Rien ne va plus entre la coalition du président Félix Tshisekedi et celle de Joseph Kabila. Aucun accord n’a été trouvé pour la composition du gouvernement et les partisans des deux camps en viennent aux mains dans la rue, sur fond de blocage institutionnel.
En moins d’une semaine, la République démocratique du Congo (RDC) a renoué avec ses vieux démons, pour replonger dans une crise politique profonde après la victoire controversée de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2018. Ce week-end, l’Assemblée nationale a clôturé sa session ordinaire sans avoir investi le nouveau gouvernement. Les négociations sont au point mort pour former le nouvel exécutif et les tensions se sont exacerbées ces derniers jours entre le FCC de Joseph Kabila et CACH du nouveau président Félix Tshisekedi.
Des nominations qui ne passent pas
Le bras de fer permanent entre ces alliés que tout oppose a récemment viré à l’affrontement. La semaine dernière, le débat sur la reconduite du très pro-Kabila, Albert Yuma, à la tête de la Gécamines, a fait grincé des dents à l’UDPS et dans l’opposition. Le sulfureux président du géant minier est en effet accusé de détournements de fonds par de nombreuses ONG internationales. Le propre porte-parole du président Tshisekedi s’est même étonné que le Gécamines ne payait que 20 millions de dollars d’impôts par an. « Où va l’argent ? » s’est interrogé Kasango Mwema Yamba Yamba sur Twitter.
Une autre nomination présidentielle a fait polémique, celle de Gabriel Kyungu, 80 ans, et proche de Moïse Katumbi, aux chemins de fer congolais (SNCC). Mais cette fois, ce sont les députés du FCC qui sont montés au créneau dans l’hémicycle, remettant en cause la régularité des ordonnances de Félix Tshisekedi. Une tension qui est rapidement descendue dans les rues, avec des manifestations de combattants de l’UDPS, devant l’Assemblée nationale, accusant les députés FCC « d’outrages au chef de l’Etat ». Plusieurs permanences de partis membres du FCC ont été attaqués et incendiés, provoquant des échauffourées entre pro-Kabila et pro-Tshisekedi dans les rues.
Une Assemblée nationale monocolore ?
La crise politique a continué de s’aggraver en fin de semaine dernière avec l’invalidation par la Cour constitutionnelle de 23 parlementaires de Lamuka… au profit du FCC de Joseph Kabila. Des invalidations qui ont permis a d’anciens ministres et d’ex-gouverneurs de la coalition de Joseph Kabila d’intégrer le parlement. L’examen des contentieux électoraux par la Cour constitutionnelle a donc porté le nombre d’élus du FCC de 345 à 368, permettant à l’ancien président Kabila d’obtenir une majorité écrasante (sur 500 députés), et d’être en mesure d’entamer une procédure de destitution du chef de l’Etat, ou d’une révision la Constitution au Congrès. Si la Cour constitutionnelle a promis d’examiner les recours des parlementaires retoqués, ces invalidations sonnent bien comme un coup de semonce du FCC à destination de Félix Tshisekedi.
Ingouvernable Congo ?
Six mois après la victoire de Félix Tshisekedi à la présidentielle, on semble arriver au bout d’un système qui touche ses limites. En lutte permanente avec Joseph Kabila pour sous-tirer une once de pouvoir, Félix Tshisekedi reste bel et bien prisonnier de son accord de partage du pouvoir, qui lui est nettement défavorable. Joseph Kabila conserve les pleins pouvoirs à l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les Assemblées provinciales et garde également la haute-main sur l’appareil sécuritaire et sur l’argent de l’Etat. Les récentes nominations et reconduites au sein de l’armée congolaise et à la tête de la Gécamines en sont les preuves.
Le risque de blocage institutionnel plane donc au dessus de la République du Congo. Un risque dangereux puisqu’il pourrait mener, soit à une destitution de Félix Tshisekedi, soit à une dissolution de l’Assemblée nationale par l’actuel président pour tenter de récupérer des marges de manoeuvres qui lui manquent cruellement pour appliquer sa politique. Mais dans les deux cas, ce sont la Cour constitutionnelle et la Commission électorale (CENI) qui seront mises à contribution… deux institutions largement acquises à l’ancien président Kabila.
Il y a donc bien peu de chance que la Cour constitutionnelle refuse une demande de destitution de Félix Tshisekedi présentée par le FCC, et peu de chance que la CENI organise de nouvelles élections législatives crédibles, qui soient favorables à Félix Tshisekedi. L’opposant et avocat Firmin Yangambi résume assez bien l’impasse dans laquelle se retrouve la RDC : « Mainmise de Kabila sur le pays, la faute à Tshisekedi et son deal de malheur. Les gouvernements étrangers qui s’activent à soutenir ce dernier commettent une faute contre le peuple congolais ». Et de prévenir : « Dégager Tshisekedi pour dégager son maître. Il y a péril ».
Christophe Rigaud – Afrikarabia
La guerre froide entre Félix Tshisekedi et Kabila est sur le point de devenir une guerre bien chaude.
Un peu comme les USA et l’URSS tous détenteur d’armes nucléaires. Celui qui aura l’avantage de frappé le premier aurra des bonnes chances de l’emporter. Félix Tshisekedi doit dissoudre toute les institutions acquise au Fcc avant ces dernières lui dissoude en premier, avec le risque d’un bain de sang qui pourrait emporter l’un comme l’autre ou carrément les deux. Que Dieu nous viennent en aide. Merci