins d’obtenir l’indemnisation pour différents préjudices subis du fait de sa condamnation en violation de la loi.
L’ACAJ encourage vivement M. Eugène DIOMI à se pourvoir devant les organes de traités des Nations Unies afin de défendre fermement ses droits au cas où la justice congolaise ne répond pas positivement à ses requêtes.
Pour tout contact :
Me Georges Kapiamba, président de l’ACAJ
Email : kapiambag@gmail.com, acajasbl@yahoo.fr
……………………….
https://www.youtube.com/watch?v=xK2BKh3aq7w&feature=player_embedded