Candidat à l’élection présidentielle de décembre, l’opposant Delly Sesanga est venu présenter son programme en France alors que la diaspora va pour la première fois participer au scrutin. L’occasion également de fustiger le bilan du président Félix Tshisekedi.
La Commission électorale (CENI) a clôturé le 25 avril l’enrôlement des électeurs dans les 5 pays pilotes qui participeront aux élections en dehors de la République démocratique du Congo (RDC). A la date du 13 mars, 5.511 électeurs de la diaspora s’étaient enregistrés en France. Un chiffre qui pèsera bien peu dans le scrutin par rapport aux 46 millions de Congolais qui se sont enrôlés aux quatre coins du pays. Pourtant, la diaspora reste un acteur influent pour chaque élection. Les candidats à la présidentielle de décembre l’ont bien compris, à l’image de l’opposant Delly Sesanga. Le patron du parti l’Envol était à Paris ce week-end pour rencontrer la diaspora congolaise et présenter son projet.
« L’illusion que tout va mieux »
Le programme électoral de Delly Sesanga, basé sur « la refondation du Congo », entend « redonner de l’espérance à la jeunesse » et « ne plus subir le diktat des voisins et des ennemis du Congo ». Le candidat a fustigé les échecs du pouvoir qui donne « l’illusion que tout va mieux » alors que le pays reste « dans la misère ». Delly Sesanga a dénoncé les arriérés de salaire des fonctionnaires, l’inefficacité de l’état de siège, la corruption, la mauvaise gouvernance, l’abandon des provinces et « un pays qui se craquelle de l’intérieur », ou l’économie de rente du secteur minier. L’opposant a plaidé pour une réduction du train de vie de l’Etat alors que « la Présidence et ses 1.48 conseillers ont dépensé 400 millions de dollars en 2022 ».
« La force de l’EAC n’apportera rien de plus que la Monusco »
Le candidat ne croit plus « à l’homme providentiel ». « Je vous apporte un projet et pas ma personne ». Son programme se décline autour de « la sécurité, de l’emploi des jeunes, de l’unité nationale, de la réhabilitation de l’intérêt général et de la réaffirmation de la primauté de l’Etat ». Rien de très neuf par rapport aux programmes de ses concurrents, mais la faillite de l’Etat dans toutes ses missions premières (sécurité, santé, éducation, infrastructures…) laisse peu de place à l’originalité. Concernant la sécurité, Delly Sesanga souhaite construire une armée forte. « Nous avons des hommes en armes, mais pas une armée ». Il s’est également positionné contre l’entrée de la RDC dans l’East African Community (EAC). « La force de l’EAC n’apportera rien de plus que la Monusco (…). Nos atouts et nos richesses ne sont pas destinés aux pays voisins, mais d’abord aux Congolais ». Le président de l’Envol estime également qu’il n’y aura pas de sécurité et de développement sans infrastructures de transport.
« En finir avec l’hypocrisie de la double nationalité »
Devant la diaspora à Paris, Delly Sesanga a annoncé plusieurs mesures de son programme en faveur des Congolais de l’étranger. Le candidat souhaite identifier les compétences dont le Congo a besoin et que l’on peut trouver au sein de la diaspora. Une mesure qui passe par la réorganisation des postes diplomatiques et un meilleur accompagnement économique de la diaspora. « Le Congo a besoin de leurs compétences et il faut que le cadre légal soit adapté ». Le président de l’Envol propose également de mettre fin à l’hypocrisie concernant la double nationalité en permettant à tous les Congolais « de pouvoir jouir pleinement de la nationalité congolaise ». Et de citer les nombreuses personnalités qui disposent de la nationalité belge, française ou canadienne, sans que cela ne leur pose de problème au Congo.
« Pas de candidature commune »
A quelques mois d’une élection présidentielle, prévue théoriquement le 20 décembre prochain, Delly Sesanga fait partie du carré d’opposants qui compte. Avec Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Augustin Matata Ponyo, le président de l’Envol a participé au conclave de Lubumbashi en avril dernier. Une réunion qui laissait entrevoir la possibilité d’un accord pour une candidature unique de l’opposition. Dans une présidentielle à seul tour, de nombreux observateurs estiment en effet que l’éparpillement des voix de l’opposition ouvrirait un boulevard pour la réélection de Félix Tshisekedi. Delly Sesanga a confirmé à Paris que la réunion de Lubumbashi n’était pas organisée par se mettre d’accord sur une candidature commune, mais « sur des revendications communes ». Notamment autour d’une Commission électorale (CENI) et d’une Cour constitutionnelle plus consensuelle et d’un scrutin inclusif, crédible et transparent.
« Le report des élections est planifié »
La création de possibles alliances entre les différents ténors de l’opposition semble donc une stratégie prématurée. D’autant que la menace d’un report des élections plane toujours. Le président Tshisekedi l’a rappelé à plusieurs reprises : « la guerre à l’Est risque d’impacter le respect du calendrier électoral ». Interrogé par Afrikarabia en marge du meeting de Paris, Delly Sesanga reste persuadé que le scrutin ne sera pas organisé en décembre. « Le report des élections est planifié depuis 2020, et cela n’a rien à voir avec la guerre de l’Est, explique l’opposant. Tout a été fait pour éviter d’avoir des élections dans les délais. Le conflit à l’Est a bon dos et le président sera le seul responsable de ce glissement. Son mandat prendra fin en janvier et nous ferons tout pour avoir à cette date de nouvelles autorités ». Les opposants semblent donc attendre de savoir si les élections se tiendront en décembre, ou seront reportées, avant d’avancer leur stratégie commune.
Tshisekedi, « c’est la déception totale »
En cas de maintien de plusieurs candidatures d’opposition à la présidentielle, Delly Sesanga balaie le risque de dispersion des voix. « Rien ne dis que les voix seront éparpillées. Laissons les choses venir. Je reviens d’une tournée dans 5 provinces congolaises, et je ne vois pas comment Félix Tshisekedi peut remporter une présidentielle sans tricher. C’est la déception totale au niveau de la population. On a d’ailleurs vu le désaveu des Congolais par rapport à la politique menée par le président Tshisekedi au moment de la sortie de l’Union sacrée au Stade des Martyrs. Les Congolais sont debout et prêts pour le changement et à réelle alternance. Face au désastre, je ne vois pas comment un Congolais sérieux peut donner une nouvelle chance au président Tshisekedi ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
Sesanga a bien dit, il est impossible pour Félix de gagner les élections sans tricher. Le bilan de Félix à la tête du pays est un désastre.