Une centaine d’opposants congolais ont manifesté samedi 2 juin devant le siège de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à Paris contre la tenue du 14ème Sommet de la Francophonie à Kinshasa. L’Apareco qui organisait le sit-in, a demandé à François Hollande « de ne pas se rendre à Kinshasa » et promet des manifestions dans la capitale congolaise pendant le Sommet.
« Kabila dégage ! Ingeta (c’est d’accord) », « Hollande tiens tes promesses ! » tels étaient les slogans scandés ce samedi devant le siège parisien de l’Organisation Internationale de la Francophonie. La manifestation était organisée par l’Apareco, d’Honoré Ngbanda, l’ancien conseiller sécurité de Mobutu et par le Mouvement des Patriotes Résistants Combattants de la diaspora congolaise. Dans la foule, des sympathisants de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, du MLC de Jean-PIerre Bemba ou du RCK.
A moins de 5 mois du 14ème Sommet de la Francophonie de Kinshasa, les manifestants souhaitaient se rappeler au bon souvenir du nouveau président français, François Hollande. Pendant la campagne, le député de Corrèze avait suscité un réel espoir chez les opposants au président congolais Joseph Kabila. François Hollande avait annoncé « une rupture (…) nécessaire par rapport à des usages qui n’ont rien d’acceptable ni de légaux » et estimait que « sur les régimes eux-mêmes, les règles doivent être celles de la démocratie« . Et pour l’opposition congolaise, « la démocratie n’est pas respectée en RDC« .
Après un épisode électoral entaché de nombreuses irrégularités et « peu crédible, suite à des fraudes massives et des cas de violences et d’assassinats« , l’Apareco estime « ne pas comprendre que les mêmes chefs d’États et de gouvernement qui avaient tous boycotter la cérémonie d’investiture de Joseph Kabila le 20 décembre 2011« , participent à ce sommet. Les manifestants ont donc clairement demandé à François Hollande de renoncer à se rendre à Kinshasa afin de ne pas « cautionner » le pouvoir en place qu’ils jugent « illégitime« . Pour l’opposition, c’est en effet le leader de l’UDPS Etienne Tshisekedi (dont le portrait était largement brandi à Paris), qui aurait remporté les élections.
Pour l’instant, Paris et Kinshasa maintiennent les préparatifs du Sommet, prévu en octobre prochain dans la capitale congolaise. L’ambassadeur de France en RDC, Luc Hallade, a même estimé sur RFI « qu’il n’y a pas de mise en cause à ce stade, de quelque participation que ce soit« … d’où la colère des manifestants congolais. « Hollande nous a trahi, nous avons voté pour lui et il va serré la main de Kabila, c’est une honte ! » nous explique un manifestant désabusé, qui ne croit guère au boycott de Hollande.
La conseillère spéciale de président de l’Apareco, Candide Okeke, s’est longuement entretenue avec les conseillers d’Abdou Diouf, le patron de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Et elle prévient : « si rien n’est fait, les 12, 13 et 14 octobre, nous manifesteront dans les rues de Kinshasa. La dernière fois que la population est sortie dans la rue, elle a été accueillie par des chars. On verra bien ce que fera Kabila« . Reste à savoir si l’UDPS, le principal parti d’opposition à Kinshasa, appellera les Kinois à descendre dans la rue.
Christophe RIGAUD
Regardez les interviews accordées à Afrikarabia par Rolain Ména, président Europe de l’Apareco et Candide Okeke, directrice de cabinet du président de l’Apareco.
RDC : Manifestation contre le Sommet de la… por ChristopheRigaud