La reprise de la guerre au Nord-Kivu entre les rebelles du M23 et l’armée régulière inquiète des partis politiques et des associations congolaises de la diaspora à Paris. Une plateforme propose des pistes pour sortir de l’impasse et du risque de « balkanisation » de la RDC.
Le 28 novembre, plusieurs partis politiques et associations congolaises de France se sont réunis à Paris pour évoquer la crise qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo. Depuis le mois d’avril, la rébellion du M23 défie le président Kabila et s’est emparée de plusieurs territoires du Nord-Kivu, avant de prendre la ville Goma le 20 novembre dernier. Après l’appel de 11 chefs d’Etat de la région des Grands Lacs, le M23 a accepté, ce samedi, de se retirer de Goma. Mais si l’offensive du M23 a cessé, la guerre est loin d’être terminée.
Une plateforme politique s’est formée à Paris autour du RDPC de Gaspard-Hubert Lonsi Koko. On retrouve le CDPS, le parti de François-Xavier Beltchika, un dissident de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, représenté par Symphorien Kabeya Ntumbunsela. Il y avait également l’ADR de l’ancien ministre François Muamba, représenté par Ferdinand Lufete. Les trois hommes ont d’abord dénoncé les visées « expansionnistes de nos voisins de l’Est« , le Rwanda et l’Ouganda, accusés par l’ONU de soutenir les rebelles du M23. Ils craignent la « balkanisation » de la RDC dans le but de « faire main basse » sur les importantes ressources naturelles du pays. Gaspard-Hubert Lonsi Koko a peur de voir la République démocratique du Congo devenir « dans le pire des cas un no man’s land » pour s’approvisionner en minerais « à moindres frais » et « dans le meilleur des cas, une zone franche au profit des forces coalisées » (Rwanda, Ouganda… mais aussi certains pays occidentaux, ndlr). Pour ces partis politiques d’opposition, les Congolais n’auraient d’autres choix « qu’entre l’insécurité et la soumission, la violence et le génocide« .
La plateforme présente plusieurs propositions de sortie de crise. Selon ces Congolais de la diaspora, la création d’un « gouvernement d’union nationale » permettrait de lancer les bases d’une « réconciliation nationale autour des valeurs républicaines« . La plateforme souhaite organiser de nouvelles élections « libres et crédibles« , en commençant par les élections locales ; mais aussi transformer la mission de la Monusco en force d’intervention « à partir de la frontière rwandaise« . Enfin, la plateforme préconise l’obtention d’un « dialogue inter-rwandais en vue d’assurer le rapatriement en toute sécurité des combattants FDLR et d’autres réfugiés rwandais dans leur pays« . Pour ces Congolais, « la réconciliation du peuple rwandais avec lui-même » est « le seul gage d’une cohabitation pacifique et pérenne entre les deux communautés Hutu et Tutsi qui s’entre-tuent« . (L’intégralité des propositions est accessible ici).
Si le projet de création d’un gouvernement d’union nationale n’est pas nouveau depuis les élections contestées de novembre 2011, l’aggravation de la situation à l’Est le rend plus pertinent que jamais. Ce nouveau gouvernement serait une des rares solutions de sortie de crise « par le haut » pour le président Kabila, plus affaibli que jamais. Signe des temps, le M23 affirme être submergé de coups de téléphone d’hommes politiques congolais de tous bords qui chercheraient à se rapprocher de la rébellion, de le cas où les choses tourneraient mal pour Joseph Kabila. Ce n’est visiblement pas le cas de Gaspard-Hubert Lonsi Koko qui considère « ne pas avoir besoin d’eux » et s’étonne des dernières revendications des rebelles en faveur de l’opposant Etienne Tshisekedi : « pourquoi ne pas l’avoir dit juste après les élections ? » s’interroge-t-il. Pour Gaspard-Hubert Lonsi Koko, ces brusques revendications pour la « vérité des urnes » ne seraient que des « distractions pour arriver à Kinshasa » et prendre le pouvoir« .
Christophe RIGAUD – Afrikarabia