Dans un discours très attendu au Congrès, Joseph Kabila ne s’est toujours pas prononcé sur son avenir politique à cinq mois de la présidentielle. Le président congolais continue de jouer à cache cache avec l’opinion.
« Pourquoi est-ce que je sens une petite tension dans la salle ? » a questionné ironiquement Joseph Kabila en préambule à son discours à la Nation face aux députés et sénateurs congolais réunis au Palais du peuple. Il faut dire que le Congrès était tout ouïe pour écouter ce qui devait être un discours crucial du chef de l’Etat, alors que le pays est plongé dans une grave crise politique.
Il y a une semaine, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait même indiqué que le président Joseph Kabila allait annoncer une série des « décisions importantes » pour justifier le report de sa visite en RDC. Le patron des Nations unies en sera pour ses frais puisque le président congolais n’a rien dit sur avenir politique.
A chaque fois, Kabila botte en touche
Cela fait maintenant plusieurs années que Joseph Kabila a plusieurs fois par an l’occasion de couper court aux rumeurs qui l’accusent de vouloir briguer une troisième mandat alors que la Constitution lui interdit. Au lieu de répondre clairement à la question que tout le monde attend : « va-t-il renoncer à se présenter ? », le chef de l’Etat botte à chaque fois en touche en répondant par une simple formule : « je respecterai la Constitution ».
Trois fois, quatre fois, dix fois, onze fois, le président a continué à jouer au chat et à la souris en ne répondant jamais à la question. Le problème, c’est qu’à mesure que le temps passe, la crise politique enfle en République démocratique du Congo (RDC). Une crise qui dérape très souvent dans une répression aveugle des manifestations et dans le musellement des opposants et de leurs médias.
Un long bilan flatteur
Ce jeudi, à quelques semaines de la clôture des candidatures pour la présidentielle et à cinq mois des élections, le président congolais a tenu un long discours assez surréaliste dans le Congrès. Pendant cinquante minutes, Joseph Kabila a dressé, comme toujours, un bilan très flatteur de ses 17 années passées au pouvoir : réunification du pays, retour de la croissance, situation sécuritaire « maîtrisée » dans les zones de conflits… un long inventaire à la Prévert qui colle pourtant mal avec une situation humanitaire catastrophique.
Une centaine de groupes armés sévissent encore à l’Est du pays et le conflit dans les Kasaï porte aujourd’hui à 4,5 millions le nombre de déplacés internes au Congo. Un triste record qui ne semble pas vraiment affecter le président Kabila qui a fustigé dans son discours « ceux qui préfèrent voir ce qui reste à faire, plutôt que ce qui a été fait ». Quand au « décollage de l’Etat » sur le plan économique, rappelons juste que le budget de la RDC s’élève à peine à 5 milliards de dollars, soit le budget de la ville de Paris, pour un pays-continent… de 80 millions d’habitants !
Le sort de Kabila connu avant le 8 août
Censé rassurer l’opinion nationale et la communauté internationale sur sa volonté de respecter l’Accord du 31 décembre et la Constitution, et à s’engager à céder son fauteuil après les élections du 23 décembre prochain, Joseph Kabila est plutôt passé à l’offensive sur le plan diplomatique. « La RD Congo n’a jamais donné de leçons à personne et n’est nullement disposée à en recevoir, surtout pas de la part de ceux qui ont assassiné la démocratie dans ce pays… » a prévenu le chef de l’Etat. Les mots choisis dans ce discours en forme d’auto-satisfecit plaident pour ceux qui pensent que le président congolais n’a pas encore décidé de raccrocher les gants et de laisser sa place.
Joseph Kabila s’est d’ailleurs façonné une nouvelle super plateforme politique sur mesure, le Front Commun pour le Congo (FCC), qu’il dirige et qui est censée défendre son bilan. Le président a également tout fait pour verrouillé la Cour constitutionnelle et la Commission électorale (CENI) en cas de litige pré ou post-électoral. Ce qui fait dire à l’opposition qu’une candidature Kabila pourrait finalement être autorisée par la Cour constitutionnelle après avoir été rétorquée par la CENI. Même l’armée a été réorganisée ces derniers jours. Ses généraux les plus loyaux ont été gratifiés, au cas où le scrutin tournerait mal.
Joseph Kabila a encore manqué une rendez-vous pour se déterminer clairement sur son avenir politique et laisser la place à une alternance politique pacifique. Il est encore temps pour le président congolais de sortir par la grande porte. Mais pour le savoir les Congolais devront encore patienter encore quelques semaines, puisque le la clôture des candidatures pour la présidentielle est fixée au 8 août prochain, et la liste des candidats sera enfin connu… ainsi que le sort de Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia
Dans la caboche de Kabila, il va rempiler pour un second mandat p8sq la révision de 2011 ramenant les 2 tours à 1 à remis les compteurs à zéro
ce malhereux qui seme le vent recolte la tempete