Les combats se poursuivent dans l’Est du Congo entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise, malgré un nouveau cessez-le-feu annoncé à Luanda début mars. La faiblesse de son armée oblige Kinshasa à sous-traiter sa sécurité et sa diplomatie.
Comme si de rien n’était. Le sixième accord de cessez-le-feu, censé entrer en vigueur le 7 mars entre le M23 et l’armée congolaise, n’a jamais été respecté. Toute la semaine, les combats se sont poursuivis dans le Masisi, autour de la ville de Sake, dernier verrou d’accès à la capitale provinciale, Goma. Encore une fois, l’armée congolaise et les rebelles du M23 se sont accusés mutuellement d’avoir violé le plan de paix négocié à Luanda. Pourtant, les partenaires régionaux de la communauté d’Afrique de l’Est (EAC), l’Angola dans son rôle de médiateur, et la France qui souhaitait « donner une chance à la paix » selon Emmanuel Macron, avaient tous mouillé la chemise pour tenter de faire aboutir un énième cessez-le-feu. Peine perdue. Le rapport de force, très défavorable à Kinshasa sur le terrain militaire, pousse le M23 à acculer le gouvernement à se mettre à la table des négociations, ce que refuse toujours l’exécutif congolais.
Isoler Goma
L’apathie de la force régionale kényane de l’EAC, qui n’a pas levé le petit doigt pour affronter le M23, a fini par convaincre les rebelles qu’ils pouvaient encore accentuer la pression militaire sur les autorités congolaises en continuant d’avancer sur Goma. Si la prise de la capitale régionale de 2 millions d’habitants par le M23 et son parrain rwandais semble être un objectif diplomatiquement trop risqué, l’encerclement de la ville par l’Ouest et son asphyxie économique pourrait être tout aussi payant. Les rebelles ont en effet contourné la zone de Goma par le Masisi, au Nord, avant de redescendre vers le lac Kivu et la ville stratégique de Sake, qui ouvre la route vers le Minova, Bukavu et le Sud-Kivu. Le non-respect du cessez-le-feu et la poursuite des combats autour de Goma n’est donc pas vraiment une surprise.
Nouvelle promesse de retrait du M23
A Luanda, le 3 mars, outre un cessez-le-feu, qui ne sera jamais appliqué, le président angolais avait réussi faire accepter un plan de retrait des rebelles. Le calendrier, très souple, laisse jusqu’à fin mars au M23 pour libérer ses positions et se retirer vers ses bases, à la frontière ougandaise. Sur ce point, un communiqué du M23 a annoncé ce week-end son intention de se retirer de Karuba, Muremure, Nyamitima, Nkingo, Kagano et Kihuli. Début 2023, déjà, les rebelles avaient annoncé leur retrait de Kibumba et Rumangabo, dans le Nyiragongo. Un départ relatif, puisque très étrangement, ces positions font de nouveau partie des zones à libérer d’ici le 30 mars. La force de l’EAC, qui se renforce bien timidement de Burundais et d’Angolais doit occuper le terrain laissé par le M23, se transformant en une simple force tampon, très contestée par la population locale qui dénonce un risque de « balkanisation » de la région.
Sous-traitances extérieures
Militairement, le M23 reste toujours le maître des horloges, laissant Kinshasa chercher ses soutiens à l’extérieur, sans grand succès pour le moment. Face à l’extrême faiblesse de son armée, les autorités congolaises ont sous-traité leur sécurité à l’EAC, dont le Rwanda (soutien du M23) et l’Ouganda (accusé d’avoir facilité l’accès au sol congolais aux rebelles), font ironiquement partie. Sur le plan diplomatique, c’est également l’EAC qui a la main sur la pacification de l’Est congolais, avec le président angolais Lourenço à la manoeuvre. Pour les sanctions contre le Rwanda, Kinshasa cherche aussi l’appui des Nations unis. Lors de la visite d’Emmanuel Macron en RDC, Félix Tshisekedi a encore renouvelé sa demande de sanctions contre l’agression rwandaise.
« La sortie de ce conflit ne peut être que politique »
La France, comme les Nations unies, dont une délégation du Conseil de sécurité était au Congo jusqu’à ce dimanche, ont rappelé que Kinshasa ne pouvait pas tout attendre de l’extérieur. Emmanuel Macron avait été très direct, en mettant les dirigeants congolais devant leur incapacité à restaurer la souveraineté de leur pays depuis presque 30 ans. D’une manière presque moins diplomatique, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière, a été plus cash : « Ne vous attendez pas que les Nations-Unies règlent les choses de manière magique et instantanée à la place des autorités congolaises ». Et de rappeler, ce qui est une évidence bien peu populaire au Congo : « La sortie de ce conflit ne peut être que politique, et ne peut se faire que par des négociations ».
Tshisekedi prisonnier de l’EAC
Impuissante militairement face au M23, Kinshasa attend donc des solutions de la part de la communauté d’Afrique de l’Est, qu’elle voudrait plus offensive face aux rebelles. Elle attend aussi de fortes sanctions contre Kigali pour obliger le soutien du M23 à sonner la fin de la progression du M23. L’opposant Dellly Sessanga estime que toutes les solutions proposées par Kinshasa ont échoué : état de siège, opérations militaires avec l’Ouganda, ou déploiement de la force de l’EAC. Le candidat à la présidentielle demande « une force internationale adaptée » pour remplacer l’EAC et les casques bleus de la Monusco, cantonnés au rôle de simples spectateurs. Certains experts voudraient voir la RDC s’appuyer sur la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), pourquoi pas soutenue par la France. Il se dit que la Namibie et le Zimbabwe pourraient être susceptibles de s’y impliquer. Un scénario bien trop prématuré, alors que Félix Tshisekedi semble maintenant être complètement prisonnier de son adhésion à l’EAC.
Christophe Rigaud – Afrikarabia
La vérité n’a pas de couleur: on a beau chanter la diplomatie agissante pendant des mois, les faits, eux, sont têtus. Nous voilà en face de notre incapacité militaro-diplomatique. Tshisekedi confond ses voyages touristiques et la diplomatie. Au final, c’est le message qu’on passe qui est important peu importe si on le fait par ambassadeurs interposés ou par des visites présidentielles. Au lieu de continuer de saigner les caisses publiques pour aller en vacances, il est temps que Félix revienne à la raison.
Très bon article.
Mon opinion est que les autorités congolaises n’aiment pas entendre raison: le salut viendra des Congolais eux-mêmes, tout le monde le dit et c’est la vérité mais les Congolais refusent cette vérité.
La RDC a, de son propre chef, adhéré a l’EAC; elle n’est donc pas prisonnière de cette communauté. Elle peut en sortir.
La SADC ne peut intervenir qu’a Condition que le pays (RDC) est attaquée par une entité extérieure (pays ou groupe terroriste). La RDC s’y est appliquée pour qualifier le M23 de « terroriste » ou de « Rwandais » sans convaincre, car c’est contraire de la vérité. Ce sont Congolais d’expression rwandaise.
Par contre, les autorités congolaises commettent une erreur monumentale en voulant intégrer les groupes armées dans le dispositif de défense national, endossant ainsi tous les crimes commis et qui seront commis par ces derniers. Sur le plan légal ( responsabilité command); certaines responsables militaires et civiles peuvent un jour répondre devant la justice.
Il n’y a d’autres choix que de négocier avec le M23. Les pays de la région ont bien compris les causes du probleme congolais et ils veulent le résoudre de manière définitiv: On ne discrimine pas une communauté en raison de ses origines ou morphologie. Des pays comme la France ou même les USA n’ont plus l’influence ni d’emprise sur des questions africaines. Le temps est révolu.
Bien dit Kayijamahe.
La RDC doit comprendre et accepter que le M23 est une rebellion congolaise et non Rwandaise. Elle doit dialoguer avec lui afin qu’une paix soit trouvée. Elle doit cesser de commettre un Genocide des Tutsi, Semer des troubles pour reculer les élections.
Moi je ne crois pas a l’incapacite de l’armee Congolaise ,sauf qu’il ya une tres grande Trahison qui se passe dans l’armee ,Ca demande un simple strategi pour reusure cette guerre a l’est, et qui ne demande meme pas des forces etrangeres ,2 startegie pouvais se fare : 1. changement de tout le militare natif de l’est pour l,ouest et prendre le militaire de louest pour le front ,2 .Augmanter l,effectif de militare au front ,3. Augmenter l,encadrement de militaire au front .effectivement la RDC ne doit pas se contate sur EAC,Monusco,ONU,et la France ,car tous sont de lashe, Tchisekedi doit etre tres vigilant et il doit regreter d’avoir se ralier avec EAC
Tous les observateurs indépendants se rendent compte que l’Armée Congolaise se bat contre quatre armées; l’armée rwandaise, l’armée ougandaise, le groupe armé étranger, le M23 et les mixés et brassés, comprenez les soldats rwandais et ougandais intègrés au sein de l’armée congolaise, la cinquième colonne, suite aux accords de la honte avec l’ex CNDP Laurent Nkundabwatere, tout est un programme.. Oui, je blâme les autorités congolaises, surtout, les zozos du régime passé pour leur complicité avec les régimes ennemis rwandais et ougandais. Pas de délit de faciès en RDC, le peuple congolais est conscient de sa richesse culturelle et est chanceux d’avoir en son sein des Bantous, Pygmées, Soudanais et Nilotiques.
Pas étonnant que Kagame et Museveni continuent d’harceler la RDC, en plus de piller les richesses de mon pays, ils payent rien pour financer leurs guerres d’agression. En effet, les combattants M23 ont tous leurs matricules dans les FARDC. En d’autres mots, les contribuables congolais se trouvent dans une position bizarre, ils financent les gens qui les violent et les tuent.. Tout cela découle du fait que le régime passé avait signé des accords avec le gouvernement rwandais via RCD, CNDP, M23 pour incorporer des sujets rwandais, ougandais et dans une moindre mesure des Burundais dans notre armée nationale. Trahison et complicité de la plus haute autorité de l’Etat de l’époque.